eJournals lendemains 33/132

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2008
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La revue Rencontres franco-allemandes de 1959 à 1989: images de la RDA en France

2008
Hélène Yèche
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13: 41: 21 120 Forum Forum Forum Forum Hélène Yèche La revue Rencontres franco-allemandes de 1959 à 1989: images de la RDA en France Organe de publication de la société d’amitié Echanges franco-allemands (EFA), la revue Rencontres a vu le jour en novembre 1959, un peu plus d’un an après la création à Paris de l’„Association française pour les échanges culturels avec l’Allemagne d’aujourd’hui“. 1 Pour clarifier la position de l’association, le président Albert Chatelet, Doyen honoraire de la Faculté des Sciences de Paris, décidait de lancer un appel aux Français diffusé dans le numéro 1 du bulletin Rencontres franco-allemandes, revue alors trimestrielle. Dans cet éditorial intitulé „Pourquoi une Association nouvelle“, A.Chatelet revient sur la situation politique délicate à l’époque dans les relations franco-allemandes pour justifier la naissance des EFA: „Cette situation […] rend difficile l’établissement de relations sans lesquelles ne saurait se développer entre Français et Allemands l’entente souhaitable. C’est pour cette raison que l’Association juge utile de consacrer plus spécialement ses efforts au développement des échanges avec la République démocratique allemande [...] et à l’organisation de manifestations artistiques et culturelles de toutes sortes, susceptibles d’amener une meilleure connaissance réciproque des deux peuples.“ 2 L’objectif premier de l’association s’articule donc autour de la connaissance de la RDA qui, au moment du 10 e anniversaire de sa fondation, demeure largement ignorée du public français, comme le déplore encore le Doyen Chatelet en octobre 1959: „Voici dix ans que la République Démocratique Allemande a été fondée et la République Française en ignore toujours officiellement l’existence.“ 3 Emanant d’une volonté citoyenne privée, l’association se veut tolérante et se place d’emblée sur le terrain de la société civile: „L’Association s’adresse à tous les Français que cette initiative intéresse et sollicite leur concours.“ 4 Même si sa création n’est pas étrangère à l’influence du parti communiste, 5 l’association Echanges francoallemands - comme son nom l’indique - présente les échanges culturels comme le moyen de mettre en œuvre un lien transnational. 6 La volonté de rapprochement avec le voisin allemand de l’est repose sur de multiples raisons qui prévalent déjà dans la gauche française: tout d’abord la crainte du conflit passé et la peur du militarisme allemand, ravivée par la question du réarmement de la RFA; ensuite la tradition antifasciste qui a présidé à la naissance de la RDA et qui figure comme un a priori favorable par rapport à la RFA; enfin, la volonté de réconciliation sur la base de la détente internationale et de la paix qui rappelle la présence en France après-guerre d’un parti communiste fort dont les EFA demeurent toutefois indépendants. 7 121 Forum Exemple d’association fondée sur base privée et dont la création anticipe sur les sociétés d’amitié avec la RDA chapeautées par la Ligue pour l’amitié entre les peuples dans le cadre de la politique étrangère de la RDA à partir de 1961, 8 les EFA représentent un canal particulier de rapprochement entre la France et la RDA par le biais d’une société d’échanges culturels qui insiste sur des valeurs humanistes générales de paix et de tolérance, comme le rappelle encore le Doyen Chatelet: „L’Association des Echanges franco-allemands s’adresse à vous tous qui êtes ici ce soir, en demandant votre adhésion à l’oeuvre de fraternité qu’elle poursuit. Elle s’adresse à tous les Français qui pensent comme elle qu’au-dessus des frontières, en dehors des structures politiques, il y a des liens possibles entre les hommes qui font les mêmes travaux, aspirent aux mêmes joies, livrent les mêmes combats contre la misère, la maladie, les calamités naturelles, ces seuls ennemis que les nations devraient connaître.“ 9 Durant trente ans, de 1959 à 1989, les EFA, plus connus à partir de 1973 sous le nom de „France-RDA“, 10 œuvrent à la connaissance réciproque et au rapprochement entre la France et l’Autre Allemagne. Bulletin de liaison national entre les différents comités des EFA, la revue Rencontres franco-allemandes a contribué depuis 1959 à façonner une certaine image de la RDA, ce „pays méconnu“ selon le titre de l’ouvrage que lui consacra Gilbert Badia en 1963. 