eJournals lendemains 35/138-139

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Narr Verlag Tübingen
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2010
35138-139

La contribution des médias euro-africains au développement de la communication mondiale

2010
Mustapha Masmoudi
ldm35138-1390015
15 Dossier 2. Démarches historiographiques et enjeux stratégiques Mustapha Masmoudi La contribution des médias euro-africains au développement de la communication mondiale Généalogie des concepts et axes de coopération en trente ans de dialogue Il est communément admis que derrière chaque organe de presse, il y a toujours une stratégie, et une orientation politique. Il convient de souligner, également que la plupart de ceux qui avaient dirigé les médias africains étaient inspirés d’une manière ou d’une autre, par une école européenne; mais dès l’accès des pays africains à l’indépendance, chacun prit ses distances. D’où les grandes divergences d’opinion lorsque l’Afrique lança dans un élan solidaire, son appel à l’instauration d’un Nouvel Ordre International de l’Information. L’intelligentsia européenne n’étant pas favorable à cet appel, de longues concertations à ce sujet étaient nécessaires. La commission S. McBride allait rapprocher les positions, mais il aura fallu attendre d’autres occasions. La réflexion engagée en 1995 au sujet des „autoroutes électroniques“ créa cette nouvelle opportunité, sans que pour autant les nuages soient tous dissipés. C’est ce long processus de dialogue que nous essayerons de relater dans cette analyse rétrospective: nous analyserons d’abord les raisons de divergences au cours de la première étape (1970-1977); nous étudierons le processus du rapprochement au cours de la deuxième phase (1977-1989); nous mettrons en relief dans une troisième partie, la convergence Euro-Africaine et les malentendus encore présents pour l’édification de la société de l’information (1995-2005). Ainsi, l’objectif de cette étude est de faire le point sur l’évolution de la coopération Euro-africaine en matière de développement de la communication dans la société de l’information. I. Controverses autour du premier concept du Nouvel Ordre International de l’Information Tirant les enseignements d’un long débat, sur les problèmes de l’information après la Deuxième Guerre mondiale. L’organisation des Nations Unies décida en 1952, de confier à un expert philippin, Salvador Lopez, le soin d’élaborer un rapport sur les déséquilibres de l’information et la répartition inéquitable des ressources naturelles limitées (ondes de fréquences). Mais les médias européens à l’époque n’avaient pas fourni un effort particulier pour souligner la gravité de ce déséquilibre. 16 Dossier 1. Domination occidentale et circulation de l’information à sens unique Les multiples bouleversements qui avaient secoué le monde, à cette période étaient la conséquence d’une réalité caractérisée par la domination politique et les obstacles de toute nature. En effet, le phénomène colonial, à travers un système d’information vertical, avait contribué selon les schémas préétablis, à la désarticulation socioculturelle des nations colonisées. Après leur accession à l’indépendance, les pays du Sud avaient essayé de mettre en place un système d’information capable de s’adapter aux exigences face à une situation caractérisée par un déséquilibre touchant à tous les secteurs se traduisant par l’absence de communication entre la ville et la campagne. La radio et la télévision, lorsqu’elles existaient, n’arrivaient pas à couvrir l’ensemble du territoire national, tandis que la presse écrite n’intéressait qu’un pourcentage très faible de la population: l’analphabétisme étant un facteur d’exclusion sociale, les agences de presse se caractérisaient par des retards considérables dans la couverture des événements nationaux. Aussi, le manque manifeste de moyens humains, financiers et technique mit les journaux en situation de dépendance vis-à-vis des agences de presse internationales, ce qui a engendré une circulation à sens unique de l’information. Ainsi le monde recevait 80% de ses nouvelles via le triangle Londres, New York et Paris. On pourrait mieux saisir l’ampleur du phénomène de l’inégalité et du déséquilibre, quand on sait que seulement 10 à 20% de ces nouvelles étaient consacrées au Tiers-Monde. Ces réalités valables à l’échelle de tous les pays du sud (1960-1970), l’étaient plus au niveau africain. Il convient de souligner qu’à cette période, l’exportation des équipements en matériel de communication par les pays développés vers les pays en développement avait atteint en 1974 un pourcentage de 92.85% pour la presse, 91.51% pour les téléviseurs, 78.22% pour les appareils de radio, 94,70% pour les magnétophones, et 98.32% pour les équipements photographiques et cinématographiques. En outre, avec près de 75% de la population mondiale, les pays en développement ne produisaient que 20% des ouvrages dont beaucoup étaient publiés par des filiales de société installées dans les pays industrialisés. De leur côté, les chaînes de radios et de télévisions diffusaient des programmes destinés à l’origine aux téléspectateurs occidentaux et qui ne s’adaptaient guère aux réalités africaines. Dans la plupart des pays africains de tels programmes représenteraient plus de 80% du temps global des émissions, ce qui tuait toute possibilité de création artistique locale. D’où l’aggravation de la domination culturelle, et de ses conséquences sur les spécificités locales. Les disparités concernaient à la fois les moyens d’information les plus perfectionnés (câbles coaxiaux, fibres optiques, transmission par satellites, télématique) et les contenus qui conditionnent le développement économique et socioculturel. 17 Dossier 2. Solution africaine contre une situation précaire a. Analyse Il y a cinquante ans, le continent africain était considéré par les plus optimistes comme une vaste maison aux multiples pièces, privée de tout système de communication interne, ouvrant uniquement sur l’extérieur et où, pour se rendre d’une pièce à l’autre, il fallait passer par la rue. Ce continent était en effet le parent pauvre de l’information. A cette époque, on estimait selon un rapport de la banque mondiale, le nombre des pays les moins avancés économiquement à 32 pays, plus de la moitié de ces pays étaient africains. Parallèlement la population de 55 pays était sous informés, les 2/ 3 de ces pays étaient du même continent. En effet, 23 pays africains, soit 46.9% des pays membres de l’O.U.A, ne disposaient pas d’émetteurs de télévision, et trente deux pays seulement disposaient d’une agence de presse nationale. Cependant que les liaisons entre ces agences étaient inopérantes. Les pays d’Afrique australe enserrés encore entre les régimes racistes de Johannesburg et de Salisbury ne disposaient pas d’agences de presse et subissaient de ce fait la ségrégation raciale et l’oppression érigées en système de gouvernance. Sur un autre plan, les pays africains qui étaient pourvus de grands moyens de communication, ne parvenaient pas à se libérer d’une certaine dépendance à l’égard des pays développés. La réalité, pour amère qu’elle fût, démontrait que cette dépendance revêtait des formes multiples: elle se situait aux niveaux des liaisons terrestres et spatiales, du matériel d’émission et de réception, de formation qualifiée et de programmes radiophoniques et télévisuels. Pour faire face à cette situation précaire, les pays africains conjuguèrent leurs efforts avec ceux des pays Non-alignés et du groupe des 77. b. Solutions Les pays africains avaient dénoncé ce déséquilibre aux différentes tribunes consacrées à l’étude des problèmes de l’information et de la communication, à toutes les occasions (Sommet du mouvement Non-aligné, réunions du groupe des 77 à l’échelle régionale ou devant les instances internationales). La plupart des documents élaborés à ce sujet avaient tenté de rendre compte fidèlement des griefs des pays africains à l’encontre du système de l’information et de la communication en vigueur et avaient proposé des solutions raisonnables. Mais c’est au 4 ème Sommet des pays Non-alignés à Alger (1973) que la volonté d’œuvrer à l’amélioration de la forme et du contenu de l’information (considérée comme un moyen de rapprochement entre les peuples et d’enrichissement du patrimoine culturel universel) a été exprimée avec une forte détermination politique. Lors de ce Sommet, les pays Non-alignés insistèrent sur la nécessité de procéder à l’élaboration d’un plan d’action, en vue d’assurer l’échange des idées, la circulation de l’information mettant l’accent sur l’importance de la création d’un nou- 18 Dossier veau système d’échange de nouvelles entre les agences de presse des pays Nonalignés. La création d’un pool des agences d’information constitua une première initiative de la part de ces pays. Mais le processus engagé par les pays Non-alignés n’a connu son impact que lors du symposium des pays Non-alignés, sur les problèmes internationaux de l’information. 