eJournals lendemains 36/142-143

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Narr Verlag Tübingen
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2011
36142-143

K. H. Götze: Süßes Frankreich? Mythen des französischen Alltags

2011
Heinz Thoma
ldm36142-1430281
279 Comptes rendus plastique. Les Italiens ont su imposer la pizza au monde entier, les Espagnols leurs tapas et bientôt le gaspacho. Il n’est pas jusqu’aux Japonais qui savent imposer leurs suchis. Que restent-ils aux Français? Le luxe et le haut de gamme, les menus de la famille royale anglaise rédigés en français, le nom de plats compliqués. Il reste le plaisir de manger, la diversité des repas, le temps passé à faire les courses et à cuisiner, quand on le peut, le goût de l’expérimentation aux fourneaux et le grand art d’en parler. K. H. Götze sait parler avec humour de cette tristesse des repas soumis aux lois de la diététique, aux régimes personnels quand ce n’est pas aux interdis religieux. Il évoque ces jeunes Allemands qui arrivent en France pour chipoter sur ce qu’il y a dans leur assiette et réclamer des plats particuliers. La tradition catholique du rituel eucharistique, la transition révolutionnaire des cuisiniers passant des cuisines aristocratiques aux grands restaurants bourgeois ont élevé la nourriture en France à un art de vivre ensemble dans lequel on continue à communier. L’austérité réformée s’est masquée, de l’autre côté du Rhin, en hygiène de vie et en respect écologique des animaux. Les bouchers ne doivent plus manier leurs grands couteaux et découper la viande en public. Ils ne doivent plus être les héros de récits érotiques comme dans le roman d’Alina Reyes qui s’intitule justement Le Boucher. K. H. Götze compare encore avec brio deux livres à peu près contemporains: la Physiologie du goût, ou méditations de gastronomie transcendantales de Brillat-Savarin et le Geist der Kochkunst de Karl Friedrich Rumohr; chaque couple fait sens: Geist contre physiologie, Kunst contre philosophie. Il salue pour finir la sociabilité française du bien manger, la convivialité du manger ensemble. Il en va de même pour le vin. Un article lui est consacré dans les Lieux de mémoire, dirigés par Pierre Nora. Longtemps on a identifié la nation du vin contre celle de la bière, mais l’alcoolisme a exercé les mêmes ravages de part et d’autre du Rhin. Les vignobles californiens, sud-américains ou australiens menacent aujourd’hui la production de l’hexagone. Le film Mondovino nous a montré comment le marketing international menace la diversité des goûts. La qualité a fait un bon surprenant en Allemagne comme en France et rapproché nos deux pays. Mais les Français restent les champions de la consommation et conservent une culture du vin. Le vin demeure pour eux un principe de plaisir et de tolérance. Je me souviens de mes premières années de collaboration au Magazine littéraire, dirigé alors par Jean-Jacques Brochier et Jean-Claude Fasquelle. J’y ai autant appris en gastronomie qu’en littérature. J’ai vite découvert que la principale partition entre les écrivains français passe entre le Bourgogne et le Bordeaux, entre les vignerons des terroirs de l’Est et les aristocrates des châteaux du Sud-Ouest. J’ai découvert qu’il n’y avait pas de projets, de discussions, de débats intellectuels sans agapes et libations, pas plus que de succès et de prix littéraires sans bouchons de champagne qui sautent. On se met à sentir la chair des mots en même temps que celle du gibier et des poissons. On se met à goûter la différence entre deux synonymes, de même qu’entre deux appellations contrôlées de vignobles voisins. Il faudrait détailler chaque chapitre. Celui qui est consacré aux femmes et au faux débat entre séduction et libération est bien venu. Une femme peut-elle se revendiquer indépendante sans renoncer à