11 Si la fonction du bulletin est en premier lieu de rendre compte des activités de l’association 12 et de faire le lien entre les différents comités locaux, départementaux et le Comité national des EFA, il constitue - au-delà de cet aspect purement fonctionnel - un témoignage précieux sur l’élaboration, la constitution et l’évolution de l’image de la RDA en France. Tirée d’abord à 300 exemplaires pour atteindre les 6 000 exemplaires en 1966 13 et plus encore au début des années 1970, la revue Rencontres a considérablement évolué dans le temps, tant dans la présentation générale de sa maquette qu’au niveau des rubriques proposées. Et même si l’on trouve régulièrement insérés des encarts publicitaires pour la voix officielle de la RDA, la RDA-Revue, 14 force est de constater que le bulletin Rencontres francoallemandes demeure incontestablement autonome par rapport au gouvernement est-allemand dans ses choix éditoriaux. De manière générale, la revue Rencontres est de facture plus modeste que la RDA-Revue publiée depuis 1955 par les autorités de RDA à l’intention des pays étrangers par l’intermédiaire des Editions d’État Zeit im Bild à Dresde. Paraissant mensuellement en allemand, anglais, français, suédois, danois, finlandais et italien, la RDA-Revue propose par exemple en mars 1968 un fort magazine à couverture rigide d’une soixantaine de pages, agrémenté d’une couverture en couleur et de nombreux documents iconographiques, en noir et blanc et en couleur. Intitulée „Magazine de la République Démocratique Allemande“, la RDA-Revue présente une image résolument moderne et positive de l’Allemagne socialiste. Le sommaire du numéro de mars 1968 est à cet égard tout à fait représentatif de la „politique d’image“ 15 que mène le gouvernement socialiste à travers cette publication. Un premier article intitulé „Ils 122 Forum ont trouvé une patrie“ est consacré au „petit peuple sorabe 16 de Lusace“ qui „jouit depuis plus de 20 ans de l’égalité des droits en RDA“ tout en cultivant ses traditions et son folklore. Les deux dossiers suivants sont dédiés au progrès industriel et agricole en RDA. Le troisième reportage concerne le projet „Sanatorium en haute mer“ qui salue le „travail de pionnier“ accompli dans le domaine de la santé publique par les autorités socialistes. Enfin un dernier article présente „Le sport en RDA dans l’année olympique“ et fait le portrait d’un jeune athlète modèle, qui a pourtant échoué de peu à se qualifier pour les Jeux Olympiques de Mexico, mais qui est décrit comme un idéal d’équilibre entre le corps et l’esprit: „Max Klauss, né le 27 juillet 1947, étudie la physique à l’Université technique de Dresde, pèse 85 kg et mesure 1,86 m, distractions: lit volontiers un bon livre (auteurs classiques de préférence), va au cinéma et au théâtre aussi souvent que ses loisirs très mesurés le lui permettent“. Les autres articles concernent à la fois la vie culturelle du pays avec la Foire de Leipzig, la VI e exposition allemande d’art à l’Albertinum de Dresde, l’exposition à Berlin de quelque 150 tableaux du peintre réaliste français André Fougeron qui s’efforce „de représenter un monde fraternel, le monde de demain“ et la vie politique de la RDA avec un compte rendu du X e Congrès du LDPD „Internationalement très remarqué“ et de la V e Assemblée de la Ligue pour l’amitié entre les peuples. Enfin la page de couverture invite à la découverte d’une jeune bergère, incarnation tout à fait particulière de ce que l’Allemagne socialiste présente sous le titre „Jeunesse 68“. Le magazine comporte également une rubrique de mode qui fait la publicité des tissus écossais fabriqués par l’entreprise d’Etat VEB Textil-Werke à Hartha en Saxe et livrés „dans plus de 30 pays“ grâce un grand nombre de qualités: „grande résistance, dessins originaux, structure moderne, prix très modiques“. Il propose également à l’intention des plus jeunes une double page de jeux et bricolages ainsi qu’un concours à base de calcul pour gagner entre autres des livres illustrés sur la RDA. La propagande envers l'opinion publique française s'appuie sur un magazine illustré décrivant la construction du socialisme en RDA. De nombreux reportages de la RDA-Revue sont consacrés aux crèches modèles, aux maternités modernes, aux écoles nouvelles, lumineuses et bien organisées, aux universités reconstruites. 