eJournals lendemains 39/156

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2014
39156

Révolution et charisme

2014
Edith Hanke
ldm391560075
75 DDossier Edith Hanke Révolution et charisme La conceptualisation du changement historique dans la sociologie de la domination de Max Weber* Dans de récentes recherches sur la révolution islamique en science politique, le concept de charisme de Max Weber est utilisé pour analyser le passage radical du régime du chah à l’État religieux de l’ayatollah Khomeini. 1 Dans les années 1990, c’est à l’aide du concept de charisme que M. Rainer Lepsius a analysé le Führerstaat de Hitler, l’État sous la direction d’un chef. 2 Dès la fin des années 1970, le sociologue Dirk Kaesler a vu dans le concept wébérien de la „Quotidianisation du charisme“ des éléments susceptibles de fonder une „théorie de processus postrévolutionnaires“. 3 Et à l’occasion du congrès international d’histoire à Stuttgart, en 1985, Wolfgang J. Mommsen a insisté sur le rôle essentiel du charisme comme modèle du changement social et historique dans l’œuvre de Weber: le charisme est le signe d’une dynamique et d’une conception plurielle et ouverte de l’histoire universelle. 4 Sans aucun doute le concept de charisme fait-il partie des catégories centrales et innovantes que Weber développe dans sa sociologie de la domination. Mais peut-on l’associer au concept de ‚révolution‘? Ne faudrait-il pas objecter, dans le sens des remarques critiques d’Yves Sintomer dans son introduction 5 à la traduction française de la version plus ancienne de la sociologie de la domination, que des soulèvements de masse ne semblent pas avoir de place dans la conception de la domination de Weber, une conception centrée sur des individus et des élites? Pourtant, Weber s’intéresse vivement aux révolutions, aux révolutions historiques et actuelles: d’abord à la révolution russe de 1905, ensuite à celle de 1917 et finalement voire inévitablement à la révolution allemande de 1918/ 19. Un de ses étudiants, Wilhelm Stichweh, relate que lors du semestre d’été 1920 Weber s’est presque exclusivement occupé de la révolution et de la révolution des conseils. 6 Les cours des années 1919/ 1920 et la nouvelle version d’Économie et société reflètent sa préoccupation intellectuelle relative aux bouleversements politiques, économiques et sociaux. L’actualité contraint Weber à repenser ses catégories de la domination et à trouver des concepts sociologiques capables d’expliquer les changements en cours. Dans la nouvelle version de la sociologie de la domination, Weber annonce qu’il compte écrire une „théorie des bouleversements“ et, en effet, on y trouve déjà quelques éléments d’une analyse qui va dans ce sens. Un regard sur l’évolution des concepts de ‚révolution‘ et de ‚charisme‘ entre la première et la deuxième version de la sociologie de la domination permet de montrer que, pour Weber, les types de domination ne forment pas un système 76 DDossier rigide. Au contraire, c’est leur opérationnalité empirique qui apparaît comme un critère décisif. Le travail éditorial sur la ‚1 ère livraison‘ de Weber pour Économie et société (publiée comme volume I/ 23 de la MWG) 7 m’a incitée à me pencher sur les concepts de changement historique chez Weber et à poser, pour la sociologie et la science politique d’aujourd’hui, la question du potentiel analytique de l’œuvre de Weber. 1. Le concept de révolution A première vue, l’utilisation du concept de révolution dans la première version de la sociologie de la domination n’a rien de spectaculaire. Les grandes révolutions sont traitées comme des événements purement historiques, 8 et c’est en passant seulement que Weber y ajoute une sorte de définition: „‚Révolution‘ au sens d’une génération violente de formes inédites de domination“. 9 Une version plus intelligible de cette définition ne s’obtient qu’en revenant sur des allusions à des ouvrages plus anciens et en prenant en compte la conception globale d’Économie et société. Dans le chapitre „L’État et la hiérocratie“, Weber mentionne le concept de „révolution puritaine“ 10 qui était utilisé à son époque pour désigner les particularités de la Glorious Revolution en Angleterre. Des protestations religieuses et ecclésiastiques y auraient été intimement liées à la révolution politique. Avec ce concept, Weber se réfère à sa grande étude d’histoire culturelle „L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme“ de 1904/ 05. Il y avait lié la naissance du capitalisme moderne non seulement aux transformations économiques, techniques et organisationnelles, mais surtout au nouvel ‚esprit‘ d’une conduite de vie motivée par des considérations éthico-religieuses. 11 A la différence de Marx et de la conception matérialiste de l’histoire, Weber explique le changement historique par des effets réciproques entre des révolutions techniques et ‚idéelles‘. Le concept de révolution de Kant y est présent, qui avait également compris par ‚révolution‘ la transformation intérieure, i. e. la modification de la disposition d’esprit; 12 ce dernier point jouera encore un rôle plus tard lors de l’accentuation du concept de charisme. Le changement historique devient ainsi un phénomène complexe qui peut être compris et expliqué à travers la réciprocité entre des processus économiques et les „ordres et les pouvoirs sociaux“. 