eJournals lendemains 39/154-155

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2014
39154-155

Vers une archipélisation de l'Europe?

2014
Gesine Müller
ldm39154-1550260
260 DDossier Gesine Müller Vers une archipélisation de l’Europe? La production culturelle des Caraïbes et de l’océan Indien 1. Créolisation et coolitude C’est principalement au début du 21 e siècle que les sciences de la littérature ont proposé des analyses théoriques de la coexistence pacifique dans la différence dans les espaces les plus divers de la planète et sous un angle global et programmatique (Ette 2010, 169-170, 183). 1 Elles sont élaborées en réponse à une labellisation malheureuse du multiculturalisme ou en rejet d’un concept essentialiste de l’identité. Il est aisé de comprendre que ces questions sont, pour des raisons multiples, également débattues intensément par les intellectuels des Caraïbes et leur diaspora (cf. Müller 2012, 255-264). Cette région, extrêmement riche du point de vue littéraire et prédestinée à une „littérature sans domicile fixe“ (Ette 2005, 123-156), est devenue ces dernières décennies l’un des lieux privilégiés de la production théorique: Négritude, Créolité, Relationnalité - dans cet ordre chronologique - sont les termes avec lesquels on a tenté de rendre concrètement compte de la coexistence dans les Caraïbes et leur diaspora ou de construire à partir de cette région des catégories universelles, ainsi qu’en témoignent principalement Édouard Glissant avec sa Poétique de la relation (1999) et Benítez Rojo dans La isla que se repite (1998). Jusqu’à ce jour toutefois, une question n’a pas trouvé réponse: comment saisir la différence ethnique sans tomber dans des essentialismes? Walter Mignolo, de façon assez similaire à des grands intellectuels de la tradition britannique tels que Arjun Appadurai (2009) ou Paul Gilroy (2004), formule a posteriori une critique sévère du discours sur la créolité: „Criollos, caribeanidad y criollidad son todavía categorías que se soplan pero que pertenecen a diferentes niveles. Ser o definirse a uno mismo como criollo significa identificarse con un grupo de gente y diferenciarse de otro. Así, decir que ,ni europeos, ni africanos, nos proclamamos criollos‘ [Bernabé et al. 2002 [1989], 75] es identificarse en relación con un territorio y con los procesos históricos que crearon ese territorio“ (Mignolo 2003, 197). 2 Que peut-on objecter à cette critique? Glissant baptise ‚créolisation‘ son modèle alternatif: La créolisation est un mélange, en particulier un mélange des cultures qui produit de l’imprévisible. La créolisation qui se fait dans la Néo-Amérique, et la créolisation qui gagne les autres Amériques, est la même qui opère dans le monde entier. La thèse que je défendrai est que le monde se créolise, c’est-à-dire que les cultures du monde mises en contact de manière foudroyante et absolument consciente aujourd’hui les unes avec les autres se 261 DDossier changent en s’échangeant à travers des heurts irrémissibles, des guerres sans pitié mais aussi des avancées de conscience et d’espoir (Glissant 1996, 15). Les concepts programmatiques caribéens intéressent - au-delà de Glissant - de plus en plus d’intellectuels de par le monde ces dernières années (cf. Müller et Ueckmann 2013, 7). Khal Torabully, né en 1956 à Port-Louis sur l’île Maurice, et vivant depuis des décennies entre Lyon et Maurice, joue un rôle prééminent dans ces processus. Son nouveau concept de coolitude s’inspire de la pensée glissantienne, mais en critique l’absence de perspective indienne. Que ce soit dans les îles de l’océan Pacifique ou des Caraïbes, l’importation d’ouvriers indiens dits „engagés“ (salariat forcé), comprise comme alternative à l’esclavage, a donné lieu