17 Les autorités socialistes mettent ainsi en scène l'ordre, le progrès technique, la modernité, le respect des individus. Il s'agit de promouvoir l'humanisme socialiste, qui est l’inverse de l’individualisme capitaliste. Résolument distrayante et ludique, la RDA-Revue vise à diffuser l’image idéale d’un pays moderne en plein essor économique. La même année, le numéro correspondant de la revue Rencontres est un numéro triple pour Mars-Avril-Mai 1968 consacré au 3 e Congrès et au 10 e anniversaire des EFA. L’ampleur de ce numéro fort de 80 pages ne doit pas faire illusion. En moyenne, le bulletin Rencontres comprend entre 5 et 15 pages à la présentation plutôt austère: la couleur ne fera son apparition qu’à la fin des années 1960, en monochromie pour égayer la page de couverture seulement. Les photos, uniquement en noir et blanc, sont utilisées avec parcimonie et réservées 123 Forum principalement aux couvertures. Trimestrielle la première année, la revue suivra par la suite une parution bimestrielle qui demeure la règle jusqu’en 1989. La première maquette se présente sous la forme d’un cahier composé d’un feuillet double et d’un intercalaire. Dans le titre en grosses capitales, le mot RENCONTRES se dégage nettement, pour finir par subsister seul à partir du numéro 98 de novembre-décembre 1977, l’adjectif „franco-allemandes“ apparaissant désormais en très petits caractères. Sous le titre figure, dans un premier temps, le sous-titre dont l’importance se révèlera au plus fort de la lutte politique pour la reconnaissance de la RDA puisque l’intitulé original de la revue: „Organe de l’Association française pour les échanges culturels avec l’Allemagne d’aujourd’hui“ depuis le n° 1 devient au n°63, sans aucune explication aux abonnés: „Organe de l’Association pour la coopération entre les deux États allemands et la reconnaissance de la République Démocratique Allemande“, titre pour le moins engagé politiquement et qui sera conservé jusqu’en 1973, date de la reconnaissance officielle de la RDA au niveau international. L’association changera d’ailleurs à cette occasion de dénomination pour honorer la reconnaissance de la RDA par la France: désormais, elle s’appellera France-RDA jusqu’à la chute du Mur en 1989. Mais malgré des changements de maquettes de plus en plus fréquents au cours des années 1970 et 1980, qui témoignent d’une certaine volonté de modernisation et d’adaptation à l’air du temps, les couvertures de la revue Rencontres restent bien moins attractives que celles, résolument dans le vent, de la RDA-Revue. A partir de la fin de l’année 1972, la revue n’est plus présentée comme l’organe de l’association Echanges franco-allemands: elle devient tout simplement Rencontres franco-allemandes. Le sous-titre figure en fait désormais à l’intérieur du bulletin, sur la première page aux côtés des indications éditoriales. Quelques numéros au milieu des années 1970 présentent, à côté du titre en capitales de la revue, un logo censé représenter l’alliance entre la France, figurée sous les traits d’une Marianne paysanne en sabots et bonnet phrygien, et la RDA, incarnée par l’ours de Berlin, tout droit sorti des armes de la ville capitale de la RDA - à l’exception de son allure de peluche. La sobriété demeure le dénominateur commun de toutes les maquettes successives: résolument moderniste à partir du numéro 101 où le nom „Rencontres“ est imprimé verticalement sur le côté gauche de la page de couverture en énormes caractères arrondis en regard d’une photographie stylisée de paysages le plus souvent urbains. Mais dès le numéro 121, on revient à un design plus classique, incluant un temps des inscriptions en caractères gothiques, qui se distingue toutefois par un arrière-plan de couleur formant une sorte de cadre en couverture. Cette dernière maquette prévaudra jusqu’en 1989. 18 D’une manière générale, la sobriété de la présentation demeure une constante pour cette revue qui a toujours privilégié le texte à l’image. La revue Rencontres a en effet depuis ses débuts pour fonction principale de rendre compte des actions de l’Association dans tous les domaines et à tous les niveaux: comptes rendus de jumelages, rubrique sur la vie des comités locaux, 19 préparation des congrès nationaux, ainsi que témoignages d’adhérents. C’est 124 Forum pourquoi le numéro spécial 51 de Mars-Avril-Mai 1968 n’a strictement rien à voir avec son homologue est-allemand à la même date: ici, pas de photo en couleur, ni d’articles élogieux sur un pays en voie de modernisation. Le point de vue adopté se veut à la fois scientifique et personnel. D’une part, l’éditorial intitulé „Comment faire progresser la normalisation des rapports entre la France et la République Démocratique Allemande“ ne cache pas les motivations politiques de l’Association qui précise en outre „qu’il ne s’agit pas là d’une initiative qui soit propre à l’Association des Echanges franco-allemands“ (11). L’allocution du Président Hauriou revient sur les activités de l’association depuis 10 ans et sur les contacts établis récemment avec son homologue l’Asssociation Allemagne-France en RDA. 20 Il y est question d’un „projet de civilisation européen qui pourrait être différent du projet de civilisation américain“ et qui fut présenté à Walter Ulbricht (11). Les