1 Des recommandations fort pertinentes émanèrent de ce symposium. En effet, les experts participant à la réunion considérèrent que: l’émancipation de l’information dans les pays Non-alignés et dans tous les pays en développement, reflétait l’intérêt fondamental de ces peuples pour leur libération économique et constituait un élément fondamental de lutte pour l’indépendance, l’égalité, le progrès, la paix et la coopération entre tous les peuples, dans le cadre du respect de la souveraineté nationale; les moyens d’information devaient aider à supprimer la dépendance des économies des pays en développement et à affirmer l’importance du rôle qui est le leur dans l’économie mondiale; un effort particulier devait être fourni afin de neutraliser l’influence néfaste des moyens d’information étrangers qui s’opposaient aux aspirations et aux ambitions des pays Non-alignés. la nécessité de développer l’infrastructure de communication et d’accroître son efficacité de manière à éliminer la dépendance vis-à-vis des systèmes imposés par les puissances dominantes; le besoin de prêter assistance à toutes les initiatives visant à établir des encyclopédies destinées à corriger l’image des pays Non-alignés telle qu’elle est présentée dans les publications occidentales. On le voit, la revendication de nouveaux rapports en matière d’information avait trouvé sa pleine signification lorsque les participants préconisèrent l’instauration d’un Nouvel Ordre International de l’Information, propre à répondre aux besoins des pays en développement. Quatre mois plus tard (juillet 1976), la conférence des ministres de l’information et des directeurs d’agences de presse tenue à New Delhi, recommanda aux chefs d’Etats des pays Non-alignés d’adopter cette proposition et de considérer qu’un Nouvel Ordre International dans les domaines de l’information est aussi important qu’un Nouvel Ordre Economique International. Toutes ces recommandations furent adoptées par les chefs d’Etats ou de gouvernements des pays Non-alignés réunis à Colombo, en plus de la création d’un conseil intergouvernemental de coordination de l’information entre les pays Nonalignés et d’un pool pour les agences de presse. 2 • Les griefs des pays non alignés Pour les pays Non-alignés, l’Ordre International de l’Information en vigueur (1976) était caractérisé par un déséquilibre flagrant entre le Nord et le Sud à tous les niveaux. Les détails de ce déséquilibre peuvent se présenter comme suit: une inégalité de moyens en matière d’information; une hégémonie et une volonté de domi- 19 Dossier nation; un manque d’information sur les préoccupations des pays en développement; une survivance de l’ère coloniale dans le traitement des nouvelles; une domination économique et culturelle; une réelle négligence des préoccupations du Sud; une ignorance des devoirs de l’informateur; un droit d’accès aux sources d’information limité aux privilégiés; une absence d’une déontologie internationale; un déséquilibre en matière de droit d’auteurs; une configuration des réseaux de télécommunication basée sur l’intérêt des grandes puissances; une répartition inéquitable des ressources naturelles limitées (fréquences hertziennes et orbite géostationnaire des satellites). • Définition du Nouvel Ordre de l’Information selon l’optique des Non-alignés Le texte proposé par les pays Non-alignés, pour la définition du Nouvel Ordre International de l’Information (NOII) peut se résumer comme suit: le NOII souhaité est un processus à déclencher aux niveaux régional et international; il tend à substituer aux rapports dominants/ dominés, des relations d’égalités, illustrées par une circulation libre et équilibrée de l’information, et en faveur de toutes les nations; il vise à corriger les imperfections du système mondial de l’information, à combler les lacunes et à opérer un équilibrage des rapports internationaux en la matière; il aide les pays en développement à passer de la position de simples consommateurs à celle des producteurs autonomes dans le monde de l’information et de la communication; il doit se traduire par des initiatives touchant tous les niveaux (politique, économique, social et culturel); L’OUA (Organisation de l’Union Africaine) en juin 1977 à Addis-Abeba, puis la Conférence des Ministres Africains à Kampala (novembre 1977), avaient adopté, comme objectifs majeurs, toutes les conclusions du mouvement Non-aligné. Mais ces revendications furent accueillies avec scepticisme par la majorité des médias européens. Toutefois, de gros efforts seront fournis par les experts pour concilier les positions. II. Un dialogue euro-africain à l’UNESCO Depuis sa création, l’UNESCO s’était montrée intéressée par les questions relatives à l’information et à la communication. Mais le concept du Nouvel Ordre Mondial de l’Information au plein sens du terme n’a été évoqué au sein de cette organisation que depuis 1976, à l’occasion du symposium organisé à Tunis, 3 au niveau des experts, sur les problèmes de communication dans les pays en développement. Et depuis, l’action de l’UNESCO a pris une nouvelle orientation. Par la suite, la Conférence Générale de Nairobi (1976) adopta un programme d’études et de recherches pour les années 1977-1978 et admit que „la plus haute priorité doit être accordée aux mesures visant à réduire l’écart existant dans le domaine de l’information entre les pays développés et les pays en développement et aboutir à une circulation internationale de l’information plus libre et mieux équitable“. Cette 20 Dossier résolution engagea l’UNESCO à créer la Commission Internationale pour l’étude des problèmes de la communication (CIC) dont la présidence a été confiée à S. McBride. Mais aucune allusion au sujet du NOMIC, n’avait été faite puisque ce concept rappelait, selon certains Européens, l’ordre nouveau revendiqué par Hitler. Il a fallu attendre le rapport du Président du Conseil Intergouvernemental de l’Information des pays Non-alignés, (qui a été rédigé en juin 1978), 4 pour que le débat sur le concept du NOII soit engagé au niveau de la CIC. Ce rapport a été ensuite largement exploité à la XX ème Conférence Générale de l’UNESCO 5 et à la 33 ème Assemblée Générale de l’ONU (1978). 1. Travaux de la CIC Au cours de la XIX ème conférence générale (1976), il est apparu que la réflexion sur la communication était limitée par l’aspect fragmentaire des études entreprises, et que l’action gagnerait à s’appuyer sur une meilleure connaissance des problèmes de la communication dans la société moderne. Quelques mois après, le Directeur général créa une commission CIC de seize membres (dont quatre Européens et quatre Africains), venant d’horizons divers pour que, siégeant à titre individuel, ils puissent refléter la diversité et le pluralisme qui caractérisent les situations prévalant dans le domaine de la communication. Mais dès le départ, le quotidien britannique The Guardian du 8 décembre 1979, consacra toute une page à dénigrer les travaux de la Commission et à mettre en relief une prétendue divergence de vue entre les représentants des pays en développement. 