séduire? Mettre en cause radicalement la domination masculine et négocier jour après jour de subtils compromis avec ses compagnons d’une nuit ou d’une vie? Les Français doivent-ils renoncer au préjugé favorable qu’ils accordent aux séducteurs et aux séductrices ou doivent-ils céder au voyeurisme moralisant et au bé- 280 Comptes rendus gueulisme curieux de ce qui se passe dans les alcôves? Ils restent heureusement, pour l’instant, choqués de ce que l’opinion publique dans d’autres pays puisse confondre la qualité d’un homme politique et sa fidélité conjugale. Internet ne leur a pas encore fait confondre débats publics et ébats intimes. Pour eux, le sérieux n’est pas forcément contradictoire avec l’agréable, ni le solide avec le séduisant. Le superficiel peut être parfois profond. Tel est aussi le principe de la mode. Bousculée, noyée par l’internationalisation de l’industrie du vêtement, la France reste fidèle au modèle de l’aristocratie de cour et l’Allemagne au préjugé bourgeois contre le brillant et le futile. Le concert des nations a besoin de ces décalages. Les Allemands doivent rêver des Parisiennes élégantes, de même que souvent les Français se laissent séduire par une certaine idée du raffinement florentin ou, depuis quelque temps, de l’inventivité barcelonaise. Le dernier chapitre s’intitule „Révolution“. C’est là que le Français apprend le plus sur lui-même, sur la contradiction entre les revendications de liberté et d’égalité. Une grande partie de la population de ce côté-ci du Rhin reste pointilleuse sur la défense de ses droits, elle a la pétition, la manifestation et la grève faciles. Elle descend vite dans la rue. Mais cette même population est pleine d’indulgence pour la monarchie républicaine et le maintien non seulement des inégalités, mais aussi des hiérarchies. Ce qu’on nomme „les ors de la république“ sert de décor à des comportements politiques qui seraient insupportables ailleurs. Etrange mélange d’égalitarisme républicain et d’absolutisme qui perdure. La prétention à la grandeur nationale des successeurs de De Gaulle est en contradiction avec la réalité économique et géopolitique de la France dans le monde d’aujourd’hui, mais K. H. Götze admire malgré tout un sens de l’universel. La force de la pensée généralisante peut-elle lutter contre la globalisation? Il manque, reconnaît l’auteur bien volontiers, un chapitre sur la langue, un autre sur l’intellectuel engagé. Personnellement j’aimerais un regard allemand sur la place de la littérature dans le sentiment national. L’unité de la France est politique avant d’être linguistique et littéraire, comme en Italie ou en Allemagne. Et pourtant la littérature chez nous relève du patrimoine. De Gaulle écrit ses mémoires, Georges Pompidou compose une anthologie de la poésie, Valéry Giscard d’Estaing retraité se met au roman, François Mitterrand se fait représenter sur son portrait officiel, les Essais de Montaigne à la main. Le choc provoqué, à droite et à gauche, par la boutade de Nicolas Sarkozy se gaussant de l’inscription de La Princesse de Clèves au programme d’un concours administratif montre sa méconnaissance de la longue durée. La république assume la culture d’Ancien Régime, elle revendique même, dans ses meilleurs moments, une culture élitiste pour le plus grand nombre. Contre l’urgence de l’immédiat, les références littéraires communes donnent un sens et une saveur au présent. Durant une mobilisation contre la politique de Sarkozy, on a vu défiler des manifestants avec le badge „Je lis La Princesse de Clèves“. L’œuvre de Mme de La Fayette a été lue in extenso sur les marches du Panthéon. Le vieux roman y a trouvé un étonnant coup de jeune. Trois films sont autant de réponses au mépris présidentiel. Christophe Honoré, un des plus talentueux cinéastes de sa génération, en a tiré La belle