EFA entendent ainsi agir sur le plan politique et soutiennent la conférence internationale d’Helsinki, initiative du député socialiste suédois du Riksdag M. Arvinson. Roland Weyl, avocat à la Cour de Paris, présente une réflexion sur „Le bureau de circulation interallié de Berlin-Ouest et ses mystères“ (48) où il dénonce l’attitude de retranchement du gouvernement français qui s’abrite derrière la bureaucratie du Bureau Allié de voyage pour ne pas délivrer les visas nécessaires à la visite de citoyens est-allemands en France: „Il ne s’agit pas seulement de rendre aux 17 millions de citoyens de la RDA les mêmes droits qu’à tout autre homme au monde. Il s’agit aussi de rendre à 50 millions de Français la même souveraineté, la même liberté de recevoir qui leur plaît chez eux.“ (52) On constate que les propos imprimés dans le bulletin Rencontres visent essentiellement à conforter les membres de l’association dans la poursuite de l’objectif principal, à savoir la reconnaissance de la RDA. Comme le résume Roger Gaudin: „Nous constatons aujourd’hui que notre action pour faire progresser la connaissance de la RDA a contribué au fait que son existence est maintenant admise par la majorité des Français et que des voix plus nombreuses en réclament la reconnaissance“ (59), grâce en particulier à l’action des comités de jumelage. Le problème, dans tous les échanges avec la RDA, demeure le manque de réciprocité patent. La critique qui s’exprime par ce biais n’est cependant pas dirigée contre le gouvernement de la RDA: c’est la politique extérieure de la France qui est ainsi remise en cause. La revue Rencontres fournit de manière constante une image particulièrement critique de la position française, tout en proposant sur la RDA des témoignages personnels qui, même s’ils vont dans le sens d’une apologie du système, prennent plus de poids par leur forme personnelle. 21 Ainsi Jean Auburtin donne de son séjour à Berlin, effectué grâce à l’entremise des EFA, un compte rendu „en toute objectivité“, n’étant membre „ni du gouvernement, ni du contregouvernement“ (27): son témoignage cependant ne tarit pas d’éloges sur la RDA où „d’immenses progrès ont été réalisés“ et où „un profond sentiment pacifique anime l’ensemble de la population“ (29). De la même façon, l’historien Georges Castellan dresse un portrait positif de l’année 1967: „année de croissance vigoureuse de la RDA“ (39), affirmant que désormais, pour „tout observateur de 125 Forum bonne foi qui se rend en RDA“, il est difficle „de deviner, à voir les gens dans la rue, s’il se trouve en République Fédérale ou en République Démocratique“ (42). Quelques photos en noir et blanc de Willy Ronis 22 illustrent ce numéro spécial et présentent une image attractive de la RDA comme ces „Congés payés sur la Baltique“ (43) où l’on voit une famille avec quatre enfants blonds paisiblement installés sur une plage. La revue propose d’ailleurs régulièrement des reportages illustrés sur la RDA (économie, transports, agriculture, vie sociale, jeunesse, Berlin capitale...) qui visent à renforcer la connaissance de la RDA chez les lecteurs français. Mais l’image de la RDA qui est véhiculée à travers ces reportages ainsi que par le biais des fiches historiques rédigées par le professeur Castellan ou d’autres historiens comme Henri Smotkine, n’est toutefois pas exempte de critique: ainsi on peut lire dans la Fiche de documentation n° 9 sur l’Historique de la République Démocratique Allemande(1956-1961) que „on assiste à une déstalinisation fort limitée“ en RDA et que „le SED fut le premier à reconnaître le régime Kadar, tandis qu’il critiquait ouvertement certains aspects du ‚révisionnisme’ polonais, en particulier la dissolution des coopératives agricoles de production“. 23 Dans le numéro 65, Georges Castellan propose un article de trois pages sur les „Problèmes en voie de règlement et problèmes qui restent à régler“. 24 Et c’est ce regard plus nuancé qu’admiratif qui fait toute la valeur du bulletin Rencontres. Car la RDA ainsi présentée aux Français offre un visage moins lisse, moins parfaitement conforme au discours et à l’idéal socialiste, plus humain. Ainsi relèvet-on fréquemment des moments de réflexion critique dans les articles de la revue Rencontres. La rubrique: L’opinion des Ardennes offre un exemple type de ce genre de réflexion: „La direction du comité et plusieurs congressistes ont néanmoins fait état d’une démobilisation des adhérents compte tenu de la nonvenue de citoyens de la RDA et exprimé leurs regrets qu’un jumelage promis entre Charleville-Mézières et Nordhausen n’a pas été accepté par les partenaires de la RDA“. 