13 C’est cela le programme fondamental d’Économie et société et donc aussi de la sociologie de la domination. Il faut également rappeler les présupposés méthodologiques de Weber: chaque évolution est singulière et ne peut être saisie méthodologiquement que par une construction d’idéaux-types. Quand il utilise le concept de révolution, ces principes méthodologiques sont toujours présents, ainsi que le contre-programme au concept marxiste de révolution également, comme nous le verrons bientôt. Dans „L’État et la hiérocratie“, Weber suggère un lien entre la „révolution puritaine“ et la naissance des droits de l’homme et du citoyen en Europe. 14 Auparavant déjà, se référant à Georg Jellinek et Ernst Troeltsch, il avait attribué la créa- 77 DDossier tion des droits de l’homme et leur marque particulière à l’élan antiautoritaire des sectes puritaines et à la „croyance optimiste en l’harmonie naturelle des intérêts des individus libres“ propagée par les Lumières. 15 La tension entre pouvoirs hiérocratiques et politiques au Moyen-Âge occidental constitue pour Weber un élément dynamique. Dans „L’État et la hierocratie“ toujours, Weber caractérise toutes les autres civilisations dans lesquelles, à l'instar des civilisations orientale ou chinoise, cette tension fait défaut, comme des civilisations unifiées („Einheitskultur“). 16 Il est intéressant de noter que, pour Weber, ces civilisations n'ont produit ni révolutions sociales, ni révolutions politiques. 17 Comme le montrent ses études comparées d’histoire universelle, le concept de révolution, tel que Weber l’utilise, est un trait spécifique de l’histoire occidentale, caractérisée par „la lutte des dieux“ 18 et des ordres. L’évocation des révolutions anglaise et française en tant qu’événements purement historiques prend dès lors une connotation différente. Dans la perspective d’une histoire universelle, les grandes révolutions portées par les bourgeoisies européennes 19 expliquent pourquoi la civilisation occidentale s’est développée sous cette forme et non sous une autre. 20 Pour Weber, le lieu de naissance de la bourgeoisie et du capitalisme moderne a été la ville occidentale, telle qu’elle s’est formée au Moyen Âge par des fraternisations de bourgeois-citoyens. La formation sociale et politique du groupement ‚ville‘ repose soit sur un acte constitutif de la part des puissances seigneuriales (octroi du privilège urbain à la corporation des citoyens) soit au contraire - et c’est ce qui m’intéresse tout particulièrement ici - sur un acte d’usurpation. Dans son étude sur la ville, Weber explique que la coniuratio constitue, „d’un point de vue juridique formel, souvent et surtout dans les cas les plus importants [ ], une usurpation révolutionnaire“. 21 Elle est donc une infraction violente à l’encontre des pouvoirs légitimes ou considérés comme tels. Dans la „Sociologie de la domination“, la ville pose des problèmes importants, puisque Weber la traite dans ce sens étroitement juridique comme une forme de domination illégitime. Même si en 1917, dans sa conférence viennoise sur les „Problèmes d’une sociologie de l’État“, Weber évoque en passant un quatrième type de légitimité selon lequel la domination se déduit de la volonté même des dominés; 22 d’un point de vue systématique, le problème ne trouve pas de solution. 23 Dans „Les types de domination“, en 1920, ce quatrième type de domination n’apparaît plus. Le concept de révolution se trouve donc dans une grande tension dans sa relation aux conceptions de la légitimité. 24 Des actes révolutionnaires demandent une légitimation externe. Weber aborde cette question dans la sociologie du droit, 25 que je dois laisser ici de côté. Dans ses écrits politiques rédigés après 1917, Weber utilise de plus en plus le concept de révolution dans un sens polémique, de lutte politique. Se désignant luimême comme un „bourgeois conscient de son appartenance de classe“, 26 Weber veut battre le bolchévisme russe et les révolutionnaires socialistes en Allemagne en utilisant contre eux leurs propres armes théoriques, puisées dans l’arsenal du marxisme orthodoxe. Jürgen Kaube également, dans la biographie qui vient d’être publiée, traite Weber comme un représentant de la bourgeoisie et fait de cette idée 78 DDossier une clé pour l’interprétation de sa vie et de son œuvre. 27 En dépit de cette divergence, Weber reconnaît le potentiel de salut quasi-religieux des théories révolutionnaires socialistes. 28 Selon lui, l’espérance révolutionnaire est maintenue en vie sous une forme particulièrement pure par le syndicalisme qui agit sans se soucier des conséquences de ses actes. Weber le classe dans la catégorie de l’éthique de la conviction. 29 Dans le débat politique en revanche, il traite les révolutionnaires de romantiques, utopistes, ‚prophètes‘ et démagogues loin des réalités de ce monde et des exigences de la Realpolitik. Les chefs de la révolution allemande sont dénigrés comme „littérateurs dilettantes“ et „intellectuels de café du commerce“. 30 La révolution allemande de 1918/ 19 est pour Weber une manifestation irrationnelle, un „narcoticum“, 31 un carnaval bigarré. 