6 Le rapport final de la CIC, témoignant d’une préoccupation essentiellement éthique, allait être comme un véritable plaidoyer pour la dignité humaine. Il affirma l’importance des valeurs fondées sur le respect des droits de l’homme et particulièrement celles qui se trouvent incorporées dans le droit à communiquer et tout particulièrement: l’universalité et l’interdépendance des problèmes de la communication; l’affirmation du principe de la liberté d’expression comme droit inaliénable de l’individu et de la collectivité au même degré; la nécessité de lutter contre toute forme de déséquilibre d’inégalité; l’engagement collectif en faveur de la démocratisation de la communication; la reconnaissance de la communication comme facteur de développement économique et socioculturel; la communication est un facteur essentiel dans la préservation de l’identité culturelle. Ainsi, les représentants du Sud avaient accepté d’enrichir leur document par l’apport de la CIC, et celle-ci avait estimé que l’Ordre de la communication en vigueur n’était pas satisfaisant dans tous les continents, et qu’il était capital d’imaginer un réaménagement des apports de la communication au savoir, à l’argent et au pouvoir. Car un Nouvel Ordre devrait par ailleurs entraîner un changement dans les structures nationales comme dans les structures internationales. Il convient de préciser ici, que la commission avait présenté ses conclusions comme des mesures susceptibles de conduire à l’instauration de ce Nouvel Ordre 21 Dossier par un processus continu de changement dans la nature des relations en matière de communication, entre les nations et à l’intérieur de chacune d’elle. 2. Débats constructifs aux conférences générales de l’UNESCO Les revendications légitimes des pays en développement avaient triomphé en 1978, quand la 20 ème conférence générale de l’UNESCO adopta la déclaration sur les principes fondamentaux concernant „la contribution des organes d’information au renforcement de la paix et de la compréhension internationale, à la promotion des droits de l’Homme et à la lutte contre le racisme, l’Apartheid et l’incitation à la guerre“. Ce fut là le premier document officiel des Nations Unies qui prit en considération les aspirations de la communauté internationale, pour mieux définir les droits, les devoirs, les obligations et les responsabilités des organes d’information. Par la suite, une résolution non moins importante fut adoptée, en même temps et selon laquelle la 20 ème conférence générale approuva le principe d’instauration d’un Nouvel Ordre Mondial de l’Information et de la communication, et invita la CIC à approfondir l’analyse du concept du Nouvel Ordre et indiqua les modalités de son application. Depuis cette date, et comme on peut le constater, le „Nouvel Ordre International de l’Information (NOII)“ devint le „Nouvel Ordre Mondial de l’Information et de la Communication (NOMIC)“. La troisième résolution quant à elle, invitait le directeur général de l’UNESCO à organiser une conférence intergouvernementale pour décider de la création d’un mécanisme de financement de la coopération en matière d’information. Ces résultats aillaient encourager la direction de l’UNESCO à viser plus loin. En effet, la 21 ème Conférence Générale de l’UNESCO adopta en novembre 1980 à Belgrade, après de laborieuses négociations, un texte jetant les bases du Nouvel Ordre (résolution 4/ 9). Selon ce texte, le Nouvel Ordre Mondial de l’Information et de la Communication qui reconnaît la nécessité d’une circulation libre, et équilibrée de l’information à l’échelle mondiale devait se baser entre autres sur: l’élimination des déséquilibres et des inégalités qui caractérisent la situation en vigueur; l’élimination des effets négatifs de certains monopoles, publics ou privés, et des concentrations excessives; la suppression des obstacles internes et externes qui s’opposent à une circulation libre et une diffusion plus large et mieux équilibrée de l’information et des idées; la pluralité des sources et des canaux d’information; la liberté de la presse et de l’information; la liberté des journalistes et de tous les professionnels des moyens de communication, une liberté inséparable de la responsabilité; la capacité des pays en développement de parvenir à améliorer leur propre situation notamment en s’équipant, en formant leurs cadres, en améliorant leurs infrastructures, et en rendant leurs moyens d’information et de communication aptes à répondre à leurs besoins et à leurs aspirations; la volonté sincère des pays développés de les aider à atteindre ces objectifs; le respect de l’identité culturelle et du droit de chaque nation d’informer l’opinion publique mondiale de ses intérêts, ses aspirations et ses valeurs sociales et culturelles; le respect du droit de 22 Dossier tous les peuples à participer aux échanges internationaux d’information sur la base de l’équité, de la justice et de leur intérêt mutuel; le respect du droit public, des groupes ethniques et sociaux, et des individus à accéder aux sources d’information et à participer activement au processus de la communication. En outre, les objectifs énoncés dans cette résolution rejoignaient dans une large mesure les aspirations des pays en développement à un Nouvel Ordre Mondial juste et plus équitable, fondé sur les principes de liberté, de réciprocité, de participation, ainsi que sur l’élargissement de la circulation de l’information et des idées. 7 Malheureusement, l’évolution des débats au cours des suivantes Assemblées Générales de l’ONU et de l’UNESCO ne permit pas d’avancer. Certains pays occidentaux avaient tenté de faire revenir la communauté internationale sur les résolutions adoptées et de bannir le terme du „Nouvel Ordre Mondial de l’Information et de la Communication“ des documents internationaux. 3. Réactions mitigées en Occident Le débat initié à l’UNESCO se poursuivit dans d’autres instances internationales. La Conférence Administrative Mondiale des Radios communications organisées en septembre 1979, et les conférences régionales préparatoires qui la précédèrent étaient l’occasion pour les représentants des pays en développement, d’exposer leur point de vue à ce sujet et d’entendre les réactions des pays industrialisés. • Au niveau de l’Union Internationale des Télécommunication (UIT) Le secrétaire général de l’UIT, Mohammed Mili, avait favorablement accueilli l’idée de l’instauration d’un NOMIC. Il avait reconnu en particulier que le développement des télécommunications internationales était inséparable du développement économique et social des peuples. En ce qui concerne les radiocommunications spatiales, le secrétaire général de l’UIT avait donné des assurances aux pays en développement, en mentionnant l’importance que revêt l’utilisation optimale du spectre des fréquences radioélectriques et de l’orbite des satellites géostationnaires; il insista sur la nécessité de développer d’une façon harmonieuse les services auxquels ces bandes étaient attribuées et en tenant compte de l’égalité des droits de tous les pays, grands ou petits… Concernant le problème de la tarification, M. Mili avait fait observer, que son Organisation était consciente de la complexité du problème, mais avait rappelé que les pays du Sud restaient tributaires des financements nécessaires. L’aide souhaitée consistera spécialement à faciliter l’accès aux systèmes électroniques internationaux, à un coût équitable, et à développer la recherche portant sur le renforcement de leurs moyens dans l’optique d’une meilleure diffusion de l’information, et d’une meilleure compréhension des pays en développement par le grand public des pays industrialisés. Mais après ces longs débats la situation resta sans le moindre changement. 