25 L’indépendance relative de la publication garantit aux lecteurs une vision de la RDA fondée sur l’expérience individuelle, préférée à la position officielle du gouvernement français vis-à-vis de la RDA (refus de la reconnaissance diplomatique), même si le ton est parfois un peu trop enthousiaste, 26 surtout dans les premières années. La revue Rencontres demeure avant tout l’organe de publication de l’Association Echanges franco-allemands, c’est pourquoi finalement de nombreux bulletins sont dédiés à la communication en interne. C’est le cas par exemple du numéro spécial d’avril 1963, sorti juste après la signature du Traité de l’Elysée entre le Général de Gaulle et le Chancelier Konrad Adenauer, et consacré exclusivement à la constitution d’un grand comité parisien des EFA: dans ce numéro, il est rappelé que „ce n’est pas oeuvrer à la véritable réconciliation francoallemande que de prétendre ignorer toute une partie du peuple allemand 18 ans après la fin de la guerre“. 27 Si de nombreux échanges artistiques ont eu lieu depuis la fin des années 1950 entre la France et la RDA, du point de vue culturel les EFA s’efforcent de faire connaître la littérature de RDA très peu traduite et enseignée en France. Jean 126 Forum Tailleur tient régulièrement à partir du numéro 30 de novembre 1964 une chronique littéraire intitulée: „Avez-vous lu? “ consacrée à „la connaissance de la littérature allemande en République démocratique“ 28 et dont la première édition consiste en une interview de Christa Wolf à l’occasion de la parution de la traduction française de son ouvrage polémique „Le ciel partagé“(Editeurs Français réunis). Le seul choix de ce livre prouve le désir d’objectivité du chroniqueur qui présente au public français ce qu’il considère comme „l’apparition d’une nouvelle génération d’écrivains“, „tout à la fois bâtisseurs et fils de la RDA, ils ont pour elle l’affection lucide que les enfants, devenus majeurs, portent à la maison familiale“. 29 Fidèle au principe d’égalité qui demeure un des fondements de l’Association, Jean Tailleur rendra très souvent compte d’ouvrages venant de l’Est comme de l’Ouest: ainsi, en mars-avril 1972, il est à la fois question de Walter Benjamin, Brecht, Brentano, Jünger, Kafka, Heinrich Mann et Luise Rinser. 30 A partir du début des années 1980 une nouvelle rubrique apparaît en dernière page du bulletin: les articles de la „Page du germaniste“ sont publiés en allemand, s’adressent à un public de spécialistes et traitent le plus souvent d’oeuvres littéraires. La littérature tient une place prépondérante dans la revue Rencontres. Dans le numéro de mars-avril 1985, Paul Perronet rend compte de la traduction en français par Gilbert Badia et Vincent Jezewski des „Libres propos de Hinze et Kunze“, ouvrage provocateur de Volker Braun, passé quasiment inaperçu en RDA et dont il est dit qu’il refuse, dans la tradition de Brecht, „d’apporter au lecteur comme au spectateur comme sur un plateau, une réponse toute prête aux questions posées“. Privilégiant les auteurs de RDA qui dérangent, 31 le bulletin Rencontres, à l’instar de la revue universitaire „Connaissance de la RDA“, 32 favorise la diffusion en France d’une image dissidente de la littérature socialiste qui ne correspond pas exactement à la réalité du pays. L’Autre Allemagne devient rapidement un produit touristique pour les EFA qui semblent se transformer en agence de tourisme spécialisée dans la RDA comme en témoigne ce numéro de novembre-décembre 1966 consacré exclusivement à la publicité des divers voyages d’été proposés par l’association: il y en a pour tous les goûts, depuis les Sports d’hiver et les Voyages touristiques pour tous aux séjours de Jeunes de 18 à 25 ans et aux Cours d’Eté Spécial Professeurs, Instituteurs, Etudiants, Lycéens, Germanistes. 33 On trouve dans presque chaque numéro des encarts publicitaires pour des voyages en RDA. Les EFA éditent même en 1983, 1984, 1985 et 1986 une brochure spécifique, colorée et dynamique, sur les „Séjours Vacances Loisirs en RDA“: l’opinion avancée alors est que „pour se faire une idée juste de la RDA, la connaissance par le vécu sur place est le meilleur moyen“. 34 La revue prendra cependant à partir de 1970 un caractère résolument militant en diffusant auprès de ses adhérents une pétition en faveur de la reconnaissance officielle de la RDA par la France (n°62) qui recueillera d’ailleurs selon les EFA entre 80 000 et 175 000 signatures (chiffres arrêtés au 7 mai 1972). Les bulletins de cette époque ne comportent presque aucune information sur la RDA, se 127 Forum concentrant essentiellement sur les activités politiques des différents comités en faveur de la reconnaissance de la RDA. En dehors de cette phase d’intense activité politique, la revue Rencontres a la particularité de présenter depuis les premiers numéros une réflexion historique permanente sur la question allemande. Alors que la RDA-Revue ne se risquera jamais à aborder ces questions épineuses, elles font régulièrement l’objet de débats dans le bulletin Rencontres. Chaque anniversaire de la fondation de la RDA donne d’une part lieu à des manifestations spécifiques organisées par les comités locaux et départementaux des EFA ainsi que par le Comité national dont le bulletin rend compte, parfois en page de couverture. 