eJournals lendemains 37/145

lendemains
0170-3803
2941-0843
Narr Verlag Tübingen
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2012
37145

Chorégraphies du paysage littéraire

2012
Ottmar Ette
Gesine Müller
ldm371450005
5 Dossier Ottmar Ette, Gesine Müller (eds.) Chorégraphies du paysage littéraire Ottmar Ette, Gesine Müller Introduction „Notre paysage est son propre monument: la trace qu’il signifie est repérable pardessous. C’est tout histoire.“ 1 Ainsi s’exprime Edouard Glissant, théoricien de la culture originaire de la Martinique dans son Discours antillais. Les contributions de ce dossier se fondent sur une compréhension du paysage qui a accompli la mutation d’une histoire de l’espace vers une histoire de la mobilité. Nous consacrons nos recherches scientifiques aux phénomènes paysagers littéraires et culturels afin de sensibiliser aux formes et aux fonctions du mouvement. Nous évoquons ici aussi bien les constellations archipéliques, telles que Bertrand Westphal les met en lumière dans ses études géopolitiques, l’atlas littéraire de l’Europe élaboré par Barbara Piatti, que les paysages en constante mobilité des romans policiers analysés par Mereyem Belkaid. Ottmar Ette, enfin, révèle comment les mangroves du roman de l’auteure guadeloupéenne Maryse Condé sont les paysages d’une théorie défiant toute tentative d’attribution identitaire essentialiste. Tandis que ces quatre contributions s’intéressent essentiellement aux débats géopolitiques actuels et à leur présence implicite dans la littérature contemporaine, les articles de Julien Knebusch et de Gesine Müller se concentrent sur une perspective historique. Il n’est guère étonnant en ce sens que les textes littéraires qu’ils étudient soient fréquemment empreints d’une mise en scène eurocentrée. Contrairement aux contributions qui s’appuient sur les constellations contemporaines, il s’agit là de montrer, sur fond de configurations coloniales du 19 e siècle, dans quelle mesure les mises en scène de paysages peuvent indiquer si et comment les auteurs se détachent des images de la nature exotique propre au roman colonial et créent des textes qui livrent progressivement une nouvelle lecture du pays et de son paysage, afin de se les approprier par l’imaginaire et le langage. Si ces textes historiques ne présentent pas la radicalité de la structure mobile des écrits des 20 e et 21 e siècles, ils préfigurent le recours à la conception relationnelle du paysage d’Edouard Glissant. Le spatial turn se donne pour objectif de ne considérer ni l’espace physique ni l’espace naturel, mais un espace social produit par un processus dynamique. Notre approche du paysage franchit un pas supplémentaire, dans la mesure où les constructions de paysage échappent à tout danger d’attributions statiques. Ne faut-il pas développer une géopolitique du mouvement? 6 Dossier Nous espérons pouvoir montrer dans ce dossier que non seulement les littératures du monde et leurs textes polyglottes comportent et développent les formes et les normes de vie les plus diverses, mais qu’elles génèrent également un savoir complexe et trans-territorial sur le vivre ensemble. Cette dernière est expérimentée dans ces textes sur le plan théorique au travers de paysages existants et inventés. En quoi et où est-il possible de différencier l’existant du fictif? Ne sont-ils pas tous deux tributaires d’une expérience et d’un vécu, qui dans leurs dimensions nomades et trans-territoriales laissent leur empreinte sur les paysages de millions d’êtres humains? 1 Edouard Glissant, Le discours antillais, Paris, Gallimard, 2002, 21.