à une diaspora indienne sur la planète entière à partir de 1830, qui a révélé des mécanismes d’acculturation et de transculturation très spécifiques. Cette population possédant une culture ancestrale englobe en effet des individus qui sont simultanément créoles et indiens (cf. Glissant 2005, 41). Que peuvent enseigner ces constellations archipéliques, extra-européennes, aux modèles culturels purement européens sur les questions de l’identité et de la coexistence? Torabully y apporte un élément décisif: Il ancre l’Europe dans un archipel mondial, en ajoutant que les archipels de l’océan Indien ou des Caraïbes peuvent servir de modèle à l’Europe. 2. Khal Torabully Khal Torabully, poète, cinéaste et théoricien (cf. Bragard 2008), a forgé son projet de coolitude à partir des années 1980. Il s’agit d’un essai réflexif sur la poésie et la poétique, visant à élaborer, en intégrant les exclus de l’histoire, une vision et une révision des processus de mondialisation passés et présents. Son projet est également porté par l’ambition de donner la parole à tous les individus vivants qui ont dû louer leurs services dans des conditions généralement misérables comme salarié ou ‚engagé‘ (cf. Ette 2012a, 291). Avec son essai sur la coolitude, Torabully érige non seulement un mémorial littéraire, un lieu de mémoire en quelque sorte, des coolies, venant principalement d’Inde, mais aussi de Chine et d’autres pays. Il élabore aussi une poétique de la migration mondiale, qui s’exprime dès son ouvrage Cale d’étoiles - Coolitude paru en 1992: Coolitude pour poser la première pierre de ma mémoire de toute mémoire, ma langue de toutes les langues, ma part d’inconnu que de nombreux corps et de nombreuses histoires ont souvent déposée dans mes gènes et mes îles. Voici mon chant d’amour à la mer et au voyage, l’odyssée que mes peuples marins n’ont pas encore écrite mon équipage sera au nombre de ceux qui effacent les frontières pour agrandir le Pays de l’Homme (Torabully 1992, 7). 3 Pour Torabully, l’enjeu n’est pas uniquement la mémoire de certaines formes d’exploitation très brutales, mais une relationnalité devenue historique, constitutive de l’espace grâce à des mouvements migratoires croisés: 262 DDossier Vous de Goa, de Pondicheri, de Chandernagor, de / Cocane, de Delhi, de Surat, de Londres, de Shangai, / de Lorient, de Saint-Malo, peuples de tous les bateaux / qui m’emmenèrent vers un autre moi, ma cale d’étoiles / est mon plan de voyage, mon aire, ma vision de / l’océan que nous traversons tous, bien que nous ne / vissions pas les étoiles du même angle. / / En disant coolie, je dis aussi tout navigateur sans / registre de bord; je dis tout homme parti vers l’horizon / de son rêve, quel que soit le bateau qu’il accosta ou / dût accoster. Car quand on franchit l’océan pour naître / ailleurs, le marin d’un voyage sans retour aime replonger / dans ses histoires, ses légendes, et ses rêves. Le temps d’une absence de mémoire (Torabully 1992, 89, cité d’après Ette 2012, 292). Il faut souligner que le poète mauricien s’est donné pour principe de ne jamais penser le mot ‚coolie‘ dans un sens exclusif. Il est au contraire utilisé au sens large et apporte un éclairage sur des phénomènes particuliers de la mondialisation ‚d’en bas‘, une mondialisation de migrants qui traversent les mers pour chercher du travail. C’est la raison pour laquelle on peut également appliquer la théorie de Torabully à l’Europe. Il émerge ainsi dans cette concentration lyrique un réseau mondial de tous les ‚voyageurs‘ qui relient, en leur qualité d’objets d’une exploitation extrême, les îles et villes d’Inde, de Chine et d’Océanie aux ports coloniaux européens (cf. Ette 2012a, 293). 