eJournals lendemains 37/145

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2012
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Troisième vague féministe américaine et jeune féminisme français: une introduction comparative

2012
Michèle A. Schaal
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12: 06: 04 102 Arts & Lettres Michèle A. Schaal Troisième vague féministe américaine et jeune féminisme français: une introduction comparative En France comme aux Etats-Unis, les années 90 marquent une redynamisation du discours et de l’activité féministes. A partir de cette décennie émergent de nombreux ouvrages sur le sujet, de même que plusieurs associations de jeunes militant.e.s se créent. Les spécialistes du féminisme s’interrogeront sans doute, et à juste titre, sur la réelle nouveauté des questions abordées par la troisième vague féministe américaine et le „jeune féminisme“ français. Notre étude ne cherchera pas à démontrer si cette mouvance actuelle répète, ou réarticule, des idées débattues par le passé. Elle se propose plutôt d’établir les grandes lignes de cette production théorético-littéraire. Pourquoi privilégier une analyse du féminisme contemporain en France et aux Etats-Unis? Les raisons s’avèrent multiples: tout d’abord, ce nouveau féminisme américain a su rapidement acquérir une visibilité médiatique, tout comme il est devenu un champ d’investigation dans les cours de Women’s ou Gender Studies. D’autre part, la récente création de centres de recherches ou de départements d’études du genre dans les universités françaises, semble profondément influencée par les théories féministes américaines des années 80-90. Plusieurs jeunes chercheur.e.s et féministes français.es emploient désormais les concepts de genre (en tant qu’équivalent de „gender“), de performance, 1 de queer, 2 ou d’intersectionnalité des différences et des discriminations, comme catégories d’analyses. 3 Afin de refléter la volonté de multiplicité des perspectives, et des voix, de ces féminismes états-uniens et français, nous consacrerons notre étude aux ouvrages collectifs de cette vague. Dans une première partie, nous discuterons de la troisième vague américaine: après une brève situation sociohistorique, nous présenterons les anthologies les plus significatives publiées sur et par cette nouvelle génération, puis nous en esquisserons les théories principales. Ensuite, nous aborderons le jeune féminisme français, sa contextualisation dans la société et l’histoire de France, les ouvrages publiés sur cette nouvelle manifestation ainsi que ses propositions théoriques. Troisième vague féministe américaine Situation socio-historique L’on ne peut établir avec certitude une chronologie de ce mouvement. 4 Les spécialistes situent son avènement dans les années 80, lorsque les féministes afro-américaines et chicanas 5 remettent en question la volonté d’universalité de la deuxième vague des années 60-70. Pourtant, le terme de troisième vague n’est 103 Arts & Lettres revendiqué qu’au début des années 90. 6 Cette redynamisation, et (ré)accaparation, du mouvement par une nouvelle génération intervient dans un contexte politique et culturel contradictoire. D’une part, le féminisme a changé les institutions, et les femmes peuvent désormais évoluer quasi égalitairement dans les sphères politiques, économiques, académiques, sociales et culturelles. Cependant, les années 80 et 90 font également l’objet d’un retour de bâton (backlash) politique et culturel envers le féminisme, particulièrement relayé par la presse populaire. Ce climat paradoxal se reflète également au sein des écrits produits par la nouvelle vague de féministes états-uniennes, tiraillées entre contradictions, obstacles et victoires remportées par les femmes au passé comme au présent. Entre autres, les jeunes femmes de la troisième vague revendiquent une diversité, ambigüité et polyphonie identitaire qui s’inspire fortement de la critique de la deuxième vague par les „féministes de couleur“. Elles souhaitent désormais mieux refléter la multiplicité des femmes et féminismes, tout comme la notion d’intersectionnalité. Evidemment, lister ou discuter l’ensemble des ouvrages de la troisième vague relèverait d’une étude particulière. En conséquence, nous nous consacrerons aux anthologies les plus représentatives et plébiscitées: To Be Real: Telling the Truth and Changing the Face of Feminism, 7 Listen Up! Voices From the Next Feminist Generation, 8 Third Wave Agenda: Being Feminist, Doing Feminism, 9 Catching a Wave: Reclaiming Feminism for the 21st Century, 10 et Third Wave Feminism: a Critical Exploration. 11 De même, il nous faut également distinguer deux vagues au sein de ces publications: les deux premières anthologies souhaitent se distancier d’un discours féministe universitaire et ainsi privilégient les contributions de femmes de tous horizons. A l’inverse, les trois derniers ouvrages affirment ouvertement leur appartenance au monde académique et proposent une approche plus critique du mouvement. Note sur le post-féminisme Avant de présenter les ouvrages de la troisième vague américaine, il nous faut en premier lieu distinguer celle-ci du post-féminisme. Bien que similaires par certains aspects et revendications, ces termes témoignent cependant de positions particulières. Le post-féminisme prétend que la deuxième vague féministe a atteint ses objectifs et, ainsi, que le féminisme, dans les années 80-90, empêche l’avènement total des femmes car il les encadre encore dans une perspective victimaire. Plusieurs auteures post-féministes prônent alors une véritable prise de pouvoir (empowerment) des femmes tant aux plans politique, économique, culturel, que sexuel. 12 La troisième vague, à l’inverse, reconnaît les changements que le féminisme a engendrés mais constate que certaines inégalités persistent. Toutefois, selon les auteures de la troisième vague, les post-féministes ont bénéficié d’une couverture médiatique bien supérieure à elles en raison de leur antiféminisme. 13 104 Arts & Lettres Les anthologies populaires To Be Real, édité par Rebecca Walker, regroupe vingt contributions, ainsi qu’une préface par Gloria Steinem et une postface par Angela Davis. 14 Afin de refléter le caractère éclectique et polyphonique des nouvelles féministes, la majorité des participant.e.s n’appartient pas au monde académique. Toutefois, l’anthologie témoigne des principales revendications et théories du mouvement. Elle démontre cette volonté de continuité du combat féministe en préconisant, cependant, une certaine rupture avec la deuxième vague. Les jeunes femmes rejettent le féminisme „traditionnel“ si ce dernier incarne une expression exclusivement universitaire, bourgeoise, ou s’il devient un dogme militantiste. De par leur insistance sur les frontières floues entre diverses possibilités identitaires, sur la multiplicité de ces dernières ainsi que sur le jonglage qu’elles entraînent, la troisième vague semble dans une constante négociation des contradictions plutôt que dans l’affirmation d’une unité universelle. 15 Rédigés à la première personne, sur le mode dit confessionnel, les essais de To Be Real plaident pour un féminisme plus individualisé. Ceci témoigne également, d’une part, de la revendication d’autoréflexion du mouvement et, d’autre part, du refus d’attribuer l’autorité à une voix en particulier. De même, l’insistance placée par ces jeunes féministes sur l’intersectionnalité met en relief la participation (in)volontaire de certain.e.s à diverses formes d’oppression raciales, sociales, ou sexuelles. Considéré comme un témoignage essentiel des principes et revendications de la troisième vague, le livre est devenu, aux Etats-Unis, la référence historique, culturelle et critique dans les cours de Gender Studies. La coordinatrice de Listen Up! , Barbara Findlen, confie également la plume, et toujours sur le mode confessionnel, à des intervenantes non-universitaires, en majorité des écrivaines ou journalistes. L’ouvrage s’avère relativement similaire quant aux revendications et thématiques abordées dans To Be Real. Cependant cette anthologie prend un parti beaucoup plus littéraire. Il aborde, entre autres, l’enfance (in)égalitaire; la venue au féminisme; la multiplicité identitaire; la propagande culturelle anti-féministe; la division qualitative effectuée entre le féminisme académique et activiste; la (problématique) transmission de l’histoire du mouvement; l’(im)possibilité d’un féminisme transnational et universel; l’importance de l’écriture témoignage pour le mouvement; ainsi que les aspects toujours discutables de la condition féminine. Listen Up! privilégie aussi explicitement la prise de parole des personnes historiquement et culturellement „invisibles“ ou „inaudibles“, tels les Asioou Latino-Américain.e.s. 16 Les ouvrages universitaires ou hybrides A l’opposé de Walker et Findlen, 17 les coordinatrices des trois anthologies suivantes exercent toutes le métier de professeures en université, tout comme leurs contributeurs/ rices proviennent quasi-exclusivement du monde académique. Third Wave Agenda de Leslie Heywood et Jennifer Drake demeure le premier ouvrage qui désire aborder la troisième vague, ses théories et ses pratiques, de manière critique. Cependant, les éditrices ont instruit leurs auteur.e.s de composer leurs 105 Arts & Lettres essais de manière hybride, ils doivent être à la fois analytiques et personnels. Le livre reflète les préoccupations déjà abordées dans To Be Real et Listen Up! Néanmoins, il insiste davantage sur la situation socio-historique spécifique à la troisième vague; sur l’importance de la culture populaire pour transmettre le message féministe; et sur le besoin de diffuser plus largement l’histoire du mouvement. Les coordinatrices de Third Wave Agenda débattent également de la différence fondamentale entre la troisième vague et le post-féminisme, et accentuent la dimension polysémique du plaisir, chère aux jeunes féministes. Bien que les auteur.e.s du recueil désirent ouvrir un dialogue intergénérationnel, elles considèrent cependant le mouvement comme représentant une génération particulière, la „generation X“ 18 ou „post baby-boom“, qui affronte une réalité économique particulière, marquée par le néo-libéralisme et la mondialisation. 