32 Le concept wébérien de révolution, appliqué à l’histoire, est donc descriptif. Il n’est ni matérialiste ni décisionniste. Il est doublement intégré dans l’œuvre de Weber: 1) au plan méthodologique par la construction d’idéaux-types, 2) au plan matériel par la conception d’ordres et de pouvoirs en conflit. La révolution est un trait caractéristique de l’histoire occidentale de l’autoreprésentation des bourgeoiscitoyens. 2. Le concept de charisme Avec le charisme, quelque chose de radicalement nouveau apparaît dans la sociologie de la domination de Weber. C’est le troisième type de légitimité de la domination, qui repose sur „l’abandon pieux et personnel“ des dominés aux qualités considérées comme extraordinaires d’une personne, d’un chef. 33 La domination charismatique est le type révolutionnaire de domination dans l’œuvre de Weber. Des situations révolutionnaires et des phénomènes extra-quotidiens font partie de ses éléments constitutifs. Une domination charismatique naît de „détresse et d’enthousiasme“, c’est-à-dire d’une situation d’exception dans laquelle on a besoin de dirigeants avec des capacités et des dons extraordinaires. Weber parle de délivrance de „détresse psychique, physique, économique, éthique, religieuse et politique“. 34 Le maintien d’une domination charismatique dépend de la capacité du porteur du charisme à faire ses preuves et de la reconnaissance du charisme par les dominés. Cette forme de domination est donc instable et transitoire. Elle est la forme de domination spécifiquement extra-quotidienne. Elle s’oppose à la routine, elle est étrangère à la rationalité économique ordinaire, elle rompt avec toute norme existante. Par opposition à la domination traditionnelle et à la domination rationnelle-bureaucratique, la structure de la domination charismatique n’est pas propre à assurer le fonctionnement politique quotidien. Le charisme s’oppose à la norme et au droit institué. Ce qui est décisif, c’est la disposition d’esprit d’un prophète ou d’un héros, qui „adopte une attitude révolutionnaire de renversement de toutes les valeurs et de rupture souveraine avec toute norme traditionnelle ou rationnelle“. 35 Weber se plaît à citer dans ce contexte les paroles 79 DDossier de Jésus dans le sermon sur la montagne: „C’est écrit - mais moi je vous parle! “ 36 La révélation divine ou prophétique prend la place du droit traditionnel. Il est intéressant de noter que l’on trouve beaucoup d’éléments du christianisme originel dans le type de domination charismatique chez Weber et qu’il se sert de citations de la Bible pour l’illustrer. 37 Cela s’explique par les circonstances de l’introduction du concept de charisme dans son œuvre. Il apparaît pour la première fois dans l’Ethique Protestante (1904/ 05), dans le contexte du piétisme de Zinzendorf. Weber y parle de „charisme du dénuement apostolique“ auprès „des ‚disciples‘ choisis par ‚élection de la grâce‘ divine“. 38 A l’époque de Weber, le concept de charisme était un terme technique de l’exégèse théologique. Comme l’a démontré Thomas Kroll, 39 le véritable saut vers le type de domination charismatique a eu lieu vers 1909/ 10, dans le contexte du débat entre l’historien du droit ecclésiastique Rudolph Sohm et le théologien Adolf Harnack sur la structure de l’église ancienne. Sohm avait décrit l’organisation charismatique de l’église ancienne dans son ouvrage Kirchenrecht („Droit ecclésiastique“) 40 que Weber cite à plusieurs reprises. Cette organisation reposait sur une foi en des charismes spécifiques et non sur une structure d’obéissance ou une structure administrative assortie de sanctions juridiques. Cette idée fascinait le juriste qu’était Weber et il la transpose dans la construction d’un nouveau type de domination. Il s’agit d’une forme de domination avant tout sociale, et non politique. 41 Cela ne signifie cependant pas que la domination charismatique représente une version ‚light‘ de domination. Sohm lui-même insiste sur le caractère autoritaire du rapport d’obéissance. La reconnaissance du porteur du charisme est obligatoire, car il est un émissaire de Dieu pourvu de charisme (don de grâce). Il s’agit d’une „catégorie dont la structure relève de la violence“ toute particulière qui repose sur un dévouement pieux. 42 Ici, la foi en la légitimité joue un rôle plus grand que dans les autres types de domination, car en l’absence d’un appareil administratif, elle est la garante du maintien de la domination charismatique. 43 Le charisme, en revanche, fait reposer son pouvoir sur la croyance en une révélation, sur la foi dans des héros, sur la conviction émotionnelle de l’importance et de la valeur d’une manifestation de type religieux, éthique, artistique, scientifique, politique, ou de quelque nature que ce soit [ ]. Cette croyance révolutionne les hommes ‚de l’intérieur‘ et s’emploie à conformer les choses et les ordres à sa volonté révolutionnaire. 44 Avec ces mots Weber décrit, dans le chapitre „Transformation du charisme“ l’effet révolutionnaire du charisme. Le charisme „manifeste [ ] son pouvoir révolutionnaire de l’intérieur, à partir d’une ‚metanoia‘ centrale dans l’esprit des dominés“. 