35 Par ailleurs, un certain nombre de bulletins consacrent un article à de grands moments de l’histoire de l’antifascisme, du socialisme et des relations France-RDA: ainsi le numéro 54 (Janvier-Février 1969) titrant „Cette nuit là“ est dédié au compte rendu par Rita Thalmann de la commémoration du 30 e anniversaire de la Nuit de Cristal le 13 décembre 1968 au Grand Palais; le numéro 63 (Novembre-Décembre 1970) revient sur „Le mouvement syndical et les EFA: Il y a 20 ans: l’accord CGT-FDGB“; la couverture du numéro 65 (Mars-Avril 1971) met en scène „La rencontre d’Alexei KOSSIGUINE et de Willy BRANDT à Moscou en août 1970“; le numéro 71 (Mai-Juin 1972) propose un „Mémoire sur les relations entre la France et la République Démocratique Allemande“ et le numéro 73 (Novembre-Décembre 1972) revient sur la rencontre entre Willy Brandt et Willy Stoph à Erfurt en mars 1970; le numéro 98 (Novembre-Décembre 1977) offre une réflexion sur le thème „Avancer dans l’esprit d’Helsinki“ et le numéro suivant propose un bilan intitulé „Nature, histoire, art et socialisme en RDA“; le numéro 110 en Mai-Juin 1980 porte le titre: „La promotion de France-RDA à l’occasion du 35 e anniversaire de la libération des peuples“; un article sur le „27 février 1933: un incendie qui allait mettre le feu au monde“ revient en 1983 sur les débuts du III e Reich tandis que l’un des derniers numéros avant les bouleversements de l’automne 1989 est consacré, sous le titre „Vive Quatre-vingt-neuf“, aux commémorations du bicentenaire de la révolution française envisagées dans une perspective bilatérale utopiste comme l’indique l’éditorial: „Quatre-vingt-neuf sera en même temps l’année du 40 e anniversaire de la proclamation de la République Démocratique Allemande. Deux révolutions portées par des idéaux semblables.“ 36 Indéniablement la revue Rencontres s’efforce d’offrir à son public une perspective de réflexion historique qui ne s’est pas tarie avec la reconnaissance officielle de la RDA en 1973, car la mission de l’association demeurait intacte: „passer de la reconnaissance à la connaissance“ (Louis Périllier). 37 Les objectifs de coopération pleine et entière entre les deux pays furent loin d’être atteints jusqu’en 1989 comme l’indique, à la veille de la chute du Mur, une présentation de l’association dans le numéro 151: „Depuis plus de 30 ans, l’Association France- RDA s’efforce d’obtenir une normalisation dans les rapports entre les deux pays afin d’arriver à de véritables échanges dans le domaine des idées et des hommes“. 38 Autant dire que malgré la reconnaissance officielle de l’Autre Allemagne, les relations diplomatiques étaient loin d’être idéales. Ce qui explique 128 Forum d’ailleurs le nombre encore très important d’adhérents et le succès de l’association qui compte 16 000 membres en 1977 et ne connaîtra de réelles difficultés d’audience qu’après 1989. 39 La disparition de l’autre État allemand fut bien sûr cause d’un grand émoi en 1989/ 90. Le numéro spécial 152 de décembre 1989 réagit à chaud sur les événements récents qualifiés de „véritable révolution, révolution pacifique“ et salués par les EFA comme une évolution de la RDA dont il faut se réjouir, tout en soulignant qu’il appartient à l’association de continuer à faire connaître „un pays trop méconnu“: „Que savent-ils, la plupart des Français, de la RDA? Rien! Que devraient-ils savoir? Tout. C’est pourquoi une association comme la nôtre demeure plus que jamais nécessaire. […] Nous allons poursuivre notre action.“ 40 Témoin de la mobilisation de la société civile française en faveur du rapprochement des peuples et mémoire vivante des activités de l’Association Echanges franco-allemands entre 1959 et 1989, 41 la revue Rencontres a largement contribué à la connaissance de la RDA en France en diffusant une image plurielle et nuancée de la construction du socialisme sur le sol allemand, mélange de considérations historiques et de récits d’expériences individuelles. Même si l’influence politique des EFA sur la reconnaissance de la RDA par le gouvernement français s’est finalement révélée négligeable au plan strictement politique, aucune autre structure associative en France n’a réussi à mobiliser autant de personnalités diverses de tous bords pour soutenir la cause de la RDA et n’a autant oeuvré à la connaissance de l’Autre Allemagne par le biais de manifestations culturelles et à caractère informatif, fidèle en cela aux fondements pacifistes d’une action de terrain: „Mieux se connaître pour mieux se comprendre. Mieux se comprendre pour mieux coopérer.