19 Catching a Wave de Rory Dicker et Alison Piepmeier considère l’extension du mouvement au XXI e siècle, ainsi que les défis féministes à relever au cours du nouveau millénaire. Les éditrices tiennent à se distancier quelque peu de l’approche trop personnelle, ou individuelle, des ouvrages précédents et souhaitent ainsi établir une anthologie basée sur la technique de conscientisation (consciousness raising), 20 en l’unissant cependant davantage à l’action politique. 21 En réalité, beaucoup d’essais dans les anthologies réunies par Walker et Findlen évoquent déjà leur participation à divers mouvements ou actions collectives féministes. Toutefois, Dicker et Piepmeirer veulent populariser davantage cet aspect, en partie pour répondre aux accusations d’apathie politique lancées envers la troisième vague, jugée souvent trop individualiste. Catching a Wave reprend, lui aussi, les principaux arguments cités auparavant. Il explore également l’image médiatique et littéraire paradoxale des femmes; la manière dont les jeunes femmes s’approprient à la fois le terme et le mouvement; enfin il dresse le portrait de l’activisme actuel, aussi diversifié qu’il soit. Cet ouvrage favorise la communication intergénérationnelle afin d’éviter deux formes de stigmatisation médiatiques du féminisme: celle de la deuxième vague comme dépassée et réactionnaire; mais également celle de la troisième comme une simple rébellion, dépolitisée, des „filles“ contre leurs „mères“ féministes. De même, il témoigne de la volonté de situer le retour de bâton, ou le manque de popularité du féminisme, dans le contexte de la mondialisation. Il insiste également, plus qu’aucun autre ouvrage, sur l’influence pernicieuse, et mensongère, des médias, tant populaires que „sérieux“. Third Wave Feminism, dirigé par Stacy Gillis, Gillian Howie et Rebecca Munford reste à ce jour la référence critique la plus traditionnellement universitaire. Bien que discutant principalement des Etats-Unis, elle offre aussi des analyses sur les diverses manifestations internationales de ce féminisme contemporain. Le livre reprend, à nouveau, plusieurs concepts des ouvrages précédents. Il propose également une historiographie de la pensée féministe académique, ainsi qu’une étude critique du „féminisme de culture populaire“. L’ouvrage contient aussi deux entretiens avec Luce Irigaray et Elaine Showalter 22 pour, à l’instar de Catching a Wave, établir une discussion intergénérationnelle avec des féministes dites de la 106 Arts & Lettres deuxième vague. Cet ouvrage collectif privilégie également une interrogation critique des possibilités et limites de la troisième vague. 23 Parmi les reproches évoqués, nous recensons les questions suivantes: la métaphore de la vague, est-elle vraiment applicable de manière internationale? Si la catégorie universelle de „Femme“ est déconstruite, comment se regrouper pour lutter? La participation à la culture populaire de manière subversive est-elle efficace? La troisième vague, malgré sa volonté d’ouverture, ne demeurerait-elle encore qu’un phénomène „blanc“ ou occidental? L’anthologie dénonce également l’emploi du mode confessionnel, ou témoignage personnel, comme dépolitisé. D’ailleurs les contributions rejettent ce style jugé individualiste, d’où le leitmotiv qui parcourt l’ouvrage: il faut davantage (re)politiser la troisième vague à la fois dans ses théories et ses pratiques. 24 Théories et revendications Nous avons d’ores et déjà esquissé quelques-unes des principales idées articulées par les féministes américaines contemporaines. Evidemment, évoquer l’intégralité de leur(s) réflexion(s) se révèle impossible ici, ainsi nous focaliseronsnous sur les thèmes essentiels déployés dans ces recueils. Isoler les diverses pensées exprimées s’avère également laborieux, car les postulats et affirmations de ces jeunes femmes se répondent de manière à la fois complémentaire et paradoxale. En premier lieu, toutes ne revendiquent pas l’épithète de féministe, voire le rejette complètement. Ensuite, la multiplicité, l’hybridité et la polyphonie identitaires revendiquées incarnent le leitmotiv de cette nouvelle génération. Jugeant le concept de „Femme“, articulé par la deuxième vague, trop limité, les féministes contemporaines insistent sur l’importance de la diversité et de l’intersectionnalité des différences, qu’elles soient raciales, religieuses, culturelles, ou sexuelles. En conséquence, et fortement influencées également par le postmodernisme, elles rejettent l’universalisme, ou l’essentialisme, et refusent toutes formes de dichotomies qualitatives pour leur individualité. 25 La majorité des articles relate alors cette impression de contradiction, de conflits d’intérêts, de difficulté de réconciliations des contraires, que suscite cette multiplicité. Néanmoins, ces discussions célèbrent simultanément cette hybridité. La volonté d’exprimer une pluralité identitaire et de perspectives féministes, représente également un moyen de combattre le phénomène de la „personne alibi” (tokenism). Selon la troisième vague, les mouvements féministes ont trop souvent intégré des femmes de minorité, raciales ou sexuelles, sans pour autant leur attribuer une véritable place, ou voix, au sein de ces organisations. 26 Voilà pourquoi les jeunes féministes privilégient une politique de coalition des féminismes et non une communauté unique, comme l’expriment Heywood et Drake dans Third Wave Agenda: „what third wave feminists seek and find […] [are] languages 107 Arts & Lettres and images that account for multiplicity and difference, that negotiate contradiction in affirmative ways, and that give voice to a politics of hybridity and coalition.“ 27 Un autre aspect essentiel de la troisième vague réside dans sa conception polysémique du plaisir, où se reflètent encore les contradictions et paradoxes propres au mouvement. Cette notion recouvre en effet des domaines hétéroclites. Naturellement, l’insistance placée sur le plaisir apparaît majoritairement dans les discussions sur la sexualité et la corporalité. 28 Les jeunes féministes prônent une expérimentation sexuelle sans interdits, même s’il s’agit d’explorer un plaisir dit réactionnaire car empreint d’un désir essentiellement patriarcalisé. 29 Elles affirment également la réarticulation, voire réhabilitation, de domaines problématiques tels que la prostitution et la pornographie, 30 ce qui leur a valu le surnom de féministes „prosexe“. 31 Pourtant, les essais sur la sexualité abordent également d’autres phénomènes encore tabous ou controversés tels que la transsexualité, le transgenre et le viol. 32 L’ambiguïté de ces réflexions réside aussi dans la juxtaposition de revendications hédonistes, de réappropriation du désir féminin et de la reconnaissance de la persistance de certaines pratiques sexistes au sein de la sexualité féminine même. 33 Des tensions similaires se retrouvent dans les réflexions sur le corps, surtout lorsque ce dernier s’inscrit dans une perspective de performance du genre. Certaines expriment le plaisir éprouvé lors d’une théâtralité de la féminité conventionnelle, 34 souvent qualifiée d’„ironique“ car elle joue sur les stéréotypes genrés tout en tenant un discours féministe. À l’inverse, d’autres jeunes femmes refusent toutes formes de féminité corporelle apparente, voire embrassent plutôt une performance de la masculinité. 35 Tout comme pour la sexualité, d’autres essais témoignent aussi des nombreux tabous qui affectent encore spécifiquement la corporalité des femmes: la tyrannie de la minceur, la stigmatisation de l’obésité, ou des problèmes de santé particuliers. 36 La notion de plaisir se trouve également déployée dans la participation et récupération de la culture populaire. La troisième vague états-unienne a compris l’immense importance de la représentation médiatique et du pouvoir de l’image. Pour les jeunes féministes, une repopularisation du féminisme doit impérativement passer par une visibilité journalistique et télévisuelle, même si ambiguë. Bien que les médias aient principalement présenté le féminisme comme un mouvement austère, misandrique et dépassé, 37 la culture populaire a su engendrer des personnages féminins forts ou féministes dans les années 90. 38 Les spécialistes remarquent toutefois que ceux-ci peuvent simultanément délivrer un message réactionnaire quant aux sexes. 