45 Comme nous l’avons vu, Weber reprend ici le concept kantien de révolution et l’insère dans sa conception du charisme. Ainsi, révolution, éthique de la conviction et charisme ne font plus qu’un, de sorte que Weber puisse appeler „hommes politiques charismatiques“ de grands personnages politiques dont l’activité révolutionnaire est motivée par une éthique de la conviction, comme par exemple des dirigeants révolutionnaires socialistes. Cependant, la conception wébérienne du cha- 80 DDossier risme a encore un second aspect qui, en revanche, n’est pas désigné nommément. Dans sa forme la plus développée, la mission charismatique peut présenter, comme l’écrit Weber, „un caractère révolutionnaire“: il „renverse l’ordre de rang des valeurs et bouscule la coutume, la loi et la tradition“. 46 On y entend clairement le „renversement des valeurs“ de Nietzsche. Le chapitre „Transformation du charisme“ ne présente pourtant pas une théorie systématique de la révolution, mais plutôt la proposition anthropologique suivante, comme l’a souligné Wolfgang J. Mommsen: 47 des hommes qui possèdent des qualités charismatiques particulières peuvent intervenir dans le cours de l’histoire, le moduler et le modifier. Malgré tout son enthousiasme pour l’effet révolutionnaire du charisme, Weber ajoute une restriction importante: le charisme est „la puissance révolutionnaire spécifiquement ‚créatrice‘ de l’histoire“. 48 La puissance révolutionnaire du charisme et son potentiel - provoquer un bouleversement de l’ordre établi -, sont ainsi limités aux époques passées. Dans les sociétés primitives et traditionnalistes, le charisme a pu effectivement renverser l’ordre établi. Cependant, Weber est convaincu de son échec dans les sociétés modernes, rationnelles et bureaucratiques. C’est la grande restriction faite par Weber. Elle le pousse à délimiter 49 le charisme non seulement par rapport à la puissance révolutionnaire du rationalisme bureaucratique qui agit de l’extérieur, mais aussi en posant la question suivante: quelles sont les chances que la modernité ménage encore aux manifestations du charisme individuel? Car, et c’est la thèse de Weber, sa puissance potentielle est fortement limitée par l’‚habitacle‘ de la rationalisation et de la bureaucratisation. Pour cette raison, Weber a dû être surpris lui-même par l’importance que le charisme personnel revêtait lors de la révolution d’octobre en 1917 et de la révolution allemande de 1918. 3. Une théorie des bouleversements Dans la nouvelle version d’Économie et société, Weber annonce une „théorie des bouleversements“ (Umwälzungen), i. e. du „renversement“ (Umsturz). En n’utilisant pas l’expression „théorie de la révolution“, il se distancie de l’usage terminologique de son temps. Dans le langage sobre des „Catégories fondamentales de la sociologie“, le concept ‚révolution‘ est associé à une activité humaine qui peut avoir sciemment pour but de perturber des relations sociales concrètes, déterminées ou ordonnées en général d’une manière déterminée, c’est-à-dire perturber l’activité qui se déroule conformément à leur contenu significatif, ou bien entraver sa formation ou son maintien. 50 Une activité révolutionnaire perturbe donc consciemment une relation sociale structurée; Weber pense ici à l’État. Dans la perspective de la sociologie de la domination, la révolution est une usurpation du pouvoir de disposer de l’état-major politique humain et de l’appareil des biens matériels (politischer Menschenstab und Sachgüterapparat), 51 et dans une perspective anthropologique il s’agit d’un 81 DDossier événement extraordinaire, émotionnel ou, formulé de façon plus drastique: d’un écroulement violent. 52 La révolution n’a qu’une place marginale dans la nouvelle typologie de la domination. Max Weber avait prévu de la traiter de façon systématique dans un chapitre à part, intitulé „Théorie des bouleversements“ („Theorie der Umwälzungen“). On ne trouve pas de théorie sociologique de la révolution chez Weber, mais il y a quelques remarques à ce sujet dans le passage sur les „Formes mixtes de domination“. Au centre de son attention se trouvent les deux aspects fondamentaux de son concept de domination: la validité de la légitimité et l’organisation 53 . Un écroulement total de la foi en la légitimité avait préparé, selon Weber, l’éclatement de la révolution allemande de 1918. De façon parallèle au chapitre sur la domination, il formule dans son cours sur „Sociologie de l’État“: 1) Écroulement de la foi en la légalité (Hindenburg), 2) Écroulement de la tradition de l’obéissance, 3) Écroulement du prestige des dirigeants. 54 La situation d’exception de la guerre joue un rôle important. Une autre question était de savoir qui pouvait être en mesure de renverser les anciennes puissances et de gagner le pouvoir de disposer de l’appareil de domination. Weber mentionne d’une part les chefs charismatiques avec leurs partisans, d’autre part des conjurations d’états-majors administratifs. En parallèle à cela, Weber introduit deux nouvelles catégories: les „révolutions charismatiques“ et les „révolutions traditionalistes“. 