23 Dossier • Au niveau de l’Organisation des Nations Unies (ONU) A l’issue de cette longue controverse sur le concept du NOMIC, la Commission de l’Information de l’ONU proposa, lors de sa réunion de 2 Mai 1990 à New York, un projet de résolution intitulé „l’information au service de l’humanité“. 8 Ce texte adopté par la 45 ème session de l’assemblée générale de l’ONU (décembre 1990) comportait six objectifs dont la comparaison avec ceux retenus dans la résolution de 1980, appelle les remarques suivantes: la phrase „élimination du déséquilibre et des écarts caractérisant la situation en vigueur“ a été remplacée par l’expression „limitation du déséquilibre et des écarts“ (article 1 er ) l’expression élimination des effets négatifs de certains monopoles publics et privés et de concentration est supprimée sans remplacement par une autre disposition contre les excès monopolistiques (article 2); l’ancien article 9 relatifs au rôle des médias dans la préservation de l’identité culturelle est supprimé, (cet article insistait sur le droit de chaque nation, à informer l’opinion internationale de ses intérêts, de ses aspirations et de ses valeurs sociales et culturelles). La nouvelle résolution s’est limitée à évoquer laconiquement cette question dans l’introduction de la résolution. • Dialogue Euro-Américain à Bruxelles Le dialogue qui s’est poursuivi à l’échelle internationale, pour la concrétisation de ces principes, n’enregistra pas une évolution significative. Certains pays occidentaux avaient tenté, en vain, d’amener la communauté internationale à revenir sur les résolutions qu’elle avait adoptées à ce sujet. La divergence entre le Nord et le Sud s’était cristallisée autour de l’expression „libre circulation de l’information“. Les pays industrialisés continuaient d’insister sur l’inviolabilité de la liberté de presse, alors que les pays du sud, tout en affirmant qu’ils n’étaient pas opposés à cette conception, réclamaient une circulation libre et équilibrée de l’information pour changer leur situation caractérisée par le déséquilibre et la disparité. Ces pays estimaient également que le rôle de l’UNESCO consistait à œuvrer en vue de réduire le fossé entre les pays industrialisés et ceux en développement dans le domaine de l’information… objectif qui s’accordait avec ceux de cette organisation dans la réalisation de la paix et de l’entente internationale. 9 Cependant les plus importantes décisions n’ont pas été enregistrées à New- York (ONU) ou à Paris (UNESCO), mais à Bruxelles où les Ministres des affaires étrangères de l’Union Européenne avaient élaboré un Accord en octobre 1989, prévoyant la nécessité de réserver 50% de la grille des programmes de télévision de leurs pays à des films et des feuilletons européens. La presse américaine avait attaqué cette décision qui lui paraissait contradictoire avec le principe de la libre circulation de l’information et des futurs accords sur le commerce international des produits culturels. Les représentants de chacune des parties n’avaient pas hésité alors à dénoncer l’existence d’un système protectionniste et la fermeture des frontières face à la production extérieure, des œuvres culturelles. Les Africains avaient 24 Dossier enregistré avec beaucoup d’attention le désaccord Euro-américain sur l’audiovisuel. Ils étaient sensibles à l’argumentation européenne qui ramenait le problème à l’invasion des produits audiovisuels américains et aux risques de recevoir, revue et corrigée, l’image du patrimoine européen avec des logiciels ou sur les lecteurs CD-ROM fabriqués ailleurs. Ces prises de position ont réconforté les Africains, puisqu’elles sont venues confirmer, comme l’avait écrit Hervé Bourges (ambassadeur de France à l’UNESCO) „la pertinence de la réflexion engagée“ sur le Nouvel Ordre Mondial de l’Information et de la Communication, ainsi que le point de vue des responsables de la culture et de l’éducation des pays en développement. Ces derniers avaient pressenti depuis longtemps que l’évolution des technologies de l’information pourrait aggraver le déséquilibre entre les pays du Nord et ceux du Sud. Tout est devenu plus clair qu’au-delà des valeurs culturelles et de la liberté d’expression, il y a des intérêts économiques qu’il faut protéger à tout prix. En clair, ces clarifications avaient suffi pour susciter davantage le rapprochement Euro-africain et favoriser le dialogue Nord Sud sur l’édification de la société universelle de l’information. III. Vers une société de l’information Après l’échec du communisme, la situation internationale avait manifestement changé. Le Monde Occidental conduit par les Etats unis ne pouvait plus dicter, ni même prédire toutes les conséquences en imposant un cadre spécifique à l’évolution des relations internationales. Dans un discours de 23 février 1993, le président américain B. Clinton avait repris, pour son compte, un plan pour le développement d’un programme technologique qu’il avait baptisé „l’autoroute de l’information“ (information super highway). Mais il avait précisé que cette autoroute ne pouvait s’arrêter aux frontières américaines; elle devrait représenter aux contraire un enjeu vital pour tous les pays, tant au niveau de leur sécurité et de leurs économies que de leur vie socioculturelle. De plus, elle impliquerait une nouvelle organisation de la société et des rapports différents entre les individus et les groupes. 1. Les enjeux économiques des autoroutes de l’information En effet dès l’élection du Président Clinton (1992), le thème „Information super high way“ (Super Autoroute de l’Information) devint le titre de l’action stratégique de la nouvelle équipe démocrate. A son tour, l’Europe prit au sérieux ce grand projet universel. De nombreuses études à ce sujet furent commandées par l’Union Européenne, parmi lesquelles on peut citer les rapports de Bangeman, de Carlo de Benedetti et de Gérard Théry. Le mérite de ces rapports était d’expliquer les en- 25 Dossier jeux de la société de demain et de mettre en relief le processus qui a conduit au concept de l’Autoroute de l’information. Selon Gérard Thery, les télécommunications connaîtront des réseaux nouveaux à très haut débit numérique qui représenteront un événement aussi important que celui des chemins de fer ou de l’électricité. Ces autoroutes sont donc la conséquence de ces progrès et se définissent comme le résultat du croisement de l’information, du téléphone et de la télévision. Ainsi, l’accès à l’information se fera en toute facilité, en toute sécurité, en tous lieux, à moindre coût, et par d’innombrables moyens. L’énorme potentiel qui sera mobilisé pour le développement du contenu entraînera l’émergence de nouveaux télé-services, à côté des programmes de loisirs qui seront enrichis par l’image virtuelle. C’est ce qui permettra la généralisation en faveur de l’ensemble de l’humanité du télé-enseignement, de la télé-formation, de la télé-médecine, de la recherche scientifique et de la création artistique. Mais, les observateurs avertis l’avaient compris, ce sont les détenteurs des logiciels, et les maîtres des réseaux, qui occuperont la position dominante. 