39 D’autres domaines culturels ont également porté ou diffusé le message féministe contemporain. Le mouvement punk Riot Grrrl a contribué à la visibilité de la troisième vague en produisant des disques indépendants, mais également en organisant divers ateliers et activités pro-femmes lors de leurs concerts. 40 De même, certain.e.s auteur.e.s voient dans le Hip-Hop une autre possibilité d’expression féministe sans, toutefois, en nier les aspects problématiques, comme par exemple l’objectification du corps féminin noir. 41 108 Arts & Lettres L’investissement de la culture populaire représente, pour ces jeunes féministes un lieu parmi d’autres pour le militantisme. L’activisme de la troisième vague prend donc, lui aussi, une tournure plurielle, diversifiée et contradictoire. 42 Plutôt que de se regrouper dans un mouvement plus global et unifié, comme dans les années 60-70, 43 les jeunes féministes privilégient les coalitions temporaires et les microinterventions. La lutte s’inscrit ainsi dans des domaines aussi variés que l’art 44 et les nouvelles technologies comme Internet. Pour la troisième vague, cet outil a révolutionné la propagation, entre autres, du message féministe et a donné naissance au cyberféminisme car Internet permet une liberté genrée plus grande. 45 Cependant, l’activisme peut encore revêtir des formes plus traditionnelles de protestation comme les manifestations pro-avortement ou les organisations estudiantines par exemple. 46 Favoriser divers modes de contestations et de diffusion de messages féministes provient également du refus que le féminisme ne devienne un dogme militantiste 47 ou ne soit possible qu’au sein de certains mouvements spécifiques, héritiers de la deuxième vague. Les jeunes femmes militent désormais, en tant que féministes, dans des associations pour les droits des êtres humains, combattent les injustices sociales et globales, ou dénoncent les diverses formes de précarité contemporaine. 48 Une dimension plus mondiale est envisagée et les anthologies plus récentes proposent des présentations, ou introductions, aux manifestations féministes actuelles dans le monde. 49 Ces anthologies révèlent aussi que les Women’s Studies ont su s’implanter, et s’officialiser, dans le système universitaire américain. Toutefois, pour la troisième vague, cette sécularisation académique a entraîné un embourgeoisement du féminisme et une distanciation du militantisme. Les jeunes féministes prônent alors un retour à cet activisme „de rue“ en tentant de fournir des théories plus abordables au grand public, notamment via l’emploi de la narration confessionnelle. Pour elles, le féminisme ne doit pas devenir seulement une pratique universitaire car ceci engendre une désolidarisation du mouvement des „autres“ femmes. Pourtant, de manière contradictoire, certaines encouragent également une participation plus individualiste à cet activisme, notamment au niveau de la consommation. Les années 90 voient effectivement la naissance de deux magazines féminins féministes, Bust et Bitch, dont le premier a été régulièrement accusé d’encourager un féminisme purement commercial, donc dépolitisé. 50 Les critiques adressées à la deuxième vague par la troisième a, hélas, souvent encadré le féminisme contemporain dans un conflit essentiellement générationnel. Dans certains cas précis, les jeunes féministes se revendiquent en réelle opposition de leurs prédécesseur.e.s. Findlen affirme que les jeunes femmes des années 1990/ 2000 doivent se confronter à des situations inédites: épidémie du SIDA, familles recomposées, nouvelles technologies, etc. Elle reconnaît néanmoins la nécessité de poursuivre le mouvement dans la société contemporaine. 51 Celui-ci doit alors s’adapter aux nouveaux problèmes que rencontrent les femmes et, à l’instar de Walker, Heywood et Drake, elle souligne les interconnections contradictoires avec lesquelles les jeunes femmes doivent actuellement jongler. Malgré tout, nom- 109 Arts & Lettres bre de jeunes féministes souhaitent établir un dialogue (souvent difficile) avec la génération précédente et proposent plusieurs interventions à deux voix. 52 Limiter le féminisme actuel à une rébellion générationnelle pourrait non seulement discréditer son message, mais également l’enfermer dans une perspective patriarcale de rivalité mère/ fille. 53 En guise de conclusion, nous souhaitons évoquer quelques critiques émises envers la troisième vague, parfois par le mouvement lui-même. 54 En raison de sa focalisation sur la multiplicité, le plaisir et la culture populaire, il s’est vu dénoncé comme un féminisme individualiste, hédoniste, apathique, voire de consommation. Malgré l’importance des Women’s Studies, ce nouveau féminisme démontre le problème de la transmission de l’histoire du féminisme car certain.e.s possèdent une vision très étroite, sinon erronée, de la deuxième vague. 55 Depuis les années 2000, l’idée que le féminisme contemporain est devenu un autre mode de consommation, se propage et considère la troisième vague comme apolitique ou, du moins, dépolitisée. 56 „Acheter féministe“ ne suffit pas, il faut un réel engagement politique. De même, le cyberféminisme ne revêt pas cette dimension de libération attendue, car plutôt que d’atténuer les différences de genre ou sexuelles, ces dernières sont exacerbées en ligne. 57 Et que dire de la multiplication des catégories, n’est-ce pas toujours se référer à une dichotomie de base? De même, les anthologies qui proposent des échanges ou des interventions de féministes de la deuxième vague soulignent que bon nombre de questions avaient déjà été abordées, différemment parfois, dans les années 60-70. 58 Ces dialogues entre vagues révèlent également le sentiment de profonde injustice que ressentent les féministes de la deuxième lorsque qu’elles se retrouvent confrontées à certaines accusations d’embourgeoisement ou de conservatisme sexuel. Enfin, la performance de la féminité se voit elle aussi remise en question: même ironique, elle peut s’avérer une arme à double tranchant car, au final, ce ludisme ne détruit guère la dichotomie qualitative à la base des inégalités sexuelles et genrées. Jeune féminisme français Situation socio-historique En 1995, la France rencontre une effervescence féministe similaire. Cette „vague“, plus largement sociale, s’inscrit à la fois dans un contexte national et international. La même année se déroule la quatrième Conférence mondiale sur les femmes à Pékin, et la France connaît diverses manifestations sociales, dont une marche des femmes. Ces dernières militent contre, entre autres, la précarisation de la société française qui affecte surtout celles-ci (l’imposition du travail à temps partiel par exemple), la montée de l’extrême droite et la remise en question du droit à l’avortement. 1995 marque en effet le vingtième anniversaire de la loi Simone Veil, d’où les nombreuses discussions politiques et médiatiques relatives à son succès ou à son échec. L’ébullition politique et militante féministe donne naissance, à par- 110 Arts & Lettres tir de cette décennie, à diverses autres manifestations ou associations. Par exemple, les 15 et 16 mars 1997 se tiennent les Assises nationales pour les droits des femmes, organisées à l’initiative du Collectif national pour les droits des femmes; ou encore, du 9 au10 mars 2002, le Forum-débat national „De nouveaux défis pour le féminisme“ aborde les „nouveaux“ sujets tels que les effets de la mondialisation ou la bioéthique. De plus, divers événements suscitent de vives réactions, fréquemment paradoxales, au sein du féminisme, la société et la politique françaises, notamment le port (ou non) du voile islamique dans les établissements scolaires publics divise les féministes et la gent politique. 59 Tout comme aux Etats-Unis, les années 90 marquent plusieurs avancées pour les femmes et les combats féministes. Par exemple, Edith Cresson devient la première femme Premier Ministre sous François Mitterrand en 1991; 1992 voit l’émergence d’une loi contre la violence conjugale, 60 ainsi que la pénalisation du harcèlement sexuel au travail; le PACS 61 et la loi sur la parité 62 sont votés respectivement en 1999 et 2000. Le jeune féminisme français s’exprime aussi rapidement au travers de nombreuses associations et organisations 63 comme, entre autres, Mix-Cité (1997), les Chiennes de Garde (1999), Ni Putes Ni Soumises (2003), Osez le féminisme (2009), la Société Internationale pour l’Etude des Femmes de l’Ancien Régime (SIEFAR, 2000) ou encore EFIGIES (2003) regroupant de jeunes chercheur.e.s en „Etudes Féministes, Genre et Sexualités“. Pourtant, les centres de recherches ou départements ouvertement consacrés aux études du genre ne se popularisent qu’actuellement. 64 Ce développement récent s’explique sans doute, d’une part, par l’institutionnalisation problématique du féminisme en France 65 et, d’autre part, par la traduction tardive de certaines œuvres majeures des Gender Studies, à l’image de Gender Trouble de Judith Butler disponible en français quinze ans après sa publication en Amérique. 