55 Ces deux catégories montrent comment Weber insère maintenant le concept de révolution dans sa propre construction des catégories sociologiques de la domination, tout en recourant au pouvoir du concept de charisme. Les „révolutions traditionalistes“ désignent la résistance „contre la personne du seigneur (ou: du serviteur) qui a fait fi des limites traditionnelles du pouvoir, mais non contre le système en tant que tel“. 56 Quant au „révolutions charismatiques“ ou „révolutions charismatiques conduites par un chef“, il formule (avec une référence évidente au présent): Les révolutions charismatiques de chefs contre des pouvoirs basés soit sur du charisme hérité soit sur une autorité instituée apparaissent dans tous les groupements, depuis l’État jusqu’aux syndicats (et justement à l’époque actuelle! ) et il ajoute - ce qui équivaut à admettre directement le pouvoir du charisme personnel dans les révolutions actuelles: Ce n’est que par la révolte de chefs charismatiques contre les chefs légaux et par la création de groupes de partisans qu’il a été possible de déposséder les anciennes puissances de leur pouvoir; et ce n’est que par le maintien de l’appareil de fonctionnaires spécialisés qu’il a été techniquement possible d’affirmer et de garder le pouvoir. 57 Sans les capacités charismatiques ou „démagogiques“ d’un Lénine, Trotski ou Kurt Eisner, il n’y aurait probablement pas eu les révolutions en Russie et en Bavière. Du point de vue conceptuel on peut donc supposer que, de façon analogue aux ‚révolutions traditionalistes‘, les ‚révolutions charismatiques (conduites 82 DDossier par un chef)‘ désignent pour Weber dans un premier temps simplement la modification à la tête du groupement. Cependant, par le fait de la „quotidianisation du charisme révolutionnaire“, des révolutions charismatiques conduites par un chef peuvent évoluer vers une démocratie plébiscitaire sous la direction d’un chef (plebiszitäre Führerdemokratie). 58 Quant aux révolutions à l’époque des masses, Weber reste sceptique. 59 Au début de sa nouvelle sociologie de la domination, il répète son ancienne thèse fondamentale: Il n’est pas permis de se laisser abuser un instant par toutes les instances contraires apparentes, qu’il s’agisse de représentations collégiales d’intérêts, de commissions parlementaires, de ‚dictatures-conseils‘ [ ], sur ce fait que tout travail continu [kontinuierlich] est effectuée dans les bureaux par les fonctionnaires. 60 Malgré les bouleversements en cours, Weber reste convaincu qu’il n’y a aucune alternative à l’organisation bureaucratique de la domination dans des États modernes. Seul l’exercice monocratique et bureaucratique de la domination garantirait une administration de masse effective et techniquement parfaite. Des bouleversements de la structure de domination dans les conditions de la modernité se réduiraient par conséquent à des changements à la tête des groupements, à des coups d’États ou des révolutions de chefs. Un bouleversement révolutionnaire de l’État et de la société modernes, une reconstruction totale de leurs structures, se situe à l’extérieur des potentialités de l’analyse sociologique de Max Weber. Les révolutions de son temps représentent donc un test pour la thèse de Weber: quels sont les rapports entre révolution et bureaucratie? Suivant Weber, les révolutions de 1917 et 1918/ 19 peuvent être catégorisées de façon systématique en trois modèles: 1) Le modèle allemand: L’ancienne bureaucratie se maintient en combinaison avec un gouvernement collégial. L’existence de l’ancien appareil administratif empêche l’établissement d’un nouvel ordre. Comme Weber le craignait, la révolution refluait vers un traditionalisme et une contre-révolution. 2) Le modèle des conseils d’ouvriers et de soldats: l’établissement de nouveaux états-majors administratifs par les nouveaux pouvoirs représente la tentative d’une organisation alternative à celle de l'administration. „Mais il fallait d’abord ‚inventer‘ la technique pour former ces nouveaux états-majors“, écrit Weber. 61 On peut citer comme exemples les républiques de conseil en Russie, en Hongrie et en Allemagne. Dans les deux derniers cas, l’expérimentation se soldait au bout de quelques mois par un échec. En Allemagne, cependant, le mouvement des conseils a eu, à la longue, un succès un peu plus important, en favorisant la naissance des conseils d’entreprise et des groupes de travail réunissant entrepreneurs et syndicats. 3) Le modèle russe: dictature socialiste qui soumet les appareils bureaucratiques et les réoriente. Dans son cours sur la „Sociologie de l’État“, Weber formule de façon concise: „Dictature socialiste: Russie. Instrument: tribunaux révolution- 83 DDossier naires. Juridiction et administration dans une seule main, exercées selon les représentations matérielles de la justice, et pas d’après des principes juridiques formels“. 62 Ceci indique que la révolution a produit un changement de paradigme qui représente une alternative à la rationalité des bureaucraties occidentales. Dans le secteur économique la régulation étatique de la production (la socialisation) et l’économie planifiée qui régulait la consommation s’opposaient à l’économie d’échange monétaire. 63 Le développement de l’économie de plan dans la république soviétique exigeait même une bureaucratisation progressive dotée d’une instance de décision effective et rapide, ce qui menait à la „dictature du prolétariat“ ou, comme Weber la nommait - à la „dictature militaire“. 