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2012
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La métaphore de l’archipel

2012
Bertrand Westphal
ldm371450024
24 Dossier Bertrand Westphal La métaphore de l’archipel Le vocabulaire de l’archipel est significatif, car d’une langue à l’autre il varie dans les grandes largeurs. Je suis incapable de lire le chinois, le japonais ou l’arabe et le déplore un peu plus tous les jours. A mesure que l’énergie et le temps viennent à manquer, les exigences se font plus pressantes. C’est le destin et l’on s’y plie. Mais il est vrai que si la tour de Babel ne s’était effondrée, j’en saurais un peu plus, aujourd’hui, sur l’archipel et ses déclinaisons. Je me contente donc d’en dire deux mots dans des langues que je connais ou qu’au moins je suis en mesure de lire. Le latin? Pourquoi pas, mais les Romains qui n’étaient pas de grands navigateurs n’avaient que faire de l’archipelagos grec. Ils prêtaient davantage d’attention à l’archimimus et l’archipirata qu’à un archipelagus qui ne suscitait ni admiration ni frisson. Après tout, les Romains avaient oublié l’existence de l’archipel des Canaries, que les Grecs avaient connu ou deviné avant eux et dont les Arabes s’étaient souvenus après eux. Il fallut attendre les premières années du XIV e siècle pour que les Espagnols le redécouvrent et le rattachent à une Europe balbutiante. Le français, à défaut du latin? Il n’a identifié l’archipel que sur le tard. Au début - et ce début ne remonte pas au-delà de la fin du Moyen Age -, l’archipel était la mer Egée, mère de tout archipel occidental. Il a adopté son sens moderne sous le règne de Napoléon, quoique je ne devine aucun lien de cause à effet entre l’insulaire corse et ce virage sémantique. Comme souvent en matière de géographie, le français est tributaire du grec mais doit son ancrage antique au truchement de l’italien. Arcipelago ou le chaînon manquant. L’archi-mer. L’Egée, effectivement. „archipel APXI- E A O: primitivement non ces innombrables grains de terre semés mais au contraire la vaste mer“ (Simon 2009: 11). Claude Simon s’en était souvenu dans Archipel, un beau texte qui sommeillait depuis 1974 dans une brochure touristique finlandaise vantant les charmes de l’archipel d’Åland, à l’entrée du golfe de Botnie. Les éditions de Minuit en ont proposé une version française en 2009. Åland, un archipel dont le A initial semble tout entier converger vers le petit rond insulaire du Å comme pour en limiter la dérive. A quelques centaines de kilomètres d’Åland se profile Öland, grande île suédoise aux orchidées rares, dont le O initial se fractionne dans les deux points de l’Umlaut (omljud, en suédois). Même la toponymie semble rechigner à considérer comme stable la nature insulaire des uns et le caractère archipélagique des autres. La vérité est plus prosaïque: Öland, c’est la „terre-île“, quant à Åland, finlandaise mais suédophone, c’est la „terre-rivière“. L’archipel n’est pas un ensemble d’îles qui trouveraient leur cohésion dans une proximité supposée. Il n’existe pas d’archinésie ( ), aucune archi-île. En quelques instants, le moteur de recherche de mon ordinateur a traversé Internet et 25 Dossier son grand archipel de connaissances, mais en vain: il n’a découvert aucune archinésie. L’archipel est en effet une mer parsemée d’îles ou, comme dirait encore Claude Simon à propos d’Åland, autant de „nénuphars cernés de clair s’éparpillant sur fond d’ardoise dérivant“ (Simon 2009: 11). L’unité participe d’une logique aquatique plutôt que d’une quelconque dynamique tellurienne. Pour s’en convaincre, il suffit de parcourir les Navigazioni e viaggi, immense compendium de tous les voyages du monde que Giovanni Battista Ramusio avait assemblé au milieu du XVI e siècle. Le mot arcipelago y revient trente fois, à une époque où il commençait à se diffuser dans d’autres langues néo-latines, tel le français, certes, mais aussi l’espagnol et le portugais, si nécessaires aux marins. Pour Ramusio, il y a bien deux archipels. L’un commence par un A majuscule et réfère l’Egée, l’autre est