eJournals lendemains 35/138-139

lendemains
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2941-0843
Narr Verlag Tübingen
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2010
35138-139

De la société de l’information vers les sociétés du savoir

2010
Alain Kiyindou
Rocio Amador Bautista
ldm35138-1390112
112 Dossier Alain Kiyindou/ Rocio Amador Bautista De la société de l’information vers les sociétés du savoir 1 Si la „société de l’information“ apparaît avant tout comme un mode d’organisation économique basé sur la production de richesse par l’échange d’information, s’appuyant sur la technologie, la „société du savoir“ apparaît, dans les différentes communications comme ayant une dimension sociale, plus marquée. Mais la question de fond est restée ouverte: Sommes-nous dans une société des savoirs? Quels sont ses indicateurs et ses limites? Quels savoirs prendre en compte quand on évoque la société des savoirs? Il est apparu logique aux différents conférenciers d’y intégrer toutes sortes de savoirs y compris les savoirs locaux. Les conférenciers ont pris le parti de se démarquer „de la toute puissante rationalité scientifique“ pour intégrer les autres rationalités souvent considérées comme des „irrationalités“. La société des savoirs devient ainsi une société voire des sociétés de savoirs différenciés. Toutefois, la construction de ces sociétés implique différents acteurs, l’Etat, le privé, la société civile et met en jeu des relations qui peuvent relever du partage, de l’éthique, de la morale, du droit ou des relations de domination. La gouvernance d’internet est donc à approcher dans ces termes, tout comme la solidarité numérique censée rétablir la justice sociale. La coopération internationale qu’imposent les technologies dites nouvelles se heurte à l’inexistence d’un cadre juridique international fiable. La société civile, malgré sa bonne volonté est confrontée à la puissance des maîtres du réseau et à la rigidité des Etats. La société de l’information devient très vite la société de contrôle et le développement de nouvelles applications, comme la géolocalisation, facilitent l’entrée dans la société de la surveillance généralisée. La société des savoirs repose sur la coconstruction et le partage des savoirs. Les conférenciers ont donc trouvé intéressant d’analyser les conditions de production et de circulation pour ne pas dire partage de ces savoirs. Or l’une des caractéristiques de la société actuelle est la marchandisation accrue de la connaissance. Cette marchandisation s’appuie sur un système international qui lui est favorable au vu de la réglementation internationale. Comment dans ce cas assurer un réel partage des savoirs? Dans leur rôle éducatif les institutions de formation ont mis en place des espaces de formation en ligne dont les évolutions sont perceptibles. L’analyse des fonctionnalités des dispositifs techniques permet de repérer quelques démarches: des accès vers les portails ou les bibliothèques virtuelles des services communs de documentation des universités, la création de bases de connaissances partagées ou de réservoirs de ressources alimentées par les formateurs. 113 Dossier A côté de ces structures centralisées, se développent de plus en plus des plateformes collaboratives de production de connaissances. Elles rompent avec les approches traditionnelles de l’apprentissage c’est-à-dire de l’émetteur dit „expert“ qui informe des cohortes d’apprenants dit „en attente de connaissances“. Le savoir collectif produit par ces réseaux participatifs est implicitement pensé comme un substitut possible du savoir diffusé dans le cadre des institutions éducatives ou éditoriales. Un champ d’étude s’ouvre à nous, celui des processus de co-construction mais aussi celui des motivations et incitations des contributeurs. Il est intéressant d’analyser comment le savoir participatif aide à la résolution des problèmes de formation et aux préoccupations individuelles. La place de l’usager dans l’analyse des dispositifs devient, de ce fait, central. Les dispositifs d’auto-publication qui se sont multipliés ces derniers temps ont aussi attiré l’attention des conférenciers. Le journalisme citoyen s’inscrit dans une démarche personnelle et extraprofessionnelle des personnes animées par le désir de créer un espace d’expression libre, débarrassé des contraintes institutionnelles. Il apparaît comme un contournement des formes classiques de communication à l’intérieur des communautés scientifiques (pages personnelles, listes de diffusion, sites institutionnels etc.). Au-delà des informations journalistiques, les blogs permettent aussi aux chercheurs de partager leurs savoirs. Mais quelles sont les limites de ce moyen d’expression? Les blogs, les plateformes collaboratives, le web 2.0, 3.0 ne sont-ils pas un effet de mode, une question marketing ou participent-ils efficacement au partage des savoirs? Le partage des savoirs notamment pour les chercheurs passe par les publications, d’où la question de l’évaluation des chercheurs qui, derrière des logiques administratives, pose problème, incitant ainsi à une certaine course à la publication. Peut-on parler de dictature du partage? Cette interrogation amène celle des conditions du partage qui pour la plupart des conférenciers semble fondamentale. 1 Le Colloque international De la société de l’information vers les sociétés du savoir de Mexico (du 8 au 10 juin 2009) a donné lieu à des échanges très riches et de haut niveau scientifique. Dès l’ouverture du colloque s’est engagée une réflexion sur les notions de société de l’information, société des savoirs, la fracture numérique, les rapports Nord Sud, la différence entre information, connaissance et savoir. Ces différentes questions ont été débattues tout le long des discussions et dans presque tous les ateliers.