64 A la place de l’égalité de tous, on introduisit un droit de vote censitaire qui liait le droit de vote au revenu du travail. A la place de la démocratie directe on imposait le mandat impératif, qui était, selon Weber, „un faible Ersatz de la démocratie directe, impossible à réaliser dans des groupements de masse“. 65 Weber indique ici très concrètement les ébauches d’une reconstruction révolutionnaire des structures organisationnelles dans l’administration, de l’économie et de la politique; en même temps, il met en lumière le fossé qui sépare l’idéal révolutionnaire de son implantation effective. Quelles structures existantes ou quelles nécessités organisationnelles empêchent la reconstruction révolutionnaire? ‚Révolution‘ et ‚charisme‘ sont donc chez Weber des concepts analytiques destinés à expliquer - avant tout - des événements extraordinaires du passé; contrairement au marxisme, ils ne constituent pas des modèles de développement ouverts sur l’avenir. Les deux concepts sont liées aux fondamentaux de l’œuvre de Weber: au plan de la méthode à l’explication idéaltypique; au plan structurel à la valeur et à la dynamique propres aux sphères sociétales; au plan matériel à la liberté d’action réduite par le rationalisme bureaucratique des sociétés modernes. Je pense que les catégories wébériennes peuvent être utilisées pour l’analyse d’une grande variété d’événements. Les révolutions actuelles des places Tahir, Taksim ou Majdan constitueraient un bon test. Même si Weber n’est pas de notre époque, 66 je suis convaincue que ses catégories peuvent nous être utiles pour l’analyse systématique de transformations structurelles contemporaines. La sociologie politique de Weber pourrait nous aider à mieux distinguer le remplacement de cliques dirigeantes et des transformations sociétales, à évaluer l’influence de groupes ethniques et religieux, ainsi qu’à prendre en compte des interdépendances économiques ou des configurations nationales et géostratégiques. Son cadre d’analyse devrait être élargi, par exemple afin de pouvoir embrasser le phénomène d’un capitalisme développé et globalisé et celui des possibilités d’influence qu’offre aujourd’hui une communication de masse mondialisée à travers les nouveaux médias sociaux. 84 DDossier Weber, Max, Gesammelte Aufsätze zur Religionssoziologie. I, Tübingen, J.C.B. Mohr (Paul Siebeck), 1920. Weber, Max, Wirtschaft und Gesellschaft (Grundriß der Sozialökonomik, Abt. III), Tübingen, J.C.B. Mohr (Paul Siebeck), 1921/ 22. Weber, Max, Essais sur la théorie de la science, Paris, Plon, 1965. Weber, Max, Économie et société. I, Paris, Plon, 1971. Weber, Max, Sociologie du droit, Paris, PUF, 1986. Weber, Max, Gesammelte Aufsätze zur Wissenschaftslehre, Tübingen, J.C.B. Mohr (Paul Siebeck), 1988. Weber, Max, Sociologie des religions, Paris, Gallimard, 1996. Weber, Max, Confucianisme et taoïsme, Paris, Gallimard, 2000. Weber, Max, L'éthique protestante et l'esprit du capitalisme, suivi d'autres essais, Paris, Gallimard, 2003a. Weber, Max, Hindouisme et Bouddhisme, Paris, Flammarion, 2003b. Weber, Max, Le savant et le politique. Une nouvelle traduction. La profession et la vocation du savant. La profession et la vocation de politique, Paris, La Découverte/ Poche, 2003c. Weber, Max, Œuvres politiques 1895-1919, Paris: Albin Michel, 2004. MWG I/ 4, Landarbeiterfrage, Nationalstaat und Volkswirtschaftspolitik Schriften und Reden 1892-1899, Tübingen, J.C.B. Mohr (Paul Siebeck), 1993. MWG I/ 10, Zur Russischen Revolution von 1905. Schriften und Reden 1905-1912, Tübingen, J.C.B. Mohr (Paul Siebeck), 1989. MWG I/ 15, Zur Politik im Weltkrieg. Schriften und Reden 1914-1918, Tübingen, J.C.B. Mohr (Paul Siebeck), 1984. MWG I/ 16, Zur Neuordnung Deutschlands. Schriften und Reden 1918-1920, Tübingen, J.C.B. Mohr (Paul Siebeck), 1988. MWG I/ 17, Wissenschaft als Beruf 1917/ 1919 - Politik als Beruf 1919, Tübingen, J.C.B. Mohr (Paul Siebeck), 1992. MWG I/ 19, Die Wirtschaftsethik der Weltreligionen. Konfuzianismus und Taoismus. Schriften und Reden 1915-1920, Tübingen, J.C.B. Mohr (Paul Siebeck), 1989. MWG I/ 20, Die Wirtschaftsethik der Weltreligionen. Hinduismus und Buddhismus. 1916-1920, Tübingen, J.C.B. Mohr (Paul Siebeck), 1996. MWG I/ 22-1, Wirtschaft und Gesellschaft. Die Wirtschaft und die gesellschaftlichen Ordnungen und Mächte. Nachlaß, Teilband 1: Gemeinschaften, Tübingen, J.C.B. Mohr (Paul Siebeck), 2001 MWG I/ 22-2, Wirtschaft und Gesellschaft. Die Wirtschaft und die gesellschaftlichen Ordnungen und Mächte. Nachlaß, Teilband 2: Religiöse Gemeinschaften, Tübingen, J.C.B. Mohr (Paul Siebeck), 2001 MWG I/ 22-3, Wirtschaft und Gesellschaft. Die Wirtschaft und die gesellschaftlichen Ordnungen und Mächte. Nachlaß, Teilband 3: Recht, Tübingen, J.C.B. Mohr (Paul Siebeck), 2010. MWG I/ 22-4, Wirtschaft und Gesellschaft. Die Wirtschaft und die gesellschaftlichen Ordnungen und Mächte. Nachlaß, Teilband 4: Herrschaft, Tübingen, J.C.B. Mohr (Paul Siebeck), 2005. MWG I/ 22-5, Wirtschaft und Gesellschaft. Die Wirtschaft und die gesellschaftlichen Ordnungen und Mächte. Nachlaß, Teilband 5: Die Stadt, Tübingen, J.C.B. Mohr (Paul Siebeck), 1999. MWG I/ 23, Wirtschaft und Gesellschaft. Soziologie. Unvollendet 1919-1920, Tübingen, J.C.B. Mohr (Paul Siebeck), 2013. MWG I/ 24, Wirtschaft und Gesellschaft. Entstehungsgeschichte und Dokumente, Tübingen, J.C.B. Mohr (Paul Siebeck), 2009. 