pourvu d’une initiale plus humble et pointe les grandes mers insulées du sud. Il y a là Sumatra, Java, Malabar, Malacca, les Moluques et quelques autres, qui forment toutes de leur côté un arcipelago d’isole (Ramusio 1978-88: 774). Et cette expression n’est en rien tautologique pour Ramusio. Cet archipel est une grande mer couverte d’îles. Tandis que l’allemand s’en est tenu à un Archipel qui témoigne de sa fidélité à l’héritage hellénique et que l’anglais archipelago est resté proche de l’italien, les langues scandinaves ont choisi des solutions plus casanières. Certes, le suédois dispose comme tout le monde de son Arkipelag, mais il propose en alternative le skärgård. Littéralement, le skärgård est un „enclos d’écueils“ ou un „jardin d’écueils“. Le plus connu d’entre eux est indéniablement celui qui se déploie devant Stockholm et que Ingmar Bergman a magnifié dans plusieurs de ses films. En suédois, il existe en effet deux ögrupp, deux séries de groupes d’îles: celles qui sont au large (arkipelag) et celles qui se silhouettent le long des côtes (skärgård). Il en va de même en danois et en norvégien. En islandais, où un vieux fonds norvégien s’est préservé au cœur des geysers et des glaces, il existe une variante. Etant donné que l’étymon grec n’était pas envisageable en islandais, on a forgé un mot à partir d’un fonds vernaculaire: Eyjaklasi, „le bouquet d’îles“. Voilà qui est intéressant, car, comme on le sait, un bouquet ne se conforme jamais à un programme, à une norme, mais à la pure inspiration. L’un des plus célèbres dictionnaires français, le Larousse, s’ouvre sur le dessin d’une fleur de pissenlit en graine. On souffle dessus et les graines s’envolent, comme les mots, aux quatre coins du monde, qu’elles essaiment. L’archipel est une entité codifiée par le droit international. Mais il arrive que les îles de l’archipel soient perçues telles les graines de la fleur de pissenlit qui se dispersent et se rassemblent parfois au gré de l’expiration d’un souffle et de l’inspiration d’un moment. Il peut même se produire qu’un concept forgé en Islande trouve son application la plus éclatante dans les Caraïbes. Comment traduit-on Eyjaklasi en Martinique? Voici un peu plus d’une décennie, en mars 2000, j’ai connu un bonheur double: celui de prendre part à un beau colloque martiniquais consacré à l’imaginaire de l’archipel (voir Voisset 2003) et celui d’ouvrir un peu plus mon horizon intellectuel. Je m’étais rendu à Fort-de-France, ou plus exacte- 26 Dossier ment à Schoelcher, l’un des sièges de l’Université des Antilles et de la Guyane, avec une certaine idée de l’archipel et des Antilles; j’en étais reparti avec une autre. De fait, c’est ma carte du monde qui avait été modifiée, bouleversée même. Lors d’un débat d’une rare intensité, les participants au colloque s’étaient spontanément livrés à une tentative hardie: situer la Martinique dans un archipel idéal, composer un bouquet à leur guise et non selon les préceptes de la géopolitique ou de la géologie. Pour un Français métropolitain, la question trouvait une réponse simple, à savoir que la Martinique constituait avec la Guadeloupe, Saint-Barthélemy et Saint-Martin une île des Antilles françaises. C’est ainsi, en tout cas, que les choses sont généralement présentées dans l’Hexagone, projection idéale de l’esprit géométrique français. Mais il est bien connu que l’Hexagone prête parfois davantage attention à l’épithète qui le caractérise (français, justement) qu’à une géographie qui le dépasse dans tous les sens du terme. Entre la Guadeloupe et la Martinique surgit en effet une île dont le nom précolombien était Wai'tu kubuli, qui signifiait „son corps est grand“ dans la langue des aborigènes caraïbes. Ce grand corps si visible, qui est aujourd’hui celui de la Dominique, est méconnu. Sans l’avoir vérifié, j’estime pouvoir affirmer qu’une infime minorité de mes compatriotes sait que cette île se trouve au beau milieu de ce qu’on pense être les Antilles françaises. A la Martinique, on a une idée un peu plus précise de la géographie antillaise. On sait qu’elle flotte, fluctue