3. Coolitude En incluant la complexité ethnique des sociétés post-abolitionnistes des Caraïbes et de l’océan Indien, Torabully offre la possibilité de concevoir le processus de créolisation de façon moins essentialiste. Avec son paradigme de coolitude, il prolonge certains modèles de créolité archipélique franco-caribéenne, tels que ceux de la négritude, de la créolité, de l’antillanité ou de la créolisation forgés à Paris, mais aussi ceux de l’indianité et de l’indianocéanisme (cf. Carter / Torabully 2002, 5-7, 16). Le concept de coolitude ne se fonde pas sur des critères géographiques ou ethniques, mais part de la situation économique et juridique des coolies, cette main d’œuvre bon marché qui a quitté l’Inde, la Chine ou encore l’Europe et l’Afrique pour rejoindre diverses régions archipéliques comme les Caraïbes, l’océan Indien ou le Pacifique. Avec son modèle en mosaïque d’assemblage d’identités, Torabully fait du statut social un facteur analytique décisif de la créolisation (cf. Abel 2013, 65-81). C’est dans ses textes poétiques fondateurs Cale d’étoile - Coolitude (1992) et Chair corail, Fragments coolies (1999) que Torabully applique pour la première fois les prémisses théoriques de la coolitude. Il faut toutefois attendre 2002 et l’ouvrage majeur écrit à quatre mains avec l’historienne Marina Carter, Coolitude: An Anthology of the Indian Labour Diaspora, pour que ce concept connaisse une réception et une portée internationales. Cette œuvre constitue une anthologie à plusieurs égards. Elle associe la poésie de Khal Torabully sur l’immigration indienne dans le monde entier à un florilège rassemblant des poètes et auteurs en 263 DDossier prose de la diaspora indienne à partir de la moitié du 19 e siècle. On les retrouve principalement dans l’océan Indien: à Maurice (à partir de 1843), Fidji, Java, Goa (1860-1870), ainsi que dans les Amériques: Trinité, Guyane, Surinam, Guadeloupe et Martinique à partir de 1846. L’ouvrage constitue de plus une monographie sur la théorie de la coolitude et sur sa poétique. D’un point de vue formel, il s’agit d’un mélange entre une anthologie historique au sens strict, un manuel contenant des définitions concises et une description théorique de la coolitude par les auteurs sur le mode de l’interview. Cette forme textuelle hybride permet déjà en elle-même une analyse scientifique de la coolitude et un accès artistique à l’univers de la diaspora indienne, en ce qu’elle évoque „l’essence ou des essences“ (Carter / Torabully 2002, 148) de la diaspora coloniale indienne, également dans des textes inédits - que ce soient des poèmes ou des scènes théâtrales −, et déconstruit les représentations traditionnelles héritées de l’Empire britannique. Dans l’introduction, les auteurs réinscrivent la genèse du concept dans une lignée de théoriciens de la créolisation et de la relationnalité, tels que Glissant, Deleuze et Guattari, Confiant, Chamoiseau et Bernabé, Benoist et bien d’autres. Dans le second chapitre, ils développent un des thèmes clés de la coolitude, à savoir l’odyssée des coolies, la traversée - taboue - de l’océan depuis le sous-continent indien. Dans les deux chapitres suivants, Torabully et Carter se consacrent aux aspects culturels de la perception d’autrui, de la triple stigmatisation des coolies et de leur expérience de survie pendant leur engagement. Selon eux, trois dispositifs d’altérisation ont figé le coolie dans son rôle de victime: comme mystère de l’Orient premièrement (ibid., 187), comme intrus barbare deuxièmement et, enfin, comme „ambassador of exoticism and sensuality“ (188). Le chapitre 5 se concentre sur l’héritage coolie et analyse les politiques mémorielles de la diaspora indienne aux 19 e et 20 e siècles. Avant de s’achever sur une conclusion intitulée „Revoicing