66 Afin de respecter encore la multiplicité des perspectives revendiquées par les féministes contemporaines, nous discuterons uniquement des ouvrages collectifs. Pour la France, nous aborderons Féministes, féminismes. Nouvelle donne, nouveaux défis, 67 les Féminismes en questions. Eléments pour une cartographie, 68 les numéros des Cahiers du genre consacrés aux „Féminisme(s): Penser la pluralité“ 69 et aux „Féminism(e)s: Recompositions et mutations“, 70 14 Femmes pour un féminisme pragmatique, 71 et le dossier spécial „Le Féminisme en 2010“ de la Nouvelle Revue Française. 72 Les ouvrages français 73 Soulignons qu’à l’exception de 14 femmes et du dossier „Le Féminisme en 2010“, 74 les ouvrages francophones proposent d’emblée une discussion intergénérationnelle des nouveaux problèmes et théories féministes, tout comme celles-ci demeurent, à notre connaissance, majoritairement universitaires ou dans un cadre artistico-intellectuel particulier. Féministes, féminismes rend compte du débat „Féminisme; la nouvelle donne“ organisé le 2 mars 2004 par Espaces Marx, une association créé „à l’initiative du Parti communiste dans les suites du mouve- 111 Arts & Lettres ment social de 1995.“ 75 A l’instar des ouvrages anglophones, les éditrices Lillian Halls-French et Josette Rome-Chastenet laissent la voix et la plume à des intervenant.e.s. d’horizons variés tels que des militant.e.s féministes, des médecins, des doctorantes à la Sorbonne et des femmes politiques. Organisé dans un cadre de gauche, les essais traitent avant tout du féminisme par rapport au social. Les contributions soulignent, quasi-toutes, l’importance de ce dernier au sein de et pour divers mouvements altermondialistes internationaux. 76 Tous/ tes souhaitent enfin se voir concrétiser l’égalité formelle en une égalité réelle. L’on constate cependant une césure générationnelle. Les jeunes féministes insistent sur la prise en compte de l’intersectionnalité des différences et des discriminations, alors que pour les féministes ayant participé à la deuxième vague, le patriarcat demeure le problème principal dont découle toutes les injustices sociales. Enfin, les intervenant.e.s s’accordent, comme leurs collègues américaines, sur la stigmatisation du féminisme au cours des années 80. Pour changer la donne sociale, ce dernier doit impérativement (ré)établir un rapport de force avec la société et la politique dominantes. Dans les Féminismes en question, l’historienne Christelle Taraud interroge sept chercheur.e.s travaillant sur le genre et le féminisme. Il s’agit des sociologues Marie-Hélène Bourcier, Christine Delphy, Eric Fassin, et Nacira Guénif-Souilamas; de l’historienne Christine Bard; de la juriste et universitaire Marcela Iacub; et enfin de la scientifique et femme politique Françoise Gaspard. Les questions portent sur les sujets qui ont le plus divisé le féminisme français depuis 1989, notamment „la parité politique, le PACS, le mariage homosexuel, l’homoparentalité, la procréation médicale assistée, l’accouchement sous X, la prostitution, la pornographie, les violences sexuelles, le port du voile, le communautarisme.“ 77 Comme leurs homologues américaines, les intervenant.e.s ne s’affirment pas systématiquement féministes. Bien que s’accordant sur divers sujets, le conflit générationnel se ressent à nouveau, surtout dans les questions concernant la prostitution et la pornographie. Les femmes de la deuxième vague condamnent communément ces deux pratiques tandis que les jeunes chercheur.e.s, qu’ils/ elles les approuvent ou non, demandent un (ré)examen de leurs enjeux. A l’instar des auteur.e.s états-unien.ne.s et du recueil précédent, les Féminismes en question se penche également sur le retour de bâton et le manque de popularité du féminisme; sur les problèmes liés à la montée de l’extrême droite et de l’intégrisme; ou sur l’hypocrisie du féminisme politique (les partis dénonçant le port du voile comme une atteinte aux droits des femmes mais qui, en revanche, payent des amendes pour ne pas avoir de listes paritaires). Les chercheur.e.s évoquent aussi la naturalisation croissante de la parenté et du genre, ce qui empêche, par exemple, le passage de lois autorisant l’homoparentalité. Paradoxalement, pour les homosexuels et les lesbiennes, certaines formes „réactionnaires“ de socialisation (mariage, famille nucléaire) permettent une visibilité sociale. Quelques intervenant.e.s traitent des aspects contre-productifs de certaines lois, comme celle sur la parité qui peut empêcher la création de collectifs ou associations strictement gais ou lesbiens. En débattant des thèmes 112 Arts & Lettres de l’intégrisme, du communautarisme et du port du voile islamique, le recueil remet également (in)volontairement en question la signification du terme et du concept d’intégration dans la république française contemporaine. Le journal académique les Cahiers du genre a consacré en 2005 et 2006 deux numéros au(x) „Féminisme(s)“. Les coéditrices Dominique Fougeyrollas-Schwebel, Eléonore Lépinard et Eleni Varikas 78 privilégient à nouveau une collaboration intergénérationnelle. Elles envisagent également cette discussion des enjeux du féminisme contemporain dans une perspective internationale. Les deux cahiers comportent au moins une traduction d’études significatives sur le genre ou le féminisme, comme par exemple l’intervention cruciale de Kimberlé Crenshaw sur l’intersectionnalité. 79 Les deux éditions proposent une étude critique de la transmission du savoir et de l’histoire féministes; une réflexion sur le militantisme et la théorie; évoquent les thèmes communs d’une égalité formelle et non réelle des sexes; la position toujours problématique de la sphère domestique; ainsi que le manque de popularité et de pouvoir politique du féminisme. En particulier, le numéro de 2005 souligne l’émergence de nouvelles perspectives théoriques (le genre comme catégorie d’analyse) et du retard de la France dans la prise en compte de ces concepts. 80 Cette édition souhaite donc d’analyser „les enjeux théoriques et politiques de la pluralité et de la diversité constitutives des femmes en tant que groupe.“ 81 Cependant, contrairement aux féministes américaines, les éditrices n’y voient pas des différences „qu’il faudrait réconcilier mais […] la variété des configurations concrètes et historiquement spécifiques de la domination que produit sans cesse l’articulation de rapports sociaux de nature et d’origine diverses, comme au sens de la pluralité des subjectivités et des identités développées dans cette dynamique complexe.“ 82 Il existe désormais une reconnaissance théorique de la diversité des femmes et des discriminations, cependant la critique féministe française ne semble pas se détacher d’une certaine idée d’unité possible, voire d’universalisme. 14 femmes représente, à notre connaissance et à ce jour, l’unique recueil nonuniversitaire qui revendique ouvertement son appartenance à une génération particulière. 83 Gaëlle Bantegnie, Yamina Benahmed Daho, Joy Sorman et Stéphanie Vincent sont en effet toutes nées dans les années 70. Cet ouvrage se rapproche le plus des théories et divers écrits de la troisième vague américaine puisqu’elles affirment appartenir à cette „génération de la contradiction“ qui constate que, malgré une liberté sociopolitique accrue, „dans les interstices, dans les moments de la vie qui échappent à toute juridiction, les hiérarchies spontanées entre hommes et femmes n’[ont] pourtant pas cessé.“ 84 Elles se distancient volontairement d’un féminisme traditionnel, purement théorique ou militant, car elles l’ont chacune ressenti comme un dogme qui ne permet pas la réalisation des paradoxes identitaires. Bien qu’elles s’affirment ouvertement féministes, elles préconisent cependant une version plus personnalisée et individuelle de son articulation, le but final étant toujours l’émancipation complète des femmes. Pour cela, elles ne proposent pas chacune leur avis sur la question des féminismes, mais évoquent le parcours de 113 Arts & Lettres femmes libres et exemplaires, toutes générations, professions, races, classes et sexualités confondues. Marcela Iacub, la politicienne Dominique Voynet, la juriste Eva Joly, la chanteuse Catherine Ringer, ou l’auteure Virginie Despentes incarnent, entre autres, ce féminisme en marche et pragmatique à leurs yeux. Enfin, en avril 2010, la NRF consacre un dossier spécial au „Féminisme en 2010“. Ce numéro hybride regroupe douze interventions d’écrivaines, d’artistes, de journalistes et de chercheur.e.s dans le domaine. Le dossier témoigne, à nouveau, des paradoxes et tensions caractéristiques du féminisme contemporain: la France demeure un pays essentiellement machiste et peu ouvert au féminisme; la continuation ou rupture du mouvement avec le féminisme passé; l’importance placée sur la sexualité et la reproduction; et la sexuation socioculturelle toujours encouragée. Nous retrouvons également la dualité qui définit l’ensemble des ouvrages francophones et états-uniens, celle du „trop“ ou „trop peu“ reproché aux diverses manifestations féministes (contemporaines) ou à la société en général. Sans doute en raison de la tradition propre à la NRF, plusieurs contributeurs/ rices évoquent l’impossible accès à l’universalité du féminin, particulièrement dans la langue, les représentations artistiques ou la philosophie. 85 Voilà pourquoi certaines jeunes auteures refusent ouvertement l’étiquette d’écriture féminine/ féministe et préfère l’épithète „neutre“ d’écrivain. 