personne, transposition de la cour royale dans une cour de lycée parisien: le jeu de mot n’était pas gagné d’avance, même si les lycées parisiens ont souvent des noms de rois. L’œuvre littéraire en sort renouvelée. Bertrand Tavernier dans la génération précédente des grands cinéastes, a préféré tourner un autre roman de Mme de La Fayette, La Princesse de Monpensier, qui est peut-être l’envers de La Princesse de 281 Comptes rendus Clèves. Régis Sauder vient enfin de montrer au public Nous, Princesses de Clèves, entre fiction et documentaire: des élèves d’un lycée marseillais qui préparent le bac s’approprient le roman et prouvent que le texte du XVII e siècle garde sa force et sa présence, et que la littérature participe d’une complexe identité nationale. „Süsses Frankreich? “ demande le titre, qui est celui d’une chanson de Charles Trenet, lancée à un des pires moments de son histoire récente. En pleine débâcle, occupation et collaboration, la chanson tenait de l’imposture. Son succès dépassa portant les années noires. La question n’appelle donc aucune réponse simple. En 1927, Friedrich Sieburg dotait déjà d’un point d’interrogation son Gott in Frankreich? K. H. Götze a le sens de la mesure et l’art des analyses équilibrées. En tant que Français, je ne peux que souhaiter que nous accueillions beaucoup d’étrangers comme lui, étrangers si proches, si lucides, si critiques et si complices. Quand on le lit, on a envie de trinquer avec lui, dans un bistrot du cours Mirabeau ou d’une petite rue du 11 e arrondissement. Michel Delon (Paris) Karl Heinz Götze gehört mit Ulrich Wickert (Frankreich. Die wunderbare Illusion, 1989; Und Gott schuf Paris, 1993) und dem leider früh aus dem Leben gegangenen Lothar Baier (Französische Zustände, 1982; Firma Frankreich, 1988) zu jenen Frankreichkennern, welche unser Bild des Nachbarn in der Nachfolge von Friedrich Sieburg (Gott in Frankreich? , 1929; Unsere schönen Jahre. Ein Leben mit Paris, 1950) prägen und zugleich in deutlicher Distanz zu dessen geistesgeschichtlichen Verirrungen und traditionalistischen Verengungen zur weltanschaulichen und ästhetischen Selbstverständigung wie zur besseren Kenntnis des einstigen ‚Erbfeinds’ und lange Zeit sehr engen Partners im Prozess der europäischen Einigung beitragen. Hierbei ist das auf ein Chanson von Trenet anspielende „süße Frankreich“, wie schon in der ersten Nennung dieser Art im Rolandslied (vermutlich unter Bezug auf die Ile de France als Kernland der Kapetinger) ein Ort der affektiven Innensicht. Aus der Fremde gesehen meint es eine Art Sehnsuchtsort des Wohllebens, wobei sich der deutsche Blick in der jüngeren Gegenwart, speziell nach 1989, nicht zuletzt auch in einer europäischen Dimension, zu versachlichen beginnt. So erinnere ich sehr deutlich den französischen Vichyspezialisten, der um die Jahrtausendwende bei einem kleinen Kolloquium zum Thema nationale Identität die knapp bemessene Mittagspause in einem deutschen Brauhaus durch mehr oder minder geistreiche Erzählungen aus seiner Jugend über einen traumatischen Urlaub im Nachkriegsbayern in die ihm gewohnte Länge zu ziehen versuchte, er auch, ganz gegen den Lokaltyp, partout mit der Bestellung eines Espresso ‚rebellierte’, über dessen erwartbar schlechte Qualität er dann so lange Klage führte, bis der eigentlich vorgesehene zeitliche Rahmen nun endgültig um eine Stunde überschritten war. Da mochte man dem Gastgeber zu recht einen verfehlten Versuch bei der ins Pittoreske weisenden Restaurantwahl, dazu auch eine recht deutsche Zeitplanung vorwerfen, zugleich trat für den kritischen Betrachter in der exemplarischen, ohne Ironiesignal gegebenen Vorführung der zeitlichen Dimension des französischen Kulturmusters ‚Essen’ auch eine rigide Beharrung auf erworbene Handlungsmuster bzw. eine völlige Unfähigkeit zur situativen Funktionalität im Verhalten in Erscheinung. 