the Coolie“ et sur une compilation de textes en prose et en vers de Torabully, l’anthologie inclut une longue partie théorique, les importants „Theoretical Premises Of Coolitude“ présentés sous forme d’entretien. Les auteurs commencent par mettre en lumière les liens entre „Césaire, la négritude et la coolitude“ (ibid., 143-159) avant de décrire des „Elements of the Coolie’s Memory“ (160-165). Dans un troisième temps de l’interview, Torabully et Carter abordent l’esthétique et la littérature (165-189), puis traitent de la „Tradition, Society and Indianness“ (190-194). Dans une cinquième partie consacrée concrètement à la poétique, les auteurs tentent de cerner les contours de „Some Literary Characteristics of Coolitude“ (195-213). La théoricienne belge Véronique Bragard a prolongé la réception théorique de la coolitude dans son ouvrage Transoceanic Dialogues. Coolitude in Caribbean and Indian Ocean Literatures (2008). Elle y insiste sur le fait qu’une des caractéristiques poétiques majeures de la coolitude n’est pas de placer la focale sur le coolie lui-même, mais sur la traversée transocéanique cauchemardesque, entendue à la fois comme mouvement migratoire historique et métonymie de rencontres culturelles (ibid., 15). L’accent littéraire est donc régulièrement mis sur le voyage 264 DDossier en bateau comme élément identitaire destructeur et en constante reconstruction. Le voyage est envisagé comme une coupure qui ne place plus la perte de la patrie au cœur des identités diasporiques. À un niveau plus abstrait, la traversée touche ainsi de façon générale à une métamémoire refoulée d’identités îliennes diasporiques, qui jette des ponts entre les hommes ou engendre des hommes-ponts, qui deviendraient eux-mêmes les interprètes des cultures du monde dans leurs microcosmes îliens respectifs (Turcotte / Brabant in Carter / Torabully 2002, 216). La contribution spécifique de Torabully à la figure du voyage transocéanique renvoie à une poétique de „l’élément indien“ (Carter / Torabully 2002, 148). Dans le cadre indien, le traumatisme de la traversée océanique prend un statut particulier puisqu’il repose sur le rôle clé du mythe des Kala Pani. Le tabou des Kala Pani, les eaux noires et impures, renvoie au nivellement des distinctions de castes sur le seuil que constitue le navire. Ces dimensions psychosociales du traumatisme océanique sont formulées dans la coolitude et forgent son esthétique particulière. 4. Le corail La quête de symboliques maritimes est l’une des autres conséquences esthétiques du regard porté sur le transfert océanique. L’image centrale de la coolitude est la métaphore corallienne de la chair corail, incarnation des relationnalités hybrides dans les cultures îliennes: „Non plus l’homme hindou de Calcutta / / Mais chair corail des Antilles“ (Torabully 1999, 108). La métaphore corallienne présente des similitudes avec les images de mangrove et de rhizome de la créolité, tout en étant appréhendée sous un angle transocéanique. Symbole de la fluidité des relations et des influences, elle exploite les spécificités du corail, hybride de pierre et d’animal, qui ne se rencontre que dans la mer, avant tout dans la ceinture tropicale. Le corail symbolise donc une pensée archipélique au sens de Glissant comme pensée de l’ambigu, mais aussi la perméabilité de divers courants. Les formes typiques en spirale, les circonvolutions des coraux se rattachent aux visualisations de logiques fractales dans les processus de créolisation. Ainsi la coolitude est proche sur le plan théorique de l’esthétique de Glissant et des auteurs de la créolité, qui considèrent que les identités diaspora ne sont pas des entités statiques ou figées, mais qu’elles sont soumises au jeu permanent de