et se prête à toutes sortes de reterritorialisations. Que devient l’île d’Aimé Césaire au révélateur d’une éventuelle appartenance archipélagique? Mes collègues en ont débattu longtemps et avec fougue. Ils me passionnaient. Pour les uns, cet archipel n’était pas caraïbe mais caribéen. En principe, le terme caribéen convient mieux que celui de caraïbe, qui serait réservé aux peuples premiers exterminés après le passage des conquistadores et de tous les autres conquérants issus d’Europe. Mais, en l’occurrence, caraïbe semblait avoir une connotation française ou francophone, alors que caribéen renvoyait à un espace commun surmontant les différences linguistiques. Si l’archipel caraïbe impliquait le simple rapprochement avec la Guadeloupe, qui de toute évidence est le plus compliqué de tous, l’archipel caribéen pointait la Jamaïque, Sainte-Lucie et d’autres îles à l’horizon et au-delà. Mais une troisième option existait, qui faisait de la Martinique le partenaire d’un espace situé sur la terre ferme et que l’on connaît sous le nom de Guyane. Cette projection dessinait les pourtours d’un pôle mixte, mi-continental, mi-insulaire. Un skärgård, en quelque sorte. Un skärgård surdimensionné. La cohérence de cet archipel hybride est apportée par une communauté linguistique dont le caractère fortuit est renforcé par le fait que la Guyane aurait pu être néerlandophone comme son voisin le Surinam ou anglophone comme son autre voisin le Guyana. On se demandera au passage si c’est parce qu’elles sont devenues masculines que les anciennes Guyanes anglaise et néerlandaise ont gagné leur indépendance. Cette boutade n’en est pas vraiment une, car on sait bien que le colonialisme et la phallocratie ont toujours fait bon ménage. Au rang des projections hybrides façonnant un archipel mi-île mi-continent, on rattachera une autre option: celle qui fait de la Martinique un tout avec l’Afrique dont la majo- 27 Dossier rité de ses habitants étaient jadis originaires. Plusieurs intervenants avaient alimenté cette vision des choses qui avait le mérite d’enraciner le débat dans la réalité de l’Histoire et donc, comme souvent, dans le tragique de l’Histoire. Restait au moins une autre solution qui, pour sa part, en revenait aux fondements du concept d’archipel. Quitte à se trouver une autre île avec laquelle en former un, autant se projeter au loin, jusque dans l’océan Indien où le partenaire était tout trouvé: la Réunion! Etait-ce une bonne idée? Le doute s’était immiscé dans mon esprit. Etait-ce une bonne idée d’écarter le voisinage de la Guadeloupe pour choisir celui d’une île dont le seul point commun était d’ordre linguistique et politique faisant ainsi de l’Hexagone le seul pivot imaginable? Cela dit, la Réunion et la Martinique ont un point commun d’ordre politique, de même que la Guadeloupe, mais aussi le Groenland, les Canaries et Sainte-Hélène: ce sont officiellement des „régions ultrapériphériques de l’Union européenne“. A l’exception de la Guyane, toutes ces régions sont des espaces insulaires. Cet instructif séjour martiniquais avait confirmé à mes yeux que le concept d’archipel est l’un des plus complexes qui soient. En principe, on parle d’archipel lorsque l’on constate qu’un certain nombre d’îles, dont le chiffre minimal n’est à ma connaissance jamais défini, entretiennent une proximité géographique et une homogénéité géologique. Sur le plan culturel et donc politique, les choses sont infiniment plus complexes, comme le démontre l’exemple martiniquais qui est, somme toute, assez banal. Que dit-on à Hawaii, par exemple? Que pense-t-on dans les îles anglo-normandes? Y accepte-t-on de rester à jamais tel qu’en soi-même? Y est-on attaché à la mêmeté telle que l’entendait Paul Ricœur dans Soi-même comme un autre (1990) et qui suppose l’inscription durable dans une forme d’identité stable ou plutôt, pour continuer à réfléchir selon les catégories du philosophe et historien, une ipséité qui implique que la fidélité à soi s’établisse dans la relation au semblable - une relation qui investit à la fois le champ de la reconnaissance et celui