85 DDossier MWG II/ 10, Briefe 1918-1920, Tübingen, J.C.B. Mohr (Paul Siebeck), 2012. MWG III/ 7, Allgemeine Staatslehre und Politik (Staatssoziologie). Mit- und Nachschriften 1920, Tübingen, J.C.B. Mohr (Paul Siebeck), 2009. * Contribution faite à l’occasion de la Journée d’études „Max Weber, La domination“ (Centre de recherches historiques [EHESS/ CNRS], Paris, 8 avril 2014). Traduction: Hinnerk Bruhns; relecture: Julie Sentis. Le sigle MWG renvoie à Max Weber-Gesamtausgabe (édition critique des œuvres complètes de Max Weber), sous la direction de Horst Baier, Gangolf Hübinger, Mario Rainer Lepsius, Wolfgang J. Mommsen, Wolfgang Schluchter et Johannes Winckelmann. Les sigles MWG évoqués en notes sont référencés dans la bibliographie en fin d'article. 1 Jonathan M. Acuff, „Islam and the Charismatic Revolutionary Social Transformation of Iran“, in: Totalitarian Movements and Political Religions, 4, 2, 133-156; Dustin Byrd, Ayatollah Khomeini and the Anatomy of the Islamic Revolution. Toward a Theory of Prophetic Charisma, Lanham et al., University Press of America, 2011. 2 Mario R. Lepsius, „Das Modell der charismatischen Herrschaft und seine Anwendbarkeit auf den ,Führerstaat‘ Adolf Hitlers“, in: id., Demokratie in Deutschland. Soziologischhistorische Konstellationsanalysen. Ausgewählte Aufsätze, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht 1993, 95-118; id., „Max Weber, Charisma und Hitler“, in: Frankfurter Allgemeine Zeitung, 196 (24 août), 2011, 3. Cet article se rapporte à la discussion controversée de Ludolf Herbst, Hitlers Charisma. Die Erfindung eines deutschen Messias, Frankfurt/ Main, S. Fischer, 2010. 3 Dirk Kaesler, Revolution und Veralltäglichung. Eine Theorie postrevolutionärer Prozesse, München, Nymphenburger, 1977. 4 Wolfgang J. Mommsen, „Max Webers Begriff der Universalgeschichte“, in: Jürgen Kocka, Max Weber, der Historiker, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 1986, 51-72. 5 Yves Sintomer, „Introduction“, in: Max Weber, La domination, Paris, La Découverte, 2013, 26. 6 Ceci concerne surtout le séminaire de recherche („Dozentenseminar“) à Munich. Cf. l’entretien de Hideharu Ando avec Wilhelm Stichweh à Hanovre le 10 novembre 1969, Nl. Ando, Seikei-Universität, Tokyo, cassette n° 3. 7 Max Weber, Wirtschaft und Gesellschaft. Soziologie. Unvollendet 1919-1920, Tübingen, J.C.B. Mohr (Paul Siebeck), 2013. 8 Pour l’utilisation générale du concept, cf. Reinhart Koselleck et al., „sub voce Revolution, Rebellion, Aufruhr, Bürgerkrieg“, in: Otto Brunner / Werner Conze / Reinhart Koselleck (ed.), Geschichtliche Grundbegriffe. Historisches Lexikon zur politisch-sozialen Sprache in Deutschland, 5, Stuttgart, Klett-Cotta, 1984, 653-788. 9 MWG I/ 22-4, 210; Max Weber, La domination, op. cit., 102. 10 MWG I/ 22-4, 613; Max Weber, La domination, op. cit., 363. Le terme a été introduit par Samuel Rawson Gardiner, The First Two Stuarts and The Puritan Revolution 1603-1660, London, Longmans, Green, and Co, 1876. Cf. l’explication de Weber in: MWG I/ 22-4, 613, note 74. 11 Cf. la première version du texte: Max Weber, „Die protestantische Ethik und der ‚Geist‘ des Kapitalismus“, in: Archiv für Sozialwissenschaft und Sozialpolitik, 20, 1904/ 05, 1-54, ici 28sqq.; voir également la version révisée de 1920: Max Weber, Gesammelte Aufsätze zur Religionssoziologie, I, Tübingen, J.C.B. Mohr (Paul Siebeck), 1920, 52-55; également Weber 2003a: 49sqq. 86 DDossier 12 Cf. Reinhart Koselleck et al., „sub voce Revolution, Rebellion, Aufruhr, Bürgerkrieg“, op. cit., 730. 13 Cf. la disposition du „Grundriß der Sozialökonomik“ (1914), in: MWG I/ 24, 168. 14 MWG I/ 22-4, 613; Max Weber, La domination, op. cit., 363; MWG I/ 19, 498; Weber 2003a: 433. 15 Weber, Zur Lage der bürgerlichen Demokratie in Rußland, MWG I/ 10, 164 sq., et Weber 2004: 150. 16 MWG I/ 22-4, 649 sq.; Max Weber, La domination, op. cit., 388. 17 Au sujet de cette restriction du concept de révolution: concernant la Chine, Weber mentionne la soi-disante „révolution T’ai-p’ing“, 1851-1864 (cf. MWG I/ 19, 216; Weber 2000: 90), et pour le Japon la restauration des Meiji, catégorisée comme une „révolution au niveau de la technique militaire et administrative“ (cf. MWG I/ 20, 448; Weber 2003b: 454). 18 MWG I/ 17, 100 sq.; Weber 2003c: 97 sq. 19 Dans la sociologie de la domination, il mentionne la Révolution anglaise (MWG I/ 22-4, 276, 353; Max Weber, La domination, op. cit., 142, 193), puritaine: (ibid.: 613, 625; ibid.: 363, 370), la Révolution française (ibid.: 205, 300, 412, 508 sq., 517, 444, 627; ibid.: 98, 159, 234, 299 sq., 306, 329, 372, 375), russe de 1905 (ibid.: 162; ibid.: 68). Pour un résumé de sa pensée, cf. MWG I/ 19, 226 et Weber 2000: 101, où Weber énumère en 1919/ 20 „les cinq grandes [...] révolutions, l’italienne des 12 ème et 13 ème siècles, celle des Pays-Bas du 16 ème , l’anglaise du 17 ème ainsi que l’américaine et la française du 18 ème siècle“. 