l’histoire, de la culture et du pouvoir (Carter / Torabully 2002, 11): Le corail est observable dans son habitat vivant, à la différence du rhizome, qui est souterrain. En plus, il me permet de développer une connectivité agglutinante, bâtissant par couches, par concrétion, par sédimentation, un peu comme un palimpseste, et non pas seulement une connectivité errante, tout en conservant l’aspect égalitaire de la connection, étant ouvert à tous les courants. Le corail est hybride dans son être même, car il est né de la symbiose d’un phytoplancton et d’un zooplancton. On ne fait pas mieux en termes de métaphore de la diversité. Il est racine, polype et plature, protéiforme, souple et dure, et de différentes couleurs. Tout en étant enraciné, il libère la plus grande migration sur terre, celle du plancton, visible depuis la Lune, tout comme la Grande barrière de corail, classé 265 DDossier au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco. Cet archipel corallien est tout simplement la sculpture vivante la plus étendue sur terre (Torabully 2012, 70sq.). Outre le „maritime spirit“ (Carter / Torabully 2002, 158) de la coolitude, le corail possède aussi des éléments de visualisation plus statiques qui ne font pas appel aux modèles dynamiques tridimensionnels, mais à des structures de composition unidimensionnelle, à l’instar de la mosaïque, dans laquelle les abacules indocréoles complètent l’image d’ensemble de la créolisation sans focaliser sur l’idée de la fusion. Torabully transfère parfois les composés de la mosaïque, considérés comme des racines individuelles du rhizome, dans la tridimensionnalité (2002, 152). La pensée de la pierre, du solidifié, ne disparaît toutefois pas non plus dans la métaphore corallienne et renoue régulièrement avec le moment fondateur césairien de la coolitude. Il est donc indispensable de prendre en compte des références de Torabully à la négritude et à son héritage direct, l’antillanité, pour comprendre l’ancrage théorique de la coolitude. Le mythe fondateur de ce concept de créolisation prend sa source dans la profonde empathie de Torabully pour Aimé Césaire; en témoigne un entretien de 1997 à Fort-de-France (Martinique) avec le fondateur du mouvement de la négritude franco-caribéenne, durant lequel les deux poètes ont discuté de l’héritage de la négritude et de son prolongement dans la coolitude. Le lien entre les deux théories passe par deux pensées - celle de la réconciliation des „descendants of the oppressed“ (Carter / Torabully 2002, 172), qui se veut une contribution au travail de mémoire sur les tensions historiques entre l’héritage de l’esclavage atlantique et l’héritage coolie dans les sociétés créoles, et la pensée du dépassement conceptuel ou de la redéfinition. Le modèle de la coolitude permet de dépasser les limites théoriques de la négritude, qui, en revendiquant la reconnaissance d’une identité ‚noire‘, ne peut rendre compte de la complexité ethnique des sociétés post-esclavagistes créolisées. Carter et Torabully soulignent à plusieurs reprises que la coolitude n’est pas une version indienne de la négritude. Premièrement, elle n’est pas une catégorie ethnique ou essentialiste (ibid., 150, 153) et, deuxièmement, en déplaçant le regard sur la traversée, elle ne problématise pas l’origine mythique ou l’exil, mais dissout l’identité dans la perméabilité. Négritude et coolitude partagent le moment de la reconversion discursive des altérités coloniales stigmatisées et se distinguent dès lors qu’il en va de la reconnaissance de l’influence culturelle que la migration d’Inde découlant de l’engagisme a exercée sur certaines sociétés modernes du monde entier et qu’elle a massivement modelées, comme à Maurice, à la Trinité, en Guyane ou à Fidji, ou