“ 42 1 Les statuts de l’association sont déposés le 22 avril 1958 à la Préfecture de Paris. 2 Cf. Rencontres franco-allemandes, n°1, novembre 1959, 1. 3 Allocution du Doyen Chatelet à l’occasion du 10 e anniversaire de la République Démocratique Allemande, ibid., 3. 4 Ibid.1. 5 Roland Lenoir, première secrétaire général de l’association, est membre du PCF, de même que Jacques Denis, journaliste. Dans son étude sur les relations entre la France et la RDA, Ulrich Pfeil insiste sur le rôle déterminant de ces membres du PCF dans l’organisation des EFA. Cf. Ulrich Pfeil: Die ‘anderen’ deutsch-französischen Beziehungen, Cologne, Böhlau, 2004, 271sqq. 6 Cf. Hans Manfred Bock: „Wiederbeginn und Neuanfang in den deutsch-französischen Gesellschafts- und Kulturbeziehungen 1949 bis 1950“, in: Lendemains, 21,1996, 58-66. 7 Même si les EFA patronnent des dizaines de comités locaux et départementaux dans toute la France, avec une forte représentation des départements du Nord et Pas de Calais et de la région parisienne („ceinture rouge“), et si le bulletin Rencontres est imprimé par les presses communistes S.P.E.C. à Châteauroux, ils ne constituent pas une organisation de masse du Parti à l’instar du Secours populaire à la même époque ou de l’Association France-URSS. On ne trouve mention des EFA dans les décisions du 129 Forum Bureau politique du PCF qu’au moment de la campagne pour la reconnaissance de la RDA au début des années 1970. 8 Cf. Bundesarchiv, SAPMO, Liga für Völkerfreundschaft, DY13. 9 Cf. Allocution du Doyen Chatelet, Rencontres franco-allemandes, n°1, op.cit., 4. 10 En 1973, l’association change de nom suite à la reconnaissance officielle de la RDA par la France. Voir plus loin. 11 Gilbert Badia et Pierre Lefranc: Un pays méconnu: la République Démocratique Allemande, Dresde, Verlag Zeit im Bild, 1963. 12 Certains bulletins sont même entièrement dédiés à la vie de l’association: outre les premiers numéros 1 à 5 qui s’articulent autour de la mise en place des structures de l’association (préparation de l’assemblée générale annuelle en 1960), on relève le n°50 consacré au 3 e Congrès de l’association, le n° 72 consacré au 5 e Congrès de l’association, les n° 86, n° 90, n° 95: „Regard sur l’évolution de l’association“, n° 100 en 1978 pour les 20 ans de l’association, n°102, 115, 122, 143, 144, 148… 13 Cf. Ulrich Pfeil: Die ‚anderen’ deutsch-französischen Beziehungen, op.cit., 278. 14 Ibid., 306-307: La „DDR-Revue“ ainsi que le bulletin „Écho d’Allemagne“ étaient distribués sur abonnement par voie postale en France et en Belgique par le biais de la Ligue pour l’Amitié entre les peuples et faisaient la promotion d’un État socialiste démocratique à visage humain. 15 Cf. Bilderreiche Imagepolitik statt offizielle diplomatische Beziehungen (1949-1973) in: Ulrich Pfeil, Die ‚anderen’ deutsch-französischen Beziehungen, op.cit., 169-433. 16 On trouvera d’ailleurs plusieurs articles consacrés à la minorité sorabe dans la revue Rencontres et le n° 134 du bulletin en novembre-décembre 1985 est dédié au VI e festival de la culture sorabe à Bautzen. 17 Bien que ce ne soit pas l’objectif premier du bulletin des EFA, on retrouve de nombreux récits de témoins dans la revue Rencontres qui font état de ce progrès technique et humaniste. 18 Avec le renouveau de l’association en 1991, une nouvelle maquette plus colorée prendra la relève, avec des cahiers moins importants pour limiter les frais d’impression et une périodicité à nouveau trimestrielle. La version actuelle de la revue depuis le n°164 de Janvier-Février-Mars 2000 reprend la formule initiale des années 1950: un cahier sans couverture rigide imprimé avec une couleur dominante qui change à chaque trimestre et un titre inchangé: Rencontres en gros caractères et le qualificatif franco-allemandes audessous en caractères plus petits. Depuis fin 2003, une sorte de logo a fait son apparition sur la lettre O de Rencontres qui semble figurer un personnage stylisé tendant une main vers le haut. 19 Ainsi le n° 85 du bulletin Rencontres franco-allemandes de Mars-Avril 1975 est essentiellement consacré à la présentation de l’activité des comités départementaux sous le titre „Quelques aspects de l’activité des comités“. 20 La Deutsch-Französische Gesellschaft der DDR a été fondée le 17 février 1962. Cf. Ulrich Pfeil, Die ‚anderen’ deutsch-französischen Beziehungen, op.cit., 300 sqq. 21 Voir également le „Témoignage de M. le Bâtonnier LASSERRE“, Rencontres francoallemandes, n°77, Septembre-Octobre 1973, 19. 