86 Note sur la spécificité québécoise Au Québec, le jeune féminisme a également fait l’objet d’une publication avec Dialogues sur la troisième vague féministe de Maria Nengeh Mensah. Actes d’un colloque consacré au sujet, l’ouvrage se divise en sept mini chapitres de deux essais chacun, afin de respecter cette idée de dialogue. Le livre comporte également cinq pages dédiées à des artistes féministes et se clôt sur un guide des ressources, en majorité états-uniennes, sur ce jeune féminisme. Les chapitres expriment les mêmes préoccupations qu’en France et aux Etats-Unis: multiplicité des identités, intersectionnalité, retour de bâton culturel et politique, la troisième vague comme phénomène générationnel, extension de la lutte à l’art et à la culture populaire, le féminisme doit aussi combattre le néo-libéralisme, relation équivoque avec les nouvelles technologies, besoin urgent d’une véritable historiographie du féminisme et de la transmission de ce dernier dans les écoles. Théories et revendications du jeune féminisme français Plusieurs différences notables apparaissent à la lecture des ouvrages français et états-uniens. En premier lieu, en France (ou au Québec, et ce en dépit du titre éponyme), l’on n’emploie guère le terme de „troisième vague“ pour décrire la redynamisation ou remise en question du féminisme par une nouvelle génération. L’on parle plus volontiers de „jeune“ ou „nouveau“ féminisme, 87 voire de féminismes, 114 Arts & Lettres comme l’indiquent les titres des recueils présentés. 88 Ensuite, et contrairement aux anthologies états-uniennes, les contributions ne se déclinent pas sur le mode confessionnel et les essayistes proviennent principalement du monde académique, à l’exception de quelques figures de proue du militantisme. Conséquemment, les interventions françaises gardent, en majorité, une tonalité et un style universitaire. Elles privilégient des approches critiques et sociohistoriques des mouvements féministes, actuels ou passés, plutôt que personnelles. 89 Enfin, nous pouvons également constater l’absence quasi-totale, à l’exception de Dialogues et de 14 femmes, de la culture populaire ou de la récupération ironique et performative de la féminité. Le féminisme français contemporain comporte en réalité des spécificités propres car certaines questions ont profondément clivé ce mouvement et la politique française: notamment le débat législatif et socioculturel sur le port du voile islamique à l’école 90 ou les questions liées à la sexualité (procréation assistée, accouchement sous X). 91 Et malgré l’insistance sur les notions d’intersectionnalité, de diversité ou d’hybridité, les nouvelles féministes françaises conservent encore une vision universaliste de la condition féminine, 92 bien qu’une redéfinition de ce concept soit jugée nécessaire. 93 Pour ces jeunes femmes, et celles de la génération précédente, le féminisme doit être reconnu comme partie intégrante du combat pour les Droits de l’Homme. 94 Il ne doit pas subir une ghettoïsation en tant que problème d’ordre moral ou féminin, comme le soulignent Lilian Halls-French et Josette Rome-Chastenet, coéditrices de Féministes, féminismes: „Les mots du féminisme sont ceux de la démocratie puisqu’il revendique l’égalité des Droits pour les femmes et les hommes. C’est bien l’élargissement de la démocratie qui est en jeu dans cette reconnaissance.“ 95 Une position également soutenue par Dominique Fougeyrollas-Schwebel et Eleni Varikas, dans Féminism(e)s: Recompositions et mutations, pour qui la considération du féminisme comme „[u]ne action ‘morale’“ dépolitise ce dernier et l’assimile „à une forme de solidarité compassionnelle, mais qui reste ainsi en marge des priorités politiques.“ 96 Une autre spécificité du féminisme français réside dans l’importance attribuée à la lutte contre la mondialisation et les effets désastreux du néo-libéralisme sur la condition des femmes en particulier. 97 Celles-ci souffrent notamment d’une précarité accrue en raison des restrictions budgétaires et des suppressions d’aides sociales dont elles demeurent les premières bénéficiaires. Le (jeune) féminisme français s’envisage donc davantage dans une perspective mondiale car il prône l’ouverture au dialogue transnational tant militantiste que théorique. Les Cahiers du genre ont effectivement procédé à des comparaisons internationales, notamment avec l’Allemagne et le Québec. 98 Tout comme aux Etats-Unis, le féminisme souffre en France d’un retour de bâton, 99 d’un manque de popularité, et de l’hypervisibilté de figures considérées, par beaucoup, comme antiféministes. Christine Delphy 100 dénonce par exemple la surméditisation, entre autres, d’Elisabeth Badinter 101 sur le sujet de la parité. 102 Les participant.e.s insistent ainsi sur le fait que le féminisme devrait redevenir un 115 Arts & Lettres mouvement social actif afin qu’il puisse instituer un nouveau rapport de forces. France et Etats-Unis s’accordent également sur ce besoin d’un renouvellement de l’activisme et de repolitisation du féminisme. Le conflit intergénérationnel apparaît à la fois plus vif et plus flou dans les ouvrages français. Ceci s’explique en premier lieu par l’interaction générationnelle, à l’exception de 14 femmes et - dans une certaine mesure - du dossier de la NRF, voulue par les coordinatrices. Ce choix met ainsi en relief les dissonances féministes. Pour la deuxième vague, le patriarcat demeure à l’origine de toutes les discriminations, même de manière interculturelle. 103 Pour la nouvelle génération, il s’agit avant tout de lutter contre un pouvoir hégémonique généralement discriminatif, dont le degré abusif varie selon différents contextes. 104 Ainsi, bien qu’elles s’en détachent un peu moins que leurs collègues américaines, les jeunes féministes françaises dénoncent et déconstruisent aussi la catégorie universelle de „Femme“. D’ailleurs, la France connaît également des mouvements, à vocation plus ou moins féministes, basés sur les différences ethnico-culturelles comme par exemple Ni Putes, Ni Soumises. Cette ambivalence envers l’universalisme entraîne cependant, selon les coordinatrices des Cahiers du genre: „une confrontation entre les revendications d’autonomie et la volonté de définir un norme valable pour tous.“ 105 Comme aux Etats-Unis, certain.e.s craignent que la dissémination des (luttes) féministes affaiblisse le mouvement. Bien que la deuxième vague éprouve une réticence quant aux concepts importés de l’Amérique du Nord, 106 elle constate néanmoins les problèmes posés par le refus de déconstruction du concept de Femme. 107 La nouvelle génération, quant à elle, se réclame fréquemment du féminisme inspiré des Gender Studies, 108 de la théorie Queer 109 et de la troisième vague. Ceci transparaît particulièrement dans 14 femmes, puisque les auteures y insistent sur la polyphonie et la multiplicité paradoxales caractérisant les femmes de leur génération: Nous sommes la génération de cette contradiction: nous parvenons plus facilement à contrôler notre fécondité qu’à répartir équitablement les tâches dans notre foyer. Il nous est plus facile de nous faire avorter que de prendre la parole dans une assemblée générale. […] Nos vies [sont] devenues des questions à choix multiples, il [faut] bien y répondre.110 Ces jeunes femmes ont en effet bénéficié de la lutte féministe passée, cependant elles doivent encore affronter certaines formes de sexisme et jongler avec les diverses possibilités que leur offre la société contemporaine. Nous retrouvons, dans presque toutes les interventions des jeunes féministes, les considérations évoquées auparavant: le féminisme pro-sexe, la multiplicité identitaire, la performance genrée, la volonté d’un féminisme de coalition plutôt que d’une communauté, le refus que le féminisme ne devienne lui-même une doxa. 111 Elles prônent également l’avènement des „nouvelles“ théories, et particulièrement la nécessité d’utiliser le genre comme une catégorie d’analyse dans tous les domaines d’études. 112 Cependant, certaines jeunes féministes françaises soulignent que 116 Arts & Lettres leur apprentissage de ces théories relève de l’autodidactisme, car les études de genre émergent à peine et certains ouvrages anglophones majeurs n’ont été traduits que récemment. Pourtant, Christelle Taraud, à l’issue de ses entretiens, juge le clivage générationnel erroné: En somme un féminisme ‘blanc’, ‘réformiste’ et ‘bourgeois’ s’opposerait à un féminisme ‘ethnicisé’, ‘prolétarisé’ et ‘sexualisé’. Cette frontière infranchissable entre deux camps supposés antinomiques et irréconciliables - sorte de mur de Berlin du féminisme français contemporain - n’existe pas selon moi.113 En effet, nombre de jeunes féministes et de leurs prédécesseures soulignent que le mouvement a toujours été pluriel, voire divisé. 114 Comme l’explique Nengeh Mensah dans Dialogues, le féminisme contemporain s’inscrit simultanément en rupture et en continuité de la deuxième vague. 115 Il reconnaît les luttes et acquis du mouvement passé mais veut également (re)dynamiser certains enjeux spécifiques, jugés (parfois à tort) inédits. Bien qu’évoquant la situation québécoise, les affirmations de Nengeh Mensah peuvent s’étendre aux jeunes féministes françaises et à leur relation paradoxale avec la génération précédente. Comme pour les théories américaines, les écrits des féministes français.es contemporain.e.s ont suscité de nombreuses critiques. Jusqu’à présent peu ont été émises par la génération même car il s’agit d’un phénomène récent. La deuxième vague, bien qu’elle se réjouisse d’un renouveau du féminisme, condamne toutefois cette atomisation et cette volonté de coalition car elle y voit un affaiblissement politique du mouvement. 