tout au moins marquées comme en Guadeloupe, à la Martinique ou en Afrique australe et orientale. La coolitude porte une idée de l’espace qui met non seulement en exergue une relationnalité archipélique interne de communications multiples entre îles et archipels, mais attire aussi l’attention sur les dynamiques d’une relationnalité externe (cf. Ette 2012b, 40). Ainsi la coolitude se révèle être le prototype d’une histoire de l’espace qui est toujours histoire en mouvement: les déportations forcées d’esclaves, 266 DDossier à l’instar des engagés indiens, montrent qu’on a précisément besoin de relier relationnalité interne et externe pour appréhender les espaces dans leur totalité. Abel, Johanna / Müller, Gesine, „Korallen: Migration und Transozeanität: Khal Torabully / Indian Diaspora“. À paraître in: Jörg Dünne / Andreas Mahler (ed.), Handbuch Raum, Berlin, De Gruyter. Appadurai, Arjun, Die Geographie des Zorns, Francfort-sur-le-Main, Suhrkamp, 2009. Benítez Rojo, Antonio, La isla que se repite, Barcelone, Casiopea, 1998. Bernabé, Jean / Chamoiseau, Patrick / Confiant, Raphaël, Éloge de la Créolité [1989], Paris, Gallimard, 2002. Bragard, Véronique, Transoceanic Dialogues: Coolitude in Caribbean and Indian Ocean Literatures, Francfort-sur-le-Main / Berlin / New York, Lang, 2008. Carter, Marina / Torabully, Khal, Coolitude. An Anthology of the Indian Labour Diaspora, Londres, Anthem Press, 2002. Ette, Ottmar, TransArea. Eine literarische Globalisierungsgeschichte, Berlin / Boston, de Gruyter, 2012a. —, „Worldwide: Living in Transarchipelagic Worlds“, in: Ottmar Ette / Gesine Müller (ed.), Worldwide. Archipels de la mondialisation. Archipiélagos de la globalización, Madrid, Iberoamericana / Vervuert, 2012b, 21-59. —, ZusammenLebensWissen. List, Last und Lust literarischer Konvivenz im globalen Maßstab, Berlin, Kadmos, 2010. —, ZwischenWeltenSchreiben. Literaturen ohne festen Wohnsitz, Berlin, Kadmos, 2005. Gilroy, Paul, After Empire. Melancholia or convivial culture? , London, Routledge, 2004. Glissant, Édouard, Introduction à une Poétique du Divers, Paris, Gallimard, 1996. —, Kultur und Identität: Ansätze zu einer Poetik der Vielheit, aus dem Französischen von Beate Thill, Heidelberg, Wunderhorn, 2005. —, Poétique de la relation, Paris, Gallimard, 1999. Mignolo, Walter, Historias Locales / Diseños Globales. Colonialidad, conocimientos subalternos y pensamiento fronterizo, Madrid, Akal, 2003. Torabully, Khal, „Quand les Indes rencontrent les imaginaires du monde“, in: Ottmar Ette / Gesine Müller (ed.), Worldwide. Archipels de la mondialisation. Archipiélagos de la globalización, Madrid, Iberoamericana / Vervuert, 2012, 63-72. —, Chair corail, fragments coolies, Petit-Bourg (Guadeloupe), Ibis Rouge, 1999. —, Cale d’étoiles, Coolitude, Sainte-Marie, Azalées, 1992. Turcotte, Paul / Brabant, Claude, „Ile Maurice: Nuvo Sime“, Peuples Noirs / Peuples Africains, 31, 1983, 100-106. 1 Cf., pour les réflexions suivantes, Abel / Müller, à paraître. 2 „Créoles, caraïbité et créolité restent des catégories qui se mordent mutuellement la queue, mais procèdent en réalité de différents niveaux. Être créole ou se définir comme tel signifie de s’identifier à un groupe de gens et de se différencier d’un autre. C’est pourquoi l’assertion ‚ni Européens, ni Africains, nous nous proclamons Créoles‘ revient à s’identifier à un territoire et à des processus historiques qui ont créé ce territoire.“ 3 Cité d’après http: / / books.google.de/ books? id=pH4l5BMQs5YC&pg=PA219&lpg=PA219& dq=Coolitude+%22mon+amour+pour+la+mer%22&source=bl&ots=yGRK2j4e4A&sig=bsn uEA6_M_VTjl_R8U5tVAnh220&hl=fr&sa=X&ei=BlCDU9iGG8en4gSImYDoAQ&ved=0CE QQ6AEwBA#v=onepage&q=Coolitude%20%22mon%20amour%20pour%20la%20mer% 22&f=false.