10 Les Européens avaient saisi cette réalité: ils étaient de plus en plus convaincus qu’ils doivent développer eux-mêmes les logiciels de leurs réseaux, et s’organiser à deux ou à trois pays afin de créer des marchés de référence capables de rallier à leur standard d’autres pays européens. Il s’agit pour eux, d’éviter à tout prix une norme standard qui favoriserait la domination de la technologie américaine. Il faut rappeler que selon les experts de l’OMC, la part des services dans le commerce mondial représentait en 1993, officiellement, un millier de milliards de dollars, mais en vérité ce chiffre devrait être multiplié par deux pour tenir compte des échanges non déclarés entre les multinationales qui s’effectuent sous forme de service et de télé-services. Il faudrait compter en conséquence sur le marché africain pour permettre à l’Europe de garder une modeste place dans le commerce international. Prenant conscience de l’enjeu, les 40 chefs d’Etats africains, réunis à Tunis au mois de juin 1994 dans le cadre du Sommet annuel de l’OUA, avaient lancé un appel à la communauté internationale, dans lequel ils avaient annoncé leur volonté de mettre en œuvre des stratégies communes pour le développement (à l’échelle nationale et régionale) de leur potentiel de l’information, de la communication et de l’éducation ainsi que pour le renforcement de leur capacité dans le domaine de la collecte des données et de reportage. Mais, ils étaient conscients qu’une forme plus large et avec la participation de tous les pays était nécessaire pour décider du futur de la communauté humaine. Deux ans après l’appel du président Bill Clinton, la commission européenne réunit de son côté un conseil ministériel du G7, au parlement européen à Bruxelles, les 25 et 26 février 1995, en présence du Vice-président américain et des chefs des grands groupes industriels. Il s’agissait de concrétiser le concept de „la société de l’information“ sur la base de la libération des télécommunications et le respect de la diversité culturelle. Les ministres du groupe (G7) qui avaient participé à cette conférence avaient estimé que „la transition souple et efficace vers la société de 26 Dossier l’information“ était l’une des taches les plus importantes à entreprendre avant la fin du XX e siècle. Le document diffusé à l’issue des travaux de la conférence ministérielle, souligna la volonté des membres du G7 de jouer un rôle déterminant dans le développement de la société planétaire de l’information et de permettre en même temps aux pays en développement d’y participer. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle quelques décideurs politiques et quelques experts africains étaient invités à la réunion de Bruxelles. Mais, il a fallu attendre le Sommet Mondial sur la Société de l’Information (2003-2005) pour aborder les grands sujets. Il s’agissait d’assurer la connexion de la moitié des habitants de la planète aux différentes technologies de communication pour transformer la fracture numérique en perspectives réelles de développement et réaliser les 8 objectifs fixés par le Sommet du millénaire pour le développement (2000). Les représentants des pays africains étaient les plus intéressés par ces applications, 11 dans la mesure où les pays africains grâce à leur potentiel linguistique et culturel pourraient eux aussi, tirer un grand profit du télétravail, en exportant des télé-services de haute qualité et à des prix imbattables. 12 Il s’agit donc d’un choix stratégique dont on ne pouvait pas laisser la mise en œuvre aux soins exclusifs des grandes multinationales, d’où la nécessité d’un débat international pour faire prévaloir la maîtrise sociale de l’usage du multimédia et de concentrer la réflexion sur les conditions de production et de mobilisation de connaissances au service de ceux qui y ont le moins d’accès. Il ne faut pas cependant ignorer les éventuelles retombées négatives. Parmi les sujets de préoccupations, ont pouvait retenir les questions suivantes: les nouvelles technologies de communication représentent-elles un instrument pour combler le fossé entre le Sud et le Nord ou le creusent-elles davantage? qu’en est-il des principes d’universalité, d’égalité et d’équité pour l’accès aux réseaux d’échanges? comment réduire les effets négatifs des contenus qui étaient produits aux seules fins de rentabilité et de bénéfices rapides? quelles sont les garanties de respect des libertés, des autonomies et des valeurs culturelles pour les personnes ou pour les groupes? est-il concevable, dans ce cas, d’abolir le monopole de l’Etat pour le remplacer par le monopole d’une société multinationale? En clair, il convient de reconnaître à la majorité des pays africains le droit à un délai de rigueur pour effectuer la reconversion, consolider les structures nécessaires à l’édification de la société de l’information, motiver les décideurs économiques (public et privé) à l’investissement dans les différents secteurs de la communication et former les opérateurs qui doivent agir sur les plans de l’équipement du développement des télés services et de la production du contenu. 27 Dossier 2. La contribution Africaine au SMSI Au cours des dix dernières années, l’ONU avait régulièrement convoqué des Sommets Mondiaux des chefs d’Etats et de gouvernements pour favoriser le dialogue Nord-Sud sur des thèmes spécifiques. A l’issue de ces Sommets, étaient adoptées des déclarations et des plans d’actions. C’est en s’inspirant de cette série de Sommets et sur proposition d’un pays africain (la Tunisie) que l’assemblée générale des Nations Unies avait décidé de convoquer le Sommet Mondial sur la Société de l’Information (résolution 56/ 183), c’est-à-dire sur la transmission qui marquera le passage de l’humanité de la société industrielle à la société du savoir et où tout sera conditionné par l’utilisation intensive des technologies de l’information et de la communication. Le SMSI est donc le premier Sommet d’une nouvelle génération qui s’est déroulée en deux phases et qui a réuni non seulement les chefs d’Etats ou leurs représentants mais également les organisations internationales spécialisées, les chefs des grandes entreprises publiques et privées (c’est-à-dire le secteur des affaires) et les différentes composantes de la société civile (c’est-à-dire les ONG, les médias, les municipalités, les universités ….) Diverses études publiées durant la phase préparatoire du SMSI ont décelé le grand potentiel que la communauté internationale doit apporter à l’édification de la société de l’information. En effet, l’action solidaire a trouvé sa vocation dans la nouvelle économie de l’information, (telle que l’aide aux parents pour l’encadrement de leurs enfants et la mise des TIC au profit des personnes à besoins spécifiques). La solidarité numérique est apparue aussi sous forme de collecte des ordinateurs utilisés pour leur redistribution après recyclage aux personnes à modeste revenu. Mais le mérite des études initiées par les représentants des pays du Sud et des pays africains en particulier, était de rappeler surtout les recommandations de la CIC (commission des études internationales de la communication crée par l’UNESCO en 1979). En effet les experts africains qui avaient enrichi par leurs recherches les travaux préparatoires du SMSI étaient unanimes à établir une corrélation étroite entre les objectifs de ce Sommet et ceux énoncés trente ans plutôt pour l’instauration d’un Nouvel Ordre Mondial de l’Information et de la Communication (NOMIC). a. Retour au rapport de la CIC C’est la réflexion engagée à ce sujet, il y a trente ans au sein de l’UNESCO qui aurait inspiré les rédacteurs des résolutions du SMSI. 13 Les solutions préconisées en 1979 pour la réalisation du NOMIC se sont avérées 25 ans plus tard d’extrême actualité pour faire prévaloir les mérites de la cyber-démocratie, le droit de l’homme à communiquer et le développement de la solidarité numérique. Les membres de cette commission internationale, inspirés par leurs collègues africains étaient, en fait, les premiers à analyser à l’échelle internationale, l’importance du fossé qui séparait les pauvres des riches, dans le domaine de l’information. Leur première conclusion était que le déséquilibre est un phénomène complexe, à la fois qualitatif et quantitatif, qui se manifeste à différents niveaux et sous différents 28 Dossier aspects. Ils avaient relevé que l’écart entre „sur-informés“ et „sous-informés“ ne cessait de se creuser en même temps que s’accusait