116 De même, elle expose les aspects problématiques de certaines théories et pratiques comme la performance: briser les codes vestimentaires ne suffit pas à engendrer un changement social radical. 117 Ce conflit générationnel démontre également la nécessité d’une transmission du savoir féministe et de l’histoire du féminisme au niveau scolaire et académique, car souvent la nouvelle génération ignore certains aspects et débats cruciaux. 118 A la lumière des théories nord-américaines nous pouvons poser également les questions suivantes: en limitant ce renouveau du féminisme au monde universitaire, ne risque-t-on pas une forme d’élitisme qui désolidarisera une partie de la société du mouvement? La parole est-elle vraiment donnée aux „subalternes“ ou ce mouvement concerne-t-il avant tout la société dominante? Pourquoi cette réticence à se pencher sur la culture populaire, qui pourtant peut à la fois diffuser des messages antiet proféministes? Conclusion Nous espérons avoir proposé une synthèse utile des publications, théories et concepts de la troisième vague féministe états-unienne et du jeune féminisme français. En dépit des différences géographiques et culturelles, nous pouvons constater de nombreux points communs. En premier lieu, la volonté de cette nou- 117 Arts & Lettres velle génération de se (ré)approprier à la fois le mouvement et le concept du féminisme ainsi que le refus de sa mise au banc par le retour de bâton subit depuis les années 80. Pourtant, les jeunes féministes réclament également la formulation d’un féminisme plus personnel, individuel et surtout qui prenne en compte l’intersectionnalité et la pluralité de l’expérience des femmes, tant au plan identitaire qu’universitaire. Pour ce fait, la déconstruction du sujet unique et universel du féminisme leur semble essentielle. En plus d’inclure dans leur théorie les interactions entre classe, race, sexualité, ou religion, elles redynamisent certains sujets tels que la prostitution et la pornographie. La notion de plaisir, polysémique, prédomine alors: plaisir de la sexualité évidemment, mais également de participation et de lutte via la culture populaire. Soulignons cependant le caractère essentiellement nord-américain de l’intérêt porté à la culture de masse. Néanmoins, des deux côtés de l’Atlantique, le besoin de remotiver le militantisme est accentué. Pour ce fait, les féministes contemporaines insistent également sur l’importance de la lutte contre le néo-libéralisme et la mondialisation (un aspect un peu plus tardif chez la troisième vague états-unienne), ainsi que la coalition non seulement entre les féminismes nationaux, mais internationaux également. Ce dernier aspect en particulier provient du fait que les jeunes féministes rencontrent une situation nouvelle quant à leurs prédécesseures. En occident, elles ont bénéficié des victoires du féminisme, comprennent de quelle manière ce combat doit se poursuivre, mais également la façon dont ce contexte de mondialisation a créé de nouvelles inégalités (genrées). Conséquemment, certains enjeux doivent être réexaminés ou redéterminés. Similarité et différences internationales démontrent toutefois l’aspect hautement dynamique de la pensée féministe contemporaine. 1 Cf. Judith Butler: Gender Trouble: Feminism and the Subversion of Identity, New York: Routledge, 1990. Pour l’auteure, le genre ne relève pas de l’essence mais de la simple performance, c’est-à-dire d’une mise en scène. 2 Selon Diane Lamoureux, la théorie queer a vu le jour aux Etats-Unis également dans les années 90 et se propose de „penser les homosexualités.“ Cf. Diane Lamoureux: „La réflexion queer: apports et limites“, in Maria Nengeh Mensah (ed.): Dialogues sur la troisième vague féministe, Montréal: Les Editions du remue-ménage, 2006, 91sq. 3 Le terme d’intersectionnalité sert à démontrer, entre autres, que les femmes subissent les discriminations genrées de manière différente, selon leurs appartenances sociales et raciales, ou leur préférence sexuelle. De plus, l’intersectionnalité suppose que certaines femmes participent également à des formes d’injustices sociales, notamment racistes, comme l’exposent les „féministes de couleur“. Pour une définition de l’intersectionnalité comme catégorie d’analyse, cf. Kimberlé Crenshaw: „Mapping the Margins: Intersectionality, Identity Politics, and Violence against Women of Color“, in Stanford Law Review, 43.6, 1991, 1241-99. 4 Pour une contextualisation historique et une critique de la troisième vague féministe américaine, cf. Jennifer Baumgardner et Amy Richards: Manifesta: Young Women, Feminism, and the Future, New York: Farrar, Straus and Giroux, 2000. 5 Les féministes états-uniennes d’origine latino-américaine. 118 Arts & Lettres 6 L’on attribue fréquemment l’origine du terme à Rebecca Walker, considérée comme la figure de proue du mouvement. En 1992, elle publie l’article „Becoming the Third Wave“ dans le magazine féministe Ms., où elle affirme ouvertement son appartenance à cette nouvelle vague. 7 Rebecca Walker (ed.): To Be Real: Telling the Truth and Changing the Face of Feminism, New York: Anchor Books, 1995 8 Barbara Findlen (ed.): Listen Up! Voices from the Next Feminist Generation, 2 e ed., Seattle; Washington: Seal Press, 2001. Publié pour la première fois en 1995, cet ouvrage a fait l’objet d’une deuxième édition augmentée. Nous nous baserons sur cette dernière. 9 Leslie Heywood et Jennifer Drake (eds.): Third Wave Agenda: Being Feminist, Doing Feminism, Minneapolis: University of Minnesota Press, 1997. 10 Rory Dicker et Alison Piepmeier (eds): Catching a Wave: Reclaiming Feminism for the 21st Century, Boston: Northeastern University Press, 2003. 11 Stacy Gillis, Gillian Howie et Rebecca Munford (eds.): Third Wave Feminism: A Critical Exploration, 2 e ed., New York: Palgrave Macmillan, 2007. Cet ouvrage a fait l’objet d’une première édition en 2003. Nous discuterons ici du deuxième volume, révisé et enrichi. 12 En particulier, Rene Denfeld, Camille Paglia, Katie Roiphe et Naomi Wolf ont causé les plus vifs débats. Précisons également que les post-féministes ont surtout produit des ouvrages individuels. 13 Heywood et Drake (eds.), op. cit., 1sq. 14 Toutes deux icônes du féminisme américain des années 60-70, la première est journaliste, co-créatrice du National Women’s Political Caucus (NWPC) et fondatrice de Ms., le premier magazine populaire féministe. La seconde est activiste afro-américaine au sein de nombreux mouvements pour les droits civiques et féministes, ainsi que professeure émérite de l’histoire de la conscience à UCLA. Remarquons alors l’encadrement symbolique de la troisième vague par la deuxième avec ces préet postface. 15 Walker (ed.), op. cit., xxxiii sq. 16 Le choix des illustrations de couverture des deux éditions de Listen Up! reflète, lui aussi, la politique de diversité de la troisième vague. La première figure le portrait d’une jeune femme asio-américaine et la deuxième celui d’une Afro-Américaine. 17 Bien que ces éditrices et leurs contributrices n’appartiennent pas forcément au milieu académique, la vaste majorité a cependant bénéficié d’une éducation universitaire. 18 Heywood et Drake (eds.), op.cit, 11sq. Les éditrices empruntent le terme au roman de Douglas Coupland, Generation X: Tales for an Accelerated Culture (New York: St. Martin’s Press, 1991). La contextualisation chronologique de cette génération varie selon les ouvrages et les auteurs, cependant, l’on situe fréquemment les dates de naissances entre 1961 et 1981. 19 Ibid., 11sq. 20 La consciousness raising est un procédé de conscientisations politique par le partage (oral ou écrit) de l’expérience personnelle, déjà employé par les féministes radicales américaines dans les années 60-70. 21 Cf. Dicker et Piepmeier (eds), op. cit., 10sq. 22 Elaine Showalter est professeure émérite à Princeton et a largement contribué à l’académisation du féminisme aux Etats-Unis. 23 En 1997, le journal académique Hypatia consacre une édition spéciale à la troisième vague féministe. Ce numéro examine déjà les possibilités et limites du mouvement. Cf. Jacquelyn N. Zita (ed.): „Special Issue: Third Wave Feminisms“ Hypatia: A Journal of Feminist Philosophy, 12.3, 1997. 119 Arts & Lettres 24 Pour des références additionnelles sur la troisième vague, cf. Jennifer Gilley et Diane Zabel: „Writings of the Third Wave“, Reference & User Services Quarterly, 44.3, 2005, 187-98. 25 Nous retrouvons ici l’héritage théorique des féminismes afro-américain, chicana ou prolétaire des années 80, qui adressent cette critique d’universalisme aveugle à la deuxième vague. En particulier, les ouvrages de Gloria Anzaldúa et Cherríe Moraga, bell hooks (un nom de plume volontairement laissé en minuscules), et Barbara Smith ont influencé la troisième vague américaine. 