20 Weber 1988: 171; Weber 1965: 148. 21 MWG I/ 22-5, 124. 22 MWG I/ 22-4, 755. 23 Cf. les remarques sur ce débat dans l’introduction de Wilfried Nippel à Die Stadt (MWG I/ 22-5, 26); également Dirk Tänzler, „Politisches Charisma in der entzauberten Welt“, in: Peter Gostmann / Peter-Ulrich Merz-Benz (ed.), Macht und Herrschaft. Zur Revision zweier soziologischer Grundbegriffe, Wiesbaden, VS-Verlag, 2007, 107-137, ici 110 sqq., ainsi que la position opposée chez Stefan Breuer, Bürokratie und Charisma. Zur politischen Soziologie Max Webers, Darmstadt, Wiss. Buchgesellschaft, 1994, en particulier 176sqq.; enfin, Sintomer (2013: 27-30), pour qui il n'y a pas de théorie de la démocratie chez Weber. 24 Sur les Révolutions comme actions illégitimes: Andrea Mubi Brighenti, „Revolution and Diavolution: What is the Difference? “, in: Critical Sociology, 34, 6, 2008, 787-802, ici 790. 25 MWG I/ 22-3, 592-614; Weber 1986: 207-218. 26 MWG I/ 4, 335. 27 Jürgen Kaube, Max Weber. Ein Leben zwischen den Epochen, Berlin, Rowohlt, 2014. 28 Cf. MWG I/ 22-2, 287; Weber 1971: 279sq.; MWG I/ 10, 171. 29 Cf. surtout MWG I/ 17, 237; Weber 2003c: 191sqq. 30 Cf. MWG I/ 16, 381; Weber 2004: 300, 349sq.; MWG I/ 15, 391. 31 Lettre de Max Weber à Helene Weber du 19 novembre 1918, MWG II/ 10, 310. 32 Cf. MWG I/ 17, 227, ainsi que dans les lettres rédigées entre novembre 1918 et janvier 1920 (MWG II/ 10, 296, 356, 570, 898). 33 Weber 1921/ 22: 140; Weber 1971: 320; MWG III/ 7, 90 sq. 34 MWG I/ 22-4, 467 et 460; Max Weber, La domination, op. cit., 275, 270. 35 MWG I/ 22-4, 468; Max Weber, La domination, op. cit., 275. 87 DDossier 36 Ibid.; également MWG I/ 22-4, 735, 755; Weber 1921/ 22: 141; Weber 1971: 323; MWG III/ 7, 92 sq. 37 Par exemple: „Steh auf und folge mir nach“ („lève toi et suis moi“; MWG III/ 7, 92sq.); „Lilien auf dem Felde“ („lys des champs“; Weber 1921/ 22: 142; Weber 1971: 325; MWG III/ 7, 93); „wer nicht arbeitet “ („Qui ne travaille pas...“; Weber 1921/ 22: 142; Weber 1971: 325; MWG III/ 7, 93); „von seinem Gott verlassen“ („abandonné de son dieu“; MWG I/ 22-4, 466; Max Weber, La domination, op. cit., 274 et 734). 38 Weber 1920: 142 (et déjà dans la version de 1904/ 05); Weber 2003a: 170. Il n’y a aucune occurrence de „Charisma“ dans les ouvrages que Weber y cite. Je dois cette indication à Mme Ursula Bube qui travaille sur L’Éthique protestante en vue de son édition dans la Max Weber Gesamtausgabe. 39 Thomas Kroll, „Max Webers Idealtypus der charismatischen Herrschaft und die zeitgenössische Charisma-Debatte“, in: Edith Hanke / Wolfgang J. Mommsen (ed.), Max Webers Herrschaftssoziologie. Studien zu Entstehung und Wirkung, Tübingen, Mohr Siebeck, 2001, 47-72, en particulier 54. 40 MWG I/ 22-4, 462; Max Weber, La domination, op. cit., 271; MWG I/ 22-4, 735, 755; Weber 1921/ 22: 124; Weber 1971: 289 sq.; MWG III/ 7, 78 sq. 41 Les relations charismatiques jouent d’abord un rôle dans l’ébauche de la sociologie des associations que Weber présente en 1910 au premier congrès de sociologie. Cf. Edith Hanke, „Einleitung“, in: MWG I/ 22-4, 54. Cf. également Tänzler 2007: 123 qui partage l’idée que le charisme „n’est pas un phénomène intrinsèquement politique“. 42 MWG I/ 22-4, 462 et 467; Max Weber, La domination, op. cit., 271, 275. 43 Ibid.: 485; ibid.: 282. 44 Ibid.: 481; ibid.: 279. 45 Ibid.: 482; ibid.: 280, trad. mod. par H. Bruhns. C’est ici que se situe la critique de Stephen Turner qui met en question la fonction explicative du concept de charisme et échoue à saisir la fonction de la ‚metanoia‘. Cf. Stephen Turner, „Charisma - neu bedacht“, in: Peter Gostmann / Peter-Ulrich Merz-Benz (ed.), Macht und Herrschaft, op. cit., 81-105, en particulier 92. 46 MWG I/ 22-4, 483; Max Weber, La domination, op. cit., 280. 47 Wolfgang J. Mommsen, „Max Webers Begriff der Universalgeschichte“, op. cit., 62. 48 MWG I/ 22-4, 482; Max Weber, La domination, op. cit., 280. 49 Ibid.: 481; ibid.: 278, Weber 1921/ 22: 142; Weber 1971: 324sq. 50 Weber 1921/ 22: 21. 51 MWG I/ 17, 166; Weber 2003c: 126. 52 Ibid.: 172, 222, 246; Ibid.: 133sq., 178sq., 200. 53 Weber 1921/ 22: 153-155, en particulier 155; Weber 1971: 345-349). 54 MWG III/ 7, 98sq. 55 Weber 1921/ 22: 131; Weber 1971: 303. „Charismatische Revolutionen“ apparaît seulement dans ibid.: 148, 154; ibid.: 336 et 346, et dans la version ultérieure de l’essai sur les sectes (Weber 1920: 230, note 3; Weber 2003a: 309, note 48; „traditionalistische Revolutionen“ apparaît seulement dans Weber 1921/ 22: 131; Weber 1971: 303, et dans MWG III/ 7, 84. 56 Weber 1921/ 22: 131; Weber 1971: 302sq. 57 Ibid.: 146 et 155; ibid.: 332 et 349. 58 Cf. ibid.: 156sq.; ibid.: 350sq. Également MWG I/ 22-4, 742; MWG I/ 17, 224; Weber 2003c: 180. 59 Cf. la critique de Sintomer (2013: 27). 88 DDossier 60 Weber 1921/ 22: 128. 61 Ibid.: 155; Weber 1971: 349. 62 MWG III/ 7, 103. 63 Cf. surtout la nouvelle édition de Weber 1921/ 22, chapitre II: „Soziologische Grundkategorien des Wirtschaftens“, in: MWG I/ 23, 216-448, chapitre parfaitement commenté par Knut Borchardt. 64 Cf. surtout MWG I/ 15, 629; Weber 2004: 486. 65 Weber, 1921/ 22: 172; Weber 1971: 382. 66 Cf. Sintomer: „quand bien même notre présent ne serait plus le sien“ (2013: 38).