le déséquilibre entre émetteurs de l’information (Nord) et récepteurs (Sud). Pour les Africains, le Nord, c’est l’Europe et le Sud, c’est l’Afrique. En terme d’effets et de conséquences, les membres de la commission avaient conclu que les aspects du déséquilibre, inextricablement liés, ont conduit à la dépendance pour les uns, à la domination pour les autres et qu’il est donc important de ménager une meilleure répartition du bien être et du développement entre ces différentes nations. En effet, le sous-développement qui touchait les activités économiques du „Tiers-Monde“ s’étendaient au secteur de la communication et de l’information. Toutes les statistiques, menées à l’époque, confirmaient l’ampleur de ce fossé qui se creusait davantage à chaque découverte technologique. b. Corrélation entre NOMIC et Société de l’information Ce n’est que depuis le milieu du XX e siècle que les sciences de l’information ont été associées au processus de la croissance économique et de la promotion sociale. Les médias (anciens et nouveaux) sont devenus le facteur le plus déterminant à cet effet. Au fait, l’évolution de ce secteur n’a surpris ni les chercheurs ni les experts en études stratégiques; ce sont ces derniers qui l’avaient pressenti, en se basant sur les sciences de l’information, la révolution numérique et essayé de convaincre les décideurs d’intégrer les médias (supports et contenus) dans les stratégies du développement généralisé. De son côté la notion de la fracture numérique (expression récente) est venue confirmer la tendance à l’élargissement de l’écart et à l’approfondissement du fossé médiatique. Cette perception des choses qui était contestée hier, est acceptée aujourd’hui sans controverse. En effet, les principes de la Société de l’Information, tels que définis dans les résolutions du SMSI (2003-2005), ont été largement inspirés des 90 recommandations de la CIC. Ces affirmations sont justifiées par de nombreuses raisons. Nous citerons à titre d’exemple les six suivantes: • La révolution de l’information et son impact social Les auteurs du rapport CIC avaient pressenti en 1979 l’importance de l’informatique en affirmant que: „La révolution de l’information va offrir un apport fondamental pour le développement et que les stratégies de développement devraient incorporer des politiques de communication conformes au diagnostic des besoins et aux priorités retenues. Toutes les nations seront amenées à faire des choix difficiles dans les priorités d’investissement. Il est de plus haute importance que les écarts qui subsistent dans ce domaine soient rapidement réduits, d’où le besoin de soutenir le développement des pays les moins avancés en communication“. C’est le même constat qui est fait vingt cinq ans plus tard par les participants aux travaux préparatoires du SMSI. 29 Dossier • Démocratisation de la communication La commission Mac Bride avait pointé un déficit au niveau de la démocratisation de l’information, impliquant un souci majeur pour le respect de l’article 19 de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme: „Il est impératif que le développement des nouveaux moyens de communication soit en faveur de l’épanouissement de l’être humain et de chaque groupe tout en restant en harmonie avec la globalisation qu’entraîne le développement permanent des communications. Il faut donc agir pour créer une harmonie entre les législations internes et le droit international et favoriser la démocratisation de l’information. Les Droits de l’Homme ne sauraient exister en dehors de la liberté de la parole, de la presse, de l’information et de réunion“ (Il s’agit-là une autre affirmation qui conserve toute sa valeur intrinsèque). • La diversité culturelle L’expression „diversité culturelle“ est aujourd’hui très courante. Or, c’est le rapport de la CIC qui avait mis en relief, l’importance de cette notion en soulignant que: „La préservation de l’identité culturelle de chaque société permet l’établissement d’interrelations harmonieuses et créatrices avec d’autres cultures, d’où la nécessité d’un dialogue culturel permanent pour modifier la situation de dépendance culturelle dont souffrent de nombreux pays. C’est en s’éprouvant par rapport aux autres que chaque culture met en valeur sa propre identité“. Les mêmes affirmations ont été d’ailleurs soutenues par le SMSI dans le cadre d’un appel au „respect de l’identité culturelle, des traditions et des religions ainsi qu’au développement d’une société fondée sur le dialogue entre les cultures“. • Un nouveau rôle pour les ONG On ne peut oublier dans ce cadre l’intérêt accordé par la CIC aux ONG dans l’édification du NOMIC. Le rapport a insisté à maintes reprises sur le rôle essentiel des organisations professionnelles (en communication et presse) dans le développement général. Cette concordance n’est pas le fait du hasard: la participation massive des ONG au SMSI a confirmé ce besoin. En effet, la réflexion engagée à ce sujet par le CIC avait donné ses résultats depuis trente ans. L’une des premières manifestations concrètes a été l’organisation, en 1979, du colloque des ONG sur le droit à la communication. Sur recommandation de la CIC, quatre-vingt représentants de la société civile réunis au siège de l’UNESCO avaient préconisé un effort particulier de la part des ONG pour promouvoir le développement endogène et agir pour que les nouveaux médias (les moins coûteux et les moins dépendants des réseaux internationaux de transmission) ne soient pas réservés aux plus puissants ou accaparés par eux. Les participants à ce colloque avaient recommandé en outre aux ONG d’intervenir pour mobiliser l’opinion publique en faveur du droit à la communication. 30 Dossier • Les mécanismes de financement Le rapport de la CIC avait préconisé la création d’un Fonds International pour la Communication. Trois mois après la publication de ce rapport, une conférence intergouvernementale (DEVCOM) présidée par un membre de la CIC (l’auteur même de cette étude), avait décidé de la création d’un „Programme international pour le développement de la communication (PIDC)“ le 16 avril 1980. Mais ce sujet fait encore l’objet de préoccupation. L’une des résolutions du SMSI appelle à considérer de façon approfondie toutes les nouvelles possibilités de financement et d’assistance pour réduire la fracture numérique et soutenir le projet de création d’un Fonds de Solidarité Numérique. Tout le monde est désormais convaincu que les TIC sont des moyens indispensables pour surmonter les obstacles au développement, réaliser les objectifs du Millénaire et contribuer fondamentalement à l’édification de la société de l’information. La solidarité internationale réclamée hier pour développer l’économie sociale, implique aujourd’hui une solidarité exemplaire pour associer l’économie immatérielle au développement et promouvoir toutes les couches sociales. Mais la question de création du Fonds de Solidarité Numérique (FSN) est toujours posée. Il convient de reconnaître aussi que la CIC n’a pas tout prévu. Elle ne le pouvait pas puisque le monde avance, la technologie se développe et les préoccupations changent de jour en jour. 3. Les Européens face aux nouvelles préoccupations africaines Les Européens réalisent de plus en plus que leurs intérêts sont liés à l’Afrique. Ils ont tissés des liens avec les Africains par des relais gouvernementaux ou par l’intermédiaire de la société civile. Ce rapprochement était particulièrement évident à certains travaux préparatoires du SMSI. a. Déclaration de Marrakech sur les médias Les participants aux travaux du SMSI avaient considéré qu’il n’est point possible d’édifier une société de l’information sans prendre en considération les préoccupations spécifiques du Monde de la presse écrite, audiovisuelle ou numérique et telles qu’elles se présentent au début du XXI e siècle. Pour étudier en profondeur cette question, une conférence a