26 Cf. Gina Dent: „Missionary Position“, in Walker (ed.), op. cit., 61-76; Veronica Chambers: „Betrayal Feminism“, in Findlen (ed.), op. cit., 258-64; Lise Shapiro Sanders: „‚Feminists Love a Utopia‘: Collaboration, Conflict and the Futures of Feminism“, in Gillis, Howie et Munford (eds.), op. cit., 3-15; Anastasia Valassopoulos: „‚Also I Wanted So Much to Leave for the West‘: Postcolonial Feminism Rides the Third Wave“, in Gillis, Howie et Munford (eds.), op. cit., 198-211. 27 Heywood et Drake (eds.), op. cit., 9sq. 28 Deux anthologies en particulier se sont concentrées sur le plaisir et l’articulation de la sexualité par la troisième vague: Nan Bauer-Maglin et Donna Perry (eds.): „Bad Girls“/ „Good Girls“: Women, Sex, and Power in the Nineties, New Brunswick, New Jersey: Rutgers University Press, 1996; et Merri Lisa Johnson (ed.): Jane Sexes It Up: True Confessions of Feminist Desire, Washington; Seattle: Seal Press, 2002. 29 Cf. Anastasia Higginbotham: „Chicks Goin’ at It“, in Findlen (ed.), op. cit., 11-8; Rebecca Walker: „Lusting for Freedom“, in Findlen (ed.), op. cit., 19-24. 30 Cf. Jocelyn Taylor: „Testimony of a Naked Woman“, in Walker (ed.), op. cit., 219-38; Melanie Waters,. „Sexing It Up? : Women, Pornography and Third Wave Feminism“, in Gillis, Howie et Munford (eds.), op. cit., 250-65. 31 Il faut préciser que ce féminisme „pro-sexe“ a lui aussi débuté dans les années 70-80 et, à nouveau, leurs auteures (Audrey Lorde, Annie Sprinkle) ont profondément marqué les jeunes femmes de la troisième vague. 32 Cf. Emilie Morgan: „Don’t Call Me a Survivor“, in Findlen (ed.), op. cit., 33-9; Emi Koyama: „The Transfeminist Manifesto“, in Dicker et Piepmeier (eds.), op. cit., 244-5; Suzanne Stryker: „Transgender Feminism: Queering the Woman Question“, in Gillis, Howie et Munford (eds.), op. cit., 59-70. 33 Cf. Donna Minkowitz: „Giving It Up: Orgasm, Fear, and Femaleness“, in Walker (ed.), op. cit., 77-86. 34 Cf. Jeannine DeLombard: „Femmenism“, in Walker (ed.), op. cit., 21-34. 35 Cf. Marie Ana Cox, Freya Johnson, Annalee Newitz, et Jillian Sandell: „Masculinity without Men: Women Reconciliating Feminism and Male-Identification“, in Heywood et Drake (eds.), op. cit., 178-99; Jennifer Reid Maxcy Myhre: „One Bad Hair Day Too Many, or the Hairstory of an Androgynous Young Feminist“, in Findlen (ed.), op. cit., 84-8. 36 Cf., pour la minceur et l’obésité, Abra Fortune Chernik: „The Body Politic“, in Findlen (ed.), op. cit., 103-11; Lamm, Nomi. „It’s a Big Fat Revolution“, in Findlen (ed.), op. cit., 133-41; Alisa L. Valdés: „Ruminations of a Feminist Fitness Instructor“ in Findlen (ed.), op. cit., 25-32. Pour le handicap, Cheryl Green: „One Resilient Baby“, in Findlen (ed.), op. cit., 272-80. Pour l’avortement, Inga Muscio: „Abortion, Vacuum Cleaners and the Power Within“, in Findlen (ed.), op. cit., 112-7. Pour l’intersectionnalité raciale avec le SIDA, Lisa Tiger: „Woman Who Clears the Way“, in Findlen (ed.), op. cit., 153-64. 37 Cf. Jennifer L. Pozner: „The „Big Lie“: False Feminist Death Syndrome“, in Dicker et Piepmeier (eds.), op. cit., 31-56. 120 Arts & Lettres 38 Cf. Sherrie A. Inness: Tough Girls: Women Warriors and Wonder Women in Popular Culture, Philadelphia: University of Pennsylvania Press, 1998. 39 Cf. Cristina Lucia Stasia: „‚My Guns Are in the Fendi! ‘: The Postfeminist Female Action Hero“, in Gillis, Howie et Munford (eds.), op. cit., 237-49. 40 Cf. Melissa Klein: „Duality and Redefinition: Young Feminism and the Alternative Music Community“, in Heywood et Drake (eds.), op. cit., 207-25; Mimi Schippers: „Rocking the Gender Order“, in Dicker et Piepmeier (eds.), op. cit., 279-93. 41 Cf. Eisa Davis: „Sexism and the Art of Feminist Hip-Hop Maintenance“, in Walker (ed.), op. cit., 27-42; Jen Smith: „Doin’ It for the Ladies - Youth Feminism: Cultural Productions/ Cultural Activism“, in Heywood et Drake (eds.), op. cit., 226-38; Gwendolyn D. Pough: „Do the Ladies Run This...? Some Thoughts on Hip-Hop Feminism“, in Dicker et Piepmeier (eds.), op. cit., 232-43. 42 Cf. Jennifer Baumgardner et Amy Richards: „Who’s the Next Gloria? The Quest for the Third Wave Superleader“, in Dicker et Piepmeier (eds.), op. cit., 159-70. 43 Evidemment, le féminisme des années 60-70 comprenait déjà plusieurs mouvances. Cependant, le mythe d’unité persiste dans la mémoire collective. De même, certaines jeunes féministes militent toujours au sein de groupes établis ou héritiers de la deuxième vague. 44 Cf. pour le théâtre, Lisa Jones: „She Came with the Rodeo“, in Walker (ed.), op. cit., 253- 66; et pour l’élaboration d’un faux site pornographique narguant les clichés orientalistes, Sheryl Wong: „Pranks and Fake Porn: Doing Feminism My Way“, in Dicker et Piepmeier (eds.), op. cit., 294-307. 45 Cf. Mocha Jean Herrup: „Virtual Identity“, in Walker (ed.), op. cit., 239-52. 46 Cf. Melissa Silverstein: „Taking It to the Streets“, in Findlen (ed.), op. cit., 197-205; Sarah Boonin: „Please - Stop Thinking About Tomorrow: Building a Feminist Movement on College Campuses for Today“, in Dicker et Piepmeier (eds.), op. cit., 138-56; Niamh Moore: „Imagining Feminist Futures: The Third Wave, Postfeminism and Eco/ Feminism“, in Gillis, Howie et Munford (eds.), op. cit., 125-41. 47 Cf. Anna Bondoc „Close, but No Banana“, in Walker (ed.), op. cit., 167-84. 48 Cf. Aisha Hakim-Dyce: „Reality Check“, in Findlen (ed.), op. cit., 118-25; María Rangel: Cristina: „Knowledge Is Power“, in Findlen (ed.), op. cit., 188-96; Michelle Sidler: „Living in Mcjobdom: Third Wave Feminism and Class Inequity“, in Heywood et Drake (eds.), op. cit., 25-39. 49 Cf. pour la nécessité d’adapter le féminisme à chaque pays et situation culturelle spécifique, Lisa Bowleg: „Better in the Bahamas? Not If You’re a Feminist“, in Findlen (ed.), op. cit., 239-46, et Sonia Shah: „Tight Jeans and Chania Norris“, in Findlen (ed.), op. cit., 223-28. Pour une „désorientalisation“ du féminisme arabe, Susan Muaddi Darraj: „Third World, Third Wave Feminism(s): The Evolution of Arab American Feminism“, in Dicker et Piepmeier (eds.), op. cit., 188-205. Pour une situation du féminisme polonais contemporain, cf. Agnieszka Graff: „A Different Chronology: Reflections on Feminism in Contemporary Poland“, in Gillis, Howie et Munford (eds.), op. cit., 142-55. Pour les avantages d’une coalition globale des féminismes, cf. Winnie Woodhull: „Global Feminisms, Transnational Political Economies, Third World Cultural Production“, in Gillis, Howie et Munford (eds.), op. cit., 156-67. 50 Rebecca Munford: „‚Wake up and Smell the Lipgloss‘: Gender, Generation and the (A)politics of Girl Power“, in Gillis, Howie et Munford (eds.), op. cit., 266-82. 51 Findlen (ed.), op. cit., xiv-xv sq. 121 Arts & Lettres 52 Cf. Roxanne Harde et Erin Harde: „Voices and Visions: A Mother and Daughter Discuss Coming to Feminism and Being Feminist“, in Dicker et Piepmeier (eds.), op. cit., 116-37; Katha Pollitt et Jennifer Baumgardner: „Afterword“, in Dicker et Piepmeier (eds.), op. cit., 309-19. 53 Cf. Astrid Henry: „Feminism’s Family Problem: Feminist Generations and the Mother- Daughter Trope“, in Dicker et Piepmeier (eds.), op. cit., 209-31. 54 Pour une critique plus approfondie de la troisième vague cf. Baumgardner et Richards, Manifesta, op. cit.; Zita (ed.), op. cit. 55 Cf. Zita (ed.), op. cit. 56 Cf. Ednie Kaeh Garrison: „Contests of the Meaning of Third Wave Feminism: Feminism and Popular Consciousness“, in Gillis, Howie et Munford (eds.), op. cit., 185-97; Gillian Howie and Ashley Tauchert: „Feminist Dissonance: The Logic of Late Feminism“, in Gillis, Howie et Munford (eds.), op. cit., 46-58; Munford, op. cit. 57 Cf. Stacy Gillis: „Neither Cyborg nor Goddess: The (Im)Possibilities of Cyberfeminism“, in Gillis, Howie et Munford (eds.), op. cit., 168-84. 58 Pour une approche théorético-historique du féminisme aux Etats-Unis, cf. Baumgardner et Richards, Manifesta, op. cit.; Marilyn French: From Eve to Dawn: A History of Women in the World: Revolutions and the Struggles for Justice in the 20th Century, Vol. 4. 4 vols., New York: The Feminist Press at The City University of New York, 2008; Carole R.McCann et Seung-kyung Kym (eds): Feminist Theory Reader. Local and Global Perspectives, 2 e ed., New York: Routledge, 2010. 59 Il fait l’objet d’une interdiction en 2004 avec la „loi sur les signes religieux dans les écoles publiques“ (n° 2004-228), qui prohibe le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse. Ce débat s’inscrit également dans la relation problématique qu’entretient encore la France avec son passé colonial. 60 Loi n° 92-684 du 22 juillet 1992. 61 Loi du Pacte Civil de Solidarité (loi n° 99-944) du 15 novembre 1999. 62 Loi du 30 mai 2000, n° 2000-429. 63 Certaines de ces associations sont toutefois intergénérationnelles. 64 A l’exception, évidemment, du Centre d’études féminines (actuellement Centre d’études féminines et d’études de genre) créé à l’initiative d’Hélène Cixous en 1974 à l’Université Paris VIII. 65 En 1974, le gouvernement crée un Secrétariat d’Etat à la Condition Féminine, qui devient le Ministère des Droits de la Femme en 1981. Peu à peu, celui-ci a été intégré à un ministère plus large, tel qu’aujourd’hui celui du Travail, de la Solidarité et de la Fonction Publique. 66 Trouble dans le genre. Pour un féminisme de la subversion, Paris: La Découverte, 2005. Trad. Cynthia Kraus. 67 Lilian Halls-French et Josette Rome-Chastanet (eds.): Féministes, féminismes. Nouvelle donne, nouveaux défis, Paris: Editions Syllepses et Espaces Marx, 2004. 