282 Comptes rendus Dass das Essen und die mit ihm verbundenen Rituale auch in der jüngsten Gegenwart noch einen wesentlicher Anlass und Archetyp des Fremdverstehens und der Missverständnisse darstellen, macht eine der Episoden aus Götzes neuem Buch sehr anschaulich. Sie stammt aus dem Zusammenhang des studentischen Austausches und handelt von einer deutschen Gastgruppe aus Tübingen, die ein gemeinsames Essen mit festgelegter Speisenfolge und Sitzordnung in der Nähe der Sainte-Victoire individualistisch und ökologisch zu unterlaufen sucht, dies mittels einer Art Bestehenwollen auf dem à la carte Prinzip, dann durch den Austausch von Speiseanteilen, schließlich durch Absonderung an andere Tische, ein Vorgang, in dem jedenfalls den einladenden französischen Germanistikprofessoren deutscher Herkunft eine nicht leicht zu handhabende Mischung von fehlender kulinarischer Erfahrung (Lammfleisch als Hauptgang, kenn ich nicht, mag ich nicht, Knoblauch auch nicht), jugendlichen Ängsten und postmoderner Individualisierung entgegentrat, welche Koch und Gastwirt beleidigte, aber auch die zur Seminargruppe gehörenden französischen Studierenden verwunderte, nicht zuletzt deswegen, weil schon bei der Sitzordnung angefangen, die deutschen Studierenden keinen Respekt gegenüber den Professoren kannten, und so schließlich weder Ordnung noch genussvolle convivialité nach französischer Art aufkommen konnte. Götze ist zu sehr vorzüglicher Schreiber und naturwüchsiger Materialist, um über solche Erfahrungen in Larmoyanz zu verfallen. Er bietet plausible Hypothesen an, differenziert diese sogleich wieder, ohne indes je in einen ubiquitären Relativismus zu pflegen. Mit Ernüchterung liest sich aus dem Bezirk des Essens die amüsierte Beschreibung der dürftigen Mensa in Aix-en-Provence, die mir, 1968 aus Freiburg kommend (Normalmenü: Leberkäs, Spinat, Kartoffeln) während meines Gastsemesters dank faux-filet und Baumkuchen noch als wahres Paradies erschienen war. Die Beschreibung der Fleischstücke und ihrer Namen anlässlich des Einkaufs auf dem Markt von Aix hingegen kompensiert jeden Gedanken an Mangel durch ihren Reichtum, ihre Präzision wie ihre Anschaulichkeit. Die auf den späteren Genuss hin orientierte Warenkunde geht einher mit kulturanthropologischer Reflexion, Hinweisen auf kulturgeschichtliche nationale Besonderheiten wie auf schichtenspezifisches Essverhalten. Sie wird begleitet von einer Kulturgeographie der besten Lagen für jedes Produkt. Die Narration weitet sich schließlich zur Restaurantgeschichte, die mit den Köchen des depossedierten Adels beginnt. Der Verfasser eines Buches auch über die französischen Meisterköche und selbst, wie ich jüngst erfahren durfte, begnadeter Koch, verfällt jedoch weder in deutsche Übergründlichkeit noch in wohlfeiles Theoretisieren, immer bleibt er Physiologist und Liebhaber der Materie, die er behandelt, und stets findet er die aufschließende stilistische Formel oder den plastischen Vergleich, um seinen Gegenstand ins richtige Licht zurücken. Etwa, wenn er die kulinarische Unterentwicklung Deutschlands mit dem gegen französische Essdekadenz gerichteten poetischen Lob der Kartoffel von Matthias Claudius veranschaulicht. „Meine Studenten bestaunten mein Rad und meine Tat“, heißt es bündig in den Präliminarien zum Kapitel über die Tour de France, um zu charakterisieren, dass in Frankreich - wir sind bei der Episode in den 1980er Jahren - weder ein Professor noch ein Student mit dem Rad zur Universität fuhr, und schon gar nicht einen „Halbrenner“ mit Gepäckträger, im Lande Anquetils. Und für den Verlauf der Tour, die an den Sehenswürdigkeiten der Geschichte entlangführt und die Schönheit wie die regionale Vielfalt Frankreichs zur indirekten Geltung bringt, dazu jedmalig in Paris endet, findet Götze die schöne Formel