de la différence. Mais quel est ce semblable? Où se trouve-t-il? Estce nécessairement, dans le raisonnement archipélagique, l’île voisine? Voilà qui n’est pas assuré. C’est qu’en marge de la géographie et de la géologie se dessine un archipel idéal qui suppose qu’une île se rattache à un autre pôle qu’elle se choisit librement en marge de toute considération géologique voire géographique. Les configurations de l’archipel sont aussi nombreuses que les vols de l’imagination et d’une manière d’imaginaire identitaire (les fameuses imagined communities de Benedict Anderson, décrites en 1983). En définitive, lorsqu’il évoquait Åland, Claude Simon avait opéré un rapprochement aussi inspiré que celui des collègues rassemblés à Schoelcher en mars 2000. Åland et l’archipel égéen fondateur se retrouvaient quelque part, „comme si le sens s’était inversé Contenant pour le contenu Grèce à l’envers (et de même les deux drapeaux l’un à croix blanche sur fond bleu l’autre à croix bleue sur fond blanc) Comme un positif photographique et son négatif sablier le haut en bas où le vide est plein langage retourné comme un gant les coutures devenant ici saillies“ (Simon 2009: 11). Et les coutures, ce sont les îles qui émergent à la surface de la 28 Dossier réalité archipélagique taillée dans la matière dont sont faits les rêves. La Finlande est aux antipodes européens de la Grèce. Sainte-Lucie est encore plus éloignée; elle est en revanche proche de la Martinique. Mais qu’importe, après tout, car le plus grand poète de cette île, Derek Walcott, qui est aussi bien l’un des plus grands poètes au monde - ce que le jury du prix Nobel de littérature a mieux compris que les maisons d’édition françaises qui l’ignorent superbement ou stupidement 1 - songe bien plus à l’Hellade qu’à ses voisins martiniquais. Ou peut-être ses voisins sont-ils subsumés sous les Grecs antiques, archipélagiens par antonomase. Walcott a élaboré le principe de sa vision des archipels multiples dans „Archipelagoes“, qui ouvre un triptyque poétique intitulé Map of the New World (1981). Il va de soi qu’au pluriel le titre du poème signale une ouverture. L’archipel idéal n’est plus restreint à une relation entre les îles qui lui donneraient sa syntaxe ou à un mer qui le porterait et le circonscrirait. L’archipel est désormais en relation avec d’autres archipels, comme telle île d’un archipel normé par le droit mais qui, devenu réfractaire à la norme, se connecterait à telle autre île lointaine appartenant ou non à un autre archipel (la Martinique et la Réunion, par exemple). Pour Walcott, Sainte-Lucie et les Caraïbes sont d’emblée apparentées aux Cyclades et aux autres nêsoi de l’Egée. „Archipelagoes“ commence sur un très beau vers: „At the end of this sentence, rain will begin“ et s’achève sur une image magnifique: „A man with clouded eyes picks up the rain and plucks the first line of the Odyssey“ (Walcott 1986: 413). Entre la chute pluvieuse du premier vers et l’entrée dans l’Odyssée que ménage le dernier vers du poème s’est délinée la carte moderne de l’archipel. Elle se déroule quelque part dans les brumes du temps et des lieux. Omeros 2 , le chef-d’œuvre de Walcott, remplira le nouvel espace des échos d’une Iliade revisitée, en 1990. Chez Homère, il en va comme si la Grèce, à Troie, avait procédé à la cristallisation de son Histoire primordiale afin de permettre à Ulysse, héros nouveau, de fouiller ensuite le présent et de dessiner au fil des îles une géographie personnelle aux contours archipélagiques. A Sainte-Lucie, Ulysse est absent. La parole revient de nouveau à Achille, à Hector, à Hélène et à Philoctète blessé. Cette fois-ci, c’est en ressoudant la communauté que l’homme s’accomplit, mais weltweit, car de Sainte-Lucie on se projette en Europe, en Afrique ou sur les terres des Dakotas. La métaphore est un trope qui mène au-delà du sens propre. La exprime un transport, un mouvement qui mène plus loin, au-delà des bornes. Or l’archipel est une pure métaphore. Deux dynamiques semblent le sous-tendre: l’une le situant à l’égard de la terre ferme qui constituerait un omphalos, l’autre dictant les relations entre les différentes îles qui le composent. Ces deux dynamiques ne sont pas toujours compatibles; elles supposent même une tension permanente qui agit sensiblement sur l’identité archipélagique et lui confère une partie de sa richesse. Mais, face à ces deux forces interactives au mieux et antagonistes au pire, s’en dresse une troisième qui préfigure la métaphore absolue. Elle est susceptible de projeter chacune des îles rattachées à un archipel conventionnel hors de la norme juridique et géologique, en direction d’un autre pôle rêvé ou fantasmé. 