été organisée à Marrakech en novembre 2004 sur le rôle des médias dans la société de l’information en Afrique. Les participants à cette conférence ont adopté une déclaration dans laquelle ils ont considéré que: - La liberté d’expression et la liberté de la presse sont au cœur de la construction de la société de l’information en Afrique, dans la région arabe et partout dans le monde; - Les nouvelles technologies de l’information et de la communication (TIC), ainsi que les médias, doivent constituer un levier important pour permettre un accès équitable au développement durable; 31 Dossier - L’Internet et les autres formes de nouveaux médias doivent bénéficier de la même protection, en matière de liberté d’expression, que les médias traditionnels; - Le débat international au sujet de la „gouvernance d’Internet“ doit permettre une meilleure concertation sur la gestion de ce réseau universel et ne doit pas servir de prétexte pour réglementer de manière abusive ses contenus; - Les considérations de sécurité et les exigences de la lutte contre la criminalité, y compris le terrorisme, ne doivent pas mettre en péril la liberté d’expression et la liberté de la presse; - Les fournisseurs de services Internet ne doivent pas être tenus responsables du contenu des messages qu’ils véhiculent; - Les représentants des médias doivent être associés sur un plan d’égalité à tout système de gouvernance d’Internet; - Les législations nationales doivent garantir l’indépendance et le pluralisme des médias; - Les cadres juridiques doivent favoriser le développement des médias communautaires; à cette fin, ils doivent permettre une répartition transparente et équitable des fréquences; - Les médias audiovisuels sous contrôle étatique doivent être transformés en radios et télévisions de service public jouissant de l’indépendance éditoriale et accordant aux journalistes un statut d’autonomie professionnelle; - La Société de l’Information doit faciliter la participation des femmes et leur permettre un accès et une utilisation pleine et égale des médias et TIC; - La diversité culturelle doit être préservée, et le patrimoine linguistique et culturel des populations autochtones doit être sauvegardée; - Les organismes publics et privés, tels que les agences d’aide bilatérale et multilatérale, ainsi que les fondations, doivent mettre l’accent sur la liberté d’expression et la liberté de la presse lorsqu’elles financent des programmes et projets visant à réduire la fracture numérique; - L’établissement des normes éthiques et déontologiques relèvent uniquement de la responsabilité des seuls professionnels des médias et ne doivent pas faire l’objet de prévention, de restrictions gouvernementales ou de pressions des groupes d’intérêt; - Les litiges concernant les médias ou les professionnels des médias dans l’exercice de leurs fonctions doivent être résolus dans le cadre d’une justice indépendante. Ces litiges, y compris ceux relatifs à la diffamation, doivent être portés devant des juridictions civiles et non pénales ou militaires. Le contenu de cette déclaration démontre le degré de maturité du monde africain de la presse et de son attachement tant à la liberté d’expression qu’à l’accès équitable aux réseaux de communication. La contribution africaine aux débats ultérieurs sur la gouvernance d’Internet allait confirmer cette réalité et amener les Européens à se rapprocher davantage des positions africaines. 32 Dossier b. La gouvernance d’Internet Les règles régissant le domaine d’Internet doivent avoir comme référence les principes sur lesquels la société de l’information et les technologies de la communication reposent; à savoir la libre circulation de l’information et des connaissances, le respect de la diversité et la volonté de combler le fossé numérique entre riches et pauvres. Certains pays africains, ont adapté rapidement leurs législations aux exigences du développement numérique. Ils ont compris, dès le début, que le développement de l’informatique passe obligatoirement par cette restructuration. Dans la déclaration du Sommet, une place essentielle a été consacrée à la liberté d’expression. Mais les questionnements se sont focalisés sur la gouvernance de l’Internet et sur le seul organisme qui exerce, par mandat du gouvernement américain, la gestion des adresses IP et du système des noms de domaine (DNS). Cet organisme c’est „l’Internet Corporation for Assigned Names and Numbers“ (ICANN) qui est une association à but non lucratif de droit américain. Cet état de fait a soulevé d’épineux problèmes de droit international et de géopolitique du cyberespace. Certains de ces problèmes concernent l’organisation et le fonctionnement de l’ICANN. D’autres portent sur les relations de l’ICANN avec les Etats et les acteurs privés de l’Internet, l’ISOC notamment. Plus fondamentalement, on s’est demandé s’il est légitime qu’une organisation de droit national, administre, par mandat d’un seul Etat (le gouvernement américain), les noms des domaines et les adresses IP qui constituent une ressource rare du cyberespace et appartiennent au patrimoine commun de l’humanité. Cette préoccupation était partagée à la fois par les Africains et les Européens. Certains de leurs représentants ont soulevé la question de savoir s’il ne fallait pas replacer Internet, son organisation et sa gestion, dans l’espace public: Etats et Organisations intergouvernementales. Ayant aujourd’hui un statut consultatif, les partenaires publics, les instances de régulation et les gouvernements, ne doivent-ils pas retrouver un pouvoir de décision ou au moins une mission de veille? Mais pour les experts consultés sur ces questionnements la gestion internationale de l’Internet devrait s’opérer de façon multilatérale, transparente et démocratique, avec la pleine participation des Etats, du secteur privé, de la société civile et des organisations internationales. Elle devrait assurer une répartition équitable des ressources, faciliter l’accès de tous et garantir le fonctionnement stable et sécurisé de l’Internet, dans le respect du multilinguisme. La première phase du Sommet n’était pas parvenue à trancher le débat mais les délégations ont recommandé, au Secrétaire Général des Nations Unies, de créer un groupe de travail pour envisager la mise en place d’un mécanisme approprié de coordination. Au cours de la deuxième phase du SMSI, tenue à Tunis, les participants avaient adopté une résolution dans laquelle ils invitaient le Secrétaire général de l’ONU à réunir, un forum sous le nom de „Forum sur la gouvernance de l’Internet“ et destiné à établir entre les multiples parties prenantes un dialogue permanent sur les politiques à suivre. Dans cette revendication, les Européens de tous bords (secteur publique, entreprise et société civile) étaient plus proches des propositions 33 Dossier africaines que du point de vue américain. Mais cette convergence Euro-Africaine ne s’était pas affirmée lors des débats sur le financement du fonds de solidarité numérique. c. Le Fonds de solidarité numérique Il convient de se rappeler des liens théoriques entre NOMIC et solidarité numérique, de même que l’accès démocratique aux réseaux ouverts comme une condition essentielle pour surmonter l’inégalité qui risque de caractériser la société de demain, où tout doit s’organiser autour d’Internet. Or cette inégalité se traduit selon Castells par trois types d’écarts: un écart lié à l’accès aux réseaux (Internet); un écart lié à la technologie; un écart lié à la diffusion du savoir. Pour les pays africains, si on peut résumer ces écarts par l’expression fracture numérique, on doit chercher la solution dans le terme „solidarité numérique“, 14 c’est-à-dire la création d’un fonds spécial pour le financement de l’équipement technologique et la réalisation des programmes informatiques. Mais l’idée de création d’un fonds de solidarité numérique (FSN) n’a pas convaincu les