68 Christelle Taraud: Les Féminismes en questions. Eléments pour une cartographie, Paris: Editions Amsterdam, 2005. 69 Dominique Fougeyrollas-Schwebel, Eléonore Lépinard et Eleni Varikas (eds.): „Féminisme(s): Penser la pluralité,“ Cahiers du genre, 39, 2005. 70 Dominique Fougeyrollas-Schwebel et Eleni Varikas (eds.): „Féminisme(s): Recompositions et mutations,“ Cahiers du genre, hors-série, 2006. 71 Gaëlle Bantegnie, Yamina Benahmed Daho, Joy Sorman et Stéphanie Vincent: 14 femmes pour un féminisme pragmatique, Paris: Gallimard, 2007. 122 Arts & Lettres 72 „Dossier: Le féminisme en 2010,“ La Nouvelle revue française, 593, 2010, 146-235. 73 De nombreuses figures émergentes du féminisme et du genre en France participent aux divers recueils mentionnés: les chercheur.e.s Marie Hélène Bourcier, Elsa Dorlin, Eric Fassin, et Marcela Iacub, ainsi que les artistes/ intellectuel.le.s Wendy Delorme et Joy Sorman. 74 Ils/ elles appartiennent tous, à quelques années près et à l’exception de la philosophe Avital Ronell, à cette „génération X“ mentionnée auparavant. 75 Cf. http: / / www.espaces-marx.eu.org/ 76 Ironiquement, les mouvements altermondialistes peuvent reproduire les hiérarchies genrées de la société dominante, en considérant la lutte féministe comme secondaire. Cf. Laurence Cohen: „Faut-il parler de renouveau nécessaire du féminisme? “, in Halls- French et Rome-Chastenet, op. cit., 69-72. 77 Cf. Taraud, op. cit., 9sq. 78 Eléonore Lépinard a uniquement co-édité le numéro de 2005. 79 Cf. Kimberlé Crenshaw. „Cartographies des marges: Intersectionnalité, politique de l’identité et violences contre les femmes de couleur“, in Fougeyrollas-Schwebel, Lépinard et Varikas (eds.), op. cit., 51-82. 80 Cf. Fougeyrollas-Schwebel, Lépinard et Varikas (eds.), op. cit., 6sq. 81 Ibid., 7sq. 82 Ibid., 7sq. 83 L’auteure Virginie Despentes a effectué une démarche similaire en proposant une réflexion, et réarticulation, féministe contemporaine dans son essai King Kong théorie (Paris: Grasset, 2006). La bibliographie de cet ouvrage témoigne d’ailleurs de sa connaissance des productions culturelles, littéraires et critiques de la troisième vague aux Etats- Unis. 84 Cf. Bantegnie, Benahmed Daho, Sorman et Vincent, op. cit., 12sq. 85 Cf. Wendy Delorme: „Les Mots de la chair“, in NRF 593, op. cit., 171-76; Nathalie Quintane „Trois pièces“, in NRF 593, op. cit., 161-64. Avital Ronell: „Entretien“, in NRF 593, op. cit., 189-99. 86 Il est toutefois intéressant de constater que certaines femmes de la génération de la deuxième vague revendiquent ouvertement le titre d’écrivaine. Cf. Florence Montreynaud et al. „Ecrivaines et fières de l’être! “, in Le Monde, 14 oct. 2010. 87 Cf. Nengeh Mensah, op. cit., 19 sq. 88 Un article du Monde a cependant employé le terme de „nouvelle vague“. Macha Séry: „Féminisme, la nouvelle vague“, in Le Monde, 14 oct. 2010. 89 Cf. Jean-Louis Sagot-Duvauroux: „Inventions politiques du féminisme“, in Halls-French et Rome-Chastenet, op. cit., 77-86; Dominique Fougeyrollas-Schwebel, „Controverses et anathèmes au sein du féminisme français des années 70“ in Fougeyrollas-Schwebel, Lépinard et Varikas, op. cit, 13-26; Lépinard, op. cit.; tous les entretiens in Taraud, op. cit.; Gaspard, „Le Foulard de la dispute“, in Fougeyrollas-Schwebel et Varikas (eds.), op. cit., 75-94; Diane Lamoureux: „Y-a-t-il une troisième vague féministe? “, in Fougeyrollas- Schwebel et Varikas (eds.), op. cit., 57-76; Suzy Rojtman et Maya Surduts: „Le Féminisme encore une fois à la croisée des chemins“, in Fougeyrollas-Schwebel et Varikas (eds.), op. cit., 181-96. 90 Cf. Gaspard, op. cit., et l’entretien avec Taraud, in Taraud, op. cit., 105-22. 91 Le recueil d’entretiens de Christelle Taraud se révèle un excellent témoignage des différences et oppositions, souvent générationnelles, sur ces divers sujets. Précisons cependant que les mêmes clivages ont (eu) lieu autour de la pornographie aux Etats-Unis. 123 Arts & Lettres 92 Cf. Halls-French et Rome-Chastenet, op. cit.; Cécilia Baeza-Rodriguez et Marielle Debos: „Féminisme et altermondialisme: des affinités éléctives“, in Halls-French et Rome-Chastenet, op. cit., 101-4; Safia Lebdi: „Être une femme libre“ in Halls-French et Rome-Chastenet, op. cit., 73-6; Emilie Mazzacurati: „Renouveau du féminisme: continuité historique et nouveaux combats“, in Halls-French et Rome-Chastenet, op. cit., 55-60; Taraud, op. cit. 93 Cf. les entretiens avec Eric Fassin et Nacira Guénif-Souilamas, in Taraud, op. cit., 83-103 et 123-48. 94 Pour les femmes de la génération de la deuxième vague, cf. Gudrun Schyman: „Maintenant je mets ma voix sur le féminisme“, in Halls-French et Rome-Chastenet, op. cit., 105- 8; Maya Surduts: „Quel monde voulons-nous? “, in Halls-French et Rome-Chastenet, op. cit., 95-100; Rojtman et Surduts, op. cit. 95 Cf. Halls-French et Rome-Chastanet, op. cit., 114 sq. 96 Cf. Fougeyrollas-Schwebel et Varikas (eds), op. cit., 12 sq. 97 Cf. Halls-French et Rome-Chastenet, op. cit.; Baeza-Rodriguez et Debos, op. cit.; Cohen, op. cit.; Lebdi, op. cit.; Mazzacurati, op. cit.; Surduts, op. cit.; Rotjman et Surduts, op. cit. 98 Cf. Ute Gerhard et Jane Jenson: „Féminismes: théorie et politique. Réflexions à partir des cas allemand, canadien et québecois“, in Fougeyrollas-Schwebel et Varikas (eds.), op. cit., 159-80. 99 Cf. les introductions aux diverses anthologies. 100 Icône du féminisme matérialiste français des années 70, Christine Delphy est chercheure au CNRS et a co-fondé avec Simone de Beauvoir les revues Questions féministes et Nouvelles Questions Féministes. 101 Bien qu’appartenant à la génération de la deuxième vague, Elisabeth Badinter est une des figures les plus controversées du féminisme. Notamment la publication de son analyse très critique du mouvement, Fausse route: Réflexions sur 30 années de féminisme (Paris: Odile Jacob, 2003), a suscité les plus vives oppositions, à l’instar de celles émises contre les auteures post-féministes états-uniennes. 102 Cf. l’entretien avec Christine Delphy, in Taraud, op. cit., 64 sq. 103 Cf. Ibid., 61-81; Surduts, op. cit.; Rotjman et Surduts, op. cit. 104 Cf. en particulier Mazzacurati, op. cit.; les entretiens avec Marie Hélène Bourcier et Nacira Guénif-Souilamas, in Taraud, op. cit., 35-59 et 123-48; Bantegnie, Benahmed Daho, Sorman et Vincent, op. cit. 105 Cf. Fougeyrollas-Schwebel et Varikas (eds.), op. cit., 10 sq. 106 Cf. Rotjman et Surduts, op. cit. Soulignons aussi la polémique qu’a suscité, outre-Atlantique, l’ouvrage de Mona Ozouf Les Mots des femmes. Essai sur la singularité française (Paris: Fayard, 1995). Fortement critique envers les théories provenant des Etats-Unis, l’auteure affirme le succès de la France à négocier différences et égalité genrées. 107 Cf. Eléonore Lépinard: „Malaise dans le concept. Différence, identité et théorie féministe“, in Fougeyrollas-Schwebel, Lépinard et Varikas (eds.), op. cit., 107-36. 108 Cf. Mazzacurati, op. cit. 109 Cf. l’entretien avec Marie-Hélène Bourcier, in Taraud, op. cit., 35-59. 110 Cf. Bantegnie, Benahmed Daho, Sorman et Vincent, op. cit., 12-13sq. 111 Cf. Halls-French et Rome-Chastenet, op. cit.; Lebdi, op. cit.; Mazzacurati, op. cit.; les entretiens avec Marie Hélène Bourcier, Nacira Guénif-Souilamas et Marcela Iacub, in Taraud, op. cit., 35-59, 123-48 et 149-63; Bantegnie, Benahmed Daho, Sorman et Vincent, op. cit.; Gaëlle Bantegnie: „Lady Chatterley“, in NRF 593, op. cit., 211-16; François Bégaudeau: „Une Histoire d’homme“, in NRF 593, op. cit., 177-88; Delorme, op. cit.; Quin- 124 Arts & Lettres tane, op. cit.; Peggy Sastre: „Ex Utero Manifesto“, in NRF 593, op. cit., 205-10; Joy Sorman: „L’homme est-il l’avenir du féminisme? “, in NRF 593, op. cit., 146-52. 112 Cf. Elsa Dorlin: „De l’usage épistémologique et politique des catégories de ‚sexe‘ et de ‚race‘ dans les études sur le genre“, in Fougeyrollas-Schwebel, Lépinard et Varikas (eds.), op. cit., 83-106; Gaussot, op. cit.; Sandrine Dauphin: „L’élaboration des politiques d’égalité ou les incertitudes du féminisme d’état: une comparaison France/ Canada“, in Fougeyrollas-Schwebel et Varikas (eds.), op. cit., 95-116. 113 Cf. Taraud, op. cit., 13 sq. 114 Les années 70 ont vu l’opposition du féminisme matérialiste et du collectif Psychépo par exemple. Pour une analyse plus détaillées de ce conflit Cf. Fougeyrollas-Schwebel, op. cit.; et Michèle Riot-Sarcey: Histoire du féminisme, Paris: La Découverte, 2008, 99- 105sq. 115 Cf. Nengeh Mensah, op. cit., 15 sq. 116 Cf. Monique Dental: „Notre féminisme vous appartient“, in Halls-French et Rome-Chastenet, op. cit., 61-8; Surduts op. cit.; Taraud, op. cit. 117 Cf. l’entretien avec Eric Fassin, in Taraud, op. cit.; Rojtman et Surduts, op. cit. 118 Cf. Dental, op. cit.; et Rojtman et Surduts, op. cit. Comme pour les Etats-Unis, de nombreux domaines jugés inexplorés par les féministes contemporain.e.s avaient déjà été abordés dans les années 60-70. Pour une histoire des mouvements et des théories féministes français, cf. Michèle Riot-Sarcey, op. cit.; Eliane Gubin, Catherine Jacques, Florence Rochefort, Brigitte Studer, Françoise Thébaud et Michelle Zancanari-Fournel (eds.): Le Siècle des féminismes, Paris: Les Editions de l’Atelier/ Editions Ouvrières, 2004.