29 Dossier C’est ce que m’a fait comprendre le débat martiniquais. C’est ce qui se dégage des vers finlandais de Claude Simon et des poèmes épiques de Derek Walcott. C’est ce à quoi aspire l’archipel des Canaries, que j’ai mentionné brièvement mais qui mériterait de plus longs commentaires. Benito Cabrera, musicien et folkloriste de Lanzarote, a incarné ce désir dans une chanson où l’archipel se personnifie: „Soy América y Europa / mi raíz es berber / […] Con el mundo por frontera / ser canario es mi razón“ (Cabrera 1998). Il arrive à l’archipel entier de dériver vers les côtes latino-américaines (Cuba et le Venezuela, surtout), vers l’Afrique (le Maroc et la Mauritanie) ou, à défaut de mieux, vers une Europe dont elle serait une région officiellement „ultrapériphérique“. Entre Europe, Afrique, Caraïbes et autres espaces du monde, il ne fait pas de doute que l’archipel, tout archipel, toute île de tout archipel constituent aujourd’hui l’une des expressions dominantes d’un projet identitaire qui, face aux velléités réductrices de certains régimes politiques, propose comme jalon l’échelle planétaire et l’infiniment pluriel. La métaphore mène plus loin. L’archipel transporte l’imaginaire plus loin. Comme l’esprit, il souffle où il veut. Eyjaklasi, le bouquet d’îles, l’archipel des choix librement opérés. Osera-t-on se servir d’une langue moins confidentielle que l’islandais pour exprimer le message des îles en mouvement? Bibliographie Cabrera, Benito (1998). „Soy de aquí“. In: Canarias. Las canciones de la identidad. CD. La Laguna (Tenerife)/ Las Palmas (Gran Canaria): Centro de la Cultura Popular Canaria. Gazzoni, Andrea (2009). Epica dell’arcipelago. Il racconto della tribù, Derek Walcott, Omeros. Firenze: Le Lettere. Ramusio, Giovanni Battista (1978-88). Navigazioni e Viaggi. 6 vol. Edité par Marica Milanesi. Torino: Einaudi (I Millenni), <http: / / www.liberliber.it/ biblioteca/ r/ ramusio/ index.htm#elenco_opere> (Consulté le 21 octobre 2011). Ricœur, Paul (1990). Soi-même comme un autre. Paris: Seuil. Simon, Claude (2009). Archipel et Nord. Paris: Minuit. Voisset, Georges (éd.) (2003). L’Imaginaire de l’archipel. Paris: Karthala. Walcott, Derek (1986). „Archipelagoes“. In: Collected Poems 1948-1984. New York: Farrar, Straus and Giroux. Walcott, Derek (1990). Omeros. New York: Farrar, Straus and Giroux. 1 Le relatif oubli de Derek Walcott ne constitue pas un cas isolé. Rares sont les grands auteurs caribéens anglophones qui soient traduits en français. Le Barbadien Edward Kamau Brathwaite est oublié. De Wilson Harris, le romancier et essayiste du Guyana, on ne dispose depuis 1994 que de la traduction de The Palace of Peacocks. Jamaica Kincaid connaît un meilleur sort sans toutefois que le lecteur français ait un accès 30 Dossier significatif à son œuvre. Seul V. S. Naipaul est pris en considération, mais il était difficile de faire autrement! Au contact de ces littératures et dans sa version française, la très complète encyclopédie électronique Wikipedia se réduit comme une peau de chagrin: Brathwaite, Harris et Kincaid sont ignorés, tandis que Walcott récolte quelques lignes fugitives. La réception des auteurs caribéens anglophones dans le monde francophone mériterait à coup sûr une étude détaillée. Eternel constat: il est de frontières qui ne sont pas que géographiques. 2 Les études sur ce chef-d’œuvre sont nombreuses dans le monde anglophone. Sur le versant italien, j’en mentionne volontiers une, fort bien venue: Andrea Gazzoni 2009.