pouvoirs politiques occidentaux (Américains et Européens réunis) ni les bailleurs de fonds qui estiment que les mécanismes de financement existants sont en mesure de prendre en charge les programmes de coopération numérique. Ils pensent que si les représentants du Sud décident de créer un fonds volontaire, il ne faudrait pas s’attendre à des miracles, c’est-à-dire à des financements sans limites. Or ce débat nous rappelle la défiance qui a précédé la création du PIDC en 1980 à l’UNESCO. Mais le soutien apporté par les pouvoirs locaux Européens et les représentants de la société civile internationale permet d’espérer la création d’un grand fonds de développement de la communication à l’échelle mondiale dans un prochain „round“; pourquoi pas en 2015, c’est-à-dire la date de rendez-vous fixé par l’ONU pour évaluer les résultats du SMSI. Conclusion En trente ans, le dialogue Euro-Africain autour des questions de l’information a fait beaucoup de progrès. Si les premiers débats sur le concept du Nouvel Ordre International de l’Information n’étaient pas convaincants pour les Européens, les travaux de la commission CIC sur le même sujet, n’ont pas pu laisser insensible le groupe Occidental. La divergence entre Américains et Européens au sujet de certains intérêts économiques et de la diversité culturelle a rapproché davantage l’Afrique de l’Europe. Cette convergence s’est renforcée encore plus lors de l’élaboration des résolutions du Sommet Mondial sur la Société de l’Information. C’est ainsi que le souci d’équité, d’équilibre et de solidarité devient un objectif commun aux Africains et aux Européens. Les Africains avaient abordé, en effet, le sujet de la Société de l’Information avec plus de maturité et de pragmatisme, estimant que ce sont les autoroutes de l’information qui conduiraient dans un proces- 34 Dossier sus contenu, vers un Nouvel Ordre Mondial de la Communication et de l’information et une nouvelle économie de progrès. Les longues péripéties de divergence et de désaccord entre ces deux groupes semblent évoluer vers une approche plus consensuelle dans tous les domaines y compris la question de la régulation de la communication électronique qui s’est posée avec plus de profondeur tant lors des travaux du SMSI qu’au cours des débats précédents. Les protagonistes sont désormais convaincus que les moyens d’information ne peuvent plus être gérés dans le cyberespace par la réglementation classique et qu’il faut envisager d’autres solutions pour la communication numérique. Faut-il espérer d’un avenir commun Euro-Africain dans une société numérique et dans laquelle le citoyen du monde entier pourrait profiter démocratiquement de toutes les possibilités de communication et d’ubiquité? Références bibliographiques Nouvel Ordre Mondial de L’Information: document n°31 de la CIC, UNESCO en 1978. Document n°36 intitulé „le droit à communiquer“ publié dans le cadre de l’élaboration du rapport de la CIC en1978. Voix multiples un seul monde ce rapport a été publié dans toutes les langues internationales, éditions UNESCO en 1980. Balles Francis Media et société, 6ème édition, 1992. „L’Afrique face aux autoroutes de l’information“, ATUCOM éditée à Tunis, en 1995. Nouvelle économie, documentation française, septembre 2000. Info éthique, édition Unesco 2000 Mattelart, Armand Histoire de la société de l’information, Paris,Edition la découverte 2001. Miège, Bernard „Penser la société de l’information“, communication lors d’un colloque organisé par l’institut de presse et des sciences de l’information, Tunis 7/ 8 avril 2003. Le Sommet Mondial sur la Société de l’Information et après collection médias, sociétés et relations internationales dirigée par Michel Mathien, Bruxelles, édition bruylant 2007. Ndiaga Loum „Questionner la solidarité numérique: une tentative de construction théorique“ dans Quelle Communication Pour Quel Changement, Québec. Presse de l’Université du Québec, 2009. Les sphères théoriques de la communication au Sommet Mondial sur la Société de l’Information“, dans Quelle, communication pour quel changement: Presse de l’Université du Québec 2009. 1 Réuni au mois de Mars 1976 à Tunis et a été présidé par Mustapha Masmoudi, auteur de cette étude. Ce symposium avait dénoncé le déséquilibre existant entre pauvres et riches, en soulignant que les pays Non-alignés souffrent de la mainmise ses pays développés sur les moyens de communications. 2 La première initiative de ce conseil inter-gouvernemental était la convocation d’un groupe d’experts pour définir le concept du Nouvel Ordre de l’Information selon l’optique des pays Non-alignés. 3 Réuni au mois de Mars 1976 à Tunis et a été présidé par Mustapha Masmoudi, auteur de cette étude. Ce symposium avait dénoncé le déséquilibre existant entre pauvres et ri- 35 Dossier ches, en soulignant que les pays Non-alignés souffrent de la mainmise ses pays développés sur les moyens de communications. 4 Document n°31 de la CIC, UNESCO, portant sur la définition du Nouvel Ordre de l’Information présenté par le membre de la CIC Mustapha Masmoudi. 5 La réflexion au sein de l’UNESCO se situa au double niveau de la Commission Internationale pour la Communication CIC et des XX ème et XXI ème Conférences Générales. 6 Cet article était signé par M. Mevryn Jones, journaliste, recruté pour veiller à la bonne forme de la version anglaise du rapport de la CIC. Celui-ci avait estimé conforme à l’éthique professionnelle une pareille démarche pour réagir contre la majorité des membres de la CIC qui lui avaient refusé la possibilité de dépasser ses prérogatives et d’imposer son point de vue. Or, pour l’histoire, il convient de préciser que les représentants, du Tiers-Monde, malgré la diversité de leurs origines, de leur formation et de leurs fonctions (journalistes, professeurs, directeurs d’instituts de recherches, ambassadeurs ou ministres), avaient trouvé entre eux beaucoup plus de points d’accord que de divergences. 7 Il n’est plus question de revenir à la revendication de certains pays Non-alignés, très proches du bloc Soviétique qui aspiraient à l’instauration du Nouvel Ordre International fondé sur un flux équilibré de l’information internationale et sans l’expression „libre circulation“. 8 Mais il convient de rappeler que cette résolution était inspirée du débat de la 25 ème Conférence générale de l’UNESCO (novembre 1989). 9 Il convient de rappeler que l’administration républicaine aux Etats-Unis, non satisfaite du climat qui lui avait été défavorable, avait menacé de se retirer de l’UNESCO puis l’avait quitté effectivement durant vingt ans (1983-2003). 10 Il est important de suivre le combat engagé entre les fabricants de logiciels et les opérateurs de téléphone. Les premiers veulent s’imposer en grands cartels, les seconds veulent garder la main sur leur réseau et garantir l’égalité d’accès pour tous les détenteurs de contenu. 11 En effet, deux Africains sur trois vivaient au sein de communautés rurales sans installations téléphoniques fixes; 500,000 établissements scolaires africains devraient être connectés à Internet avant la fin de 2015. 12 Selon certaines études, les pays en développement réunis sont en mesure d’enlever 1 à 5% des emplois tertiaires réalisés dans les pays industrialisés. En effet, le marché des services à distance offrirait d’importants créneaux aux pays en développement dotés d’une main d’œuvre instruite et d’un système de communication adéquat. 13 Il faut reconnaître que certains membres de la CIC (Juan Somavia, Bodgan Osolnik, Mustapha Masmoudi) avaient pris part aux travaux du SMSI, aux „Prepcom“ et aux autres réunions préparatoires; étaient présents également à leur coté des experts qui avaient enrichi les travaux de la CIC par leurs études (exp. Karle Nordenstrong) et des membres de la „table ronde Mc. Bride“ tels que Sean O’Siochru, Wolfgang Kleinwalchir, Richard C.Vincent et autres Marc Raboy. 14 Loum 2009.