eJournals lendemains 43/169

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2018
43169

‚1968‘ comme concept nomade en France, en Allemagne et en Suisse

2018
Ingrid Gilcher-Holtey
Kristina Schulz
ldm431690010
10 Dossier Ingrid Gilcher-Holtey / Kristina Schulz ‚1968‘ comme concept nomade en France, en Allemagne et en Suisse ‚1968‘ est un concept insaisissable. En français comme en allemand, son utilisation ne fait pas simplement référence à une année. ‚1968‘ marque un tournant, un changement, un événement qui a fait date et après lequel rien ne sera plus pareil. ‚1968‘ est devenu un concept clé du vocabulaire politique du dernier tiers du XX e siècle, qui recouvre des significations multiples et diverses. Celles-ci s’épanouissent et peuvent être saisies sous des formes aussi diverses que les mémoires et souvenirs d’acteurs plus ou moins romancés, les slogans politiques et les études socio-historiques. Autant de sources que nous étudierons dans le cas de la RFA , de la France et de la Suisse, tout en gardant à l’esprit que les frontières entre ces différents types d’écrits restent souvent poreuses et indécises. ‚1968‘ est au cœur d’une série de récits autobiographiques, écrits quelque 40 à 50 ans après les faits. Factuels bien qu’engagés et subjectifs, ils reposent sur les propres perceptions et modes de participation de leurs auteurs à l’événement, comme le suggèrent d’ailleurs les titres: Mein 1968 („Mon 1968“, Schneider 2008), Mon Mai 1968 (Geismar 2008) ou Ich bin’s - die ersten 68 Jahre („C’est moi - les premiers 68 ans“, Langhans 2008). Le récit autobiographique domine aussi les événements commémoratifs en Suisse quarante ans après (Nigg 2008); c’est aussi le cas pour le cinquantième anniversaire, notamment avec une exposition au Musée historique de Berne, et la publication qui l’accompagne (Geiser/ Giger/ Jost/ Kronenberg 2018). Une lecture parallèle de ce corpus de textes - dont nous avons exclus des textes écrits par des activistes de l’époque qui ne mènent pas de réflexions autobiographiques - montre qu’ils s’inscrivent dans des contextes nationaux très spécifiques. Dans la perspective qui est celle des concepts nomades (Christin 2010), ce constat ouvre des problématiques intéressantes: comment cerner ce concept qui ondoie entre sphère du souvenir individuel et imaginaire collectif? Qu’est-ce qui caractérise 1968 en tant que date liée à des expériences et des événements très divers? Comment aborder un concept qui a produit des modèles nationaux d’interprétation différents et qui a en outre pénétré des espaces aussi variés que la sphère journalistique et les médias, l’histoire, la sociologie ou encore le champ politique? I. Les récits autobiographiques comme point de départ Dans les ouvrages et les entretiens parus à l’occasion de la commémoration médiatique et éditoriale de 2008, les acteurs des événements dressent un bilan positif de 1968. L’expression française de ‚Mai 1968‘ fait figure de paradigme pour les événements de 1968 et, par voie de synecdoque, désigne également les développements survenus dans d’autres pays selon d’autres temporalités. En France, ‚Mai Dossier Dossier Dossier Dossier Dossier Dossier Dossier Dossier Dossier Dossier Dossier