22 Photographe reconnu depuis lors et dont la grande qualité artistique du travail a certainement contribué à diffuser une image positive de la RDA. 23 Cf. Rencontres franco-allemandes, n°60, 19. 24 Cf. Rencontres franco-allemandes, n°65, 9-11. 25 Cf. Rencontres franco-allemandes, n°101, 5. 130 Forum 26 Cf. Rencontres franco-allemandes, n°1, novembre 1959, 4. Récit très partisan de Marcel Chuzeville, Instituteur à Chandon (Loire) qui note „l’assurance que le jeune État démocratique allemand avance sur la voie du progrès et du bonheur“, „à la crêche de l’usine W. Pieck de Schwarza nous avons côtoyé des bambins resplendissants de joie et de santé tandis que plus loin, les grands s’adonnaient à leur sport favori“, „ce peuple laborieux et imprégné d’un profond désir de paix et d’amitié avec les autres peuples“, pour conclure: „Nous transmettons à tous les Français les innombrables messages de Paix et d’Amitié dont nous étions porteurs, en espérant qu’ils aideront à une plus grande compréhension mutuelle, gage de Paix entre les peuples.“ 27 Cf. Rencontres franco-allemandes, Numéro spécial Avril 1963, 3. 28 Cf. Rencontres franco-allemandes, n°30, Novembre 1964, 11. 29 Ibid. 30 Cf. Rencontres franco-allemandes, n°70, Mars-Avril 1972, 16. 31 Si Volker Braun est à l’honneur plusieurs fois dans la revue, certains écrivains comme Maria Seidemann (Rencontres n° 181) apparaissent rétrospectivement comme de purs produits de l’Institut de littérature Johannes R.Becher dont l’œuvre n’a pas connu la même postérité… 32 La revue „Connaissance de la RDA“, fondée par Gilbert Badia et Jean Mortier au début des années 1970, est publiée avec le concours du service de la recherche de l’université de Paris VIII-Vincennes: cette publication semestrielle proposera jusqu’en 1990 des études inédites écrites par des spécialistes de France ou de RDA. 33 Le numéro 108 de Janvier-Février 1980 et le numéro 112 de Novembre-Décembre 1980 sont également des numéros „Spécial Vacances“. 34 Cf. „Séjours Vacances Loisirs Découvrez la RDA“, 1986. Introduction par Gabriel Duc, Secrétaire Général de France-RDA. Ajoutons que l’organisation de ces voyages constituait un moyen de financement non négligeable pour l’Association dans la mesure où les frais de séjours étaient pris en charge par la RDA. Cf. Ulrich Pfeil, Die ‚anderen’ deutsch-französischen Beziehungen, op.cit., 272. 35 Cf. Rencontres n° 38, Novembre 1965: „Vive le 16 e anniversaire de la République Démocratique Allemande.“ / Rencontres n° 43, Septembre-Octobre 1966: „17 e anniversaire“/ Rencontres n°68, Novembre-Décembre 1971: „Vive le 22 e anniversaire de la République Démocratique Allemande“/ Rencontres n° 82, Septembre-Octobre 1974: „1949-1974 25 e anniversaire de la fondation de la République Démocratique Allemande“/ Rencontres n° 93, Novembre-Décembre 1976: „La RDA a 27 ans“, 16/ Rencontres n° 97, Septembre-Octobre 1977: „Soirée d’amitié et de gala pour le 28 e anniversaire de la RDA“, 14/ Rencontres n° 107, Septembre-Octobre 1979: „La République Démocratique Allemande à 30 ans“, 3/ Rencontres n° 129, Novembre-Décembre 1984: „Vive le 35 e anniversaire de la République Démocratique Allemande“/ Rencontres n° 151, Juillet- Août-Septembre 1989: „Bon 40 e anniversaire amis de la RDA“, 3. 36 Cf. Rencontres franco-allemandes, n° 150, Avril-Mai-Juin 1989, Editorial de François Rivière, secrétaire général, 3. 37 Cf. Rencontres franco-allemandes, n°77, Septembre-Octobre 1973, 23. 38 Cf. Rencontres franco-allemandes, n°151, Juillet-Août-Septembre 1989, 11. 39 Il y a actuellement environ 600 adhérents, dont la plupart sont des anciens. 40 Cf. Rencontres franco-allemandes, n°152, Décembre 1989, 1-2. 41 Il est évident qu’en décembre 1989 France-RDA croit fermement au maintien d’un État socialiste indépendant. Le numéro suivant de la revue Rencontres ne paraît qu’après les élections du printemps 1990 et l’association doit alors faire face à la „perspective d’une 131 Forum modification fondamentale de son objectif“. L’éditorial rédigé par Castellan, alors président-délégué, s’intitule prudemment: „Raison garder“. Il est décidé de maintenir le cap tant que la RDA existe. La revue Rencontres franco-allemandes continuera de paraître sous le même nom sans interruption jusqu’en janvier 1997 (n°163) . Ce numéro fait état des raisons que l’association a encore d’exister et qui tiennent aux modalités particulières de la réunification: „Force est de constater que le fossé continue de s’élargir entre citoyens de l’Est et de l’Ouest“. Et Gilbert Badia de rajouter en page 4 son sentiment: „Lorsque, après la disparition de la RDA de la carte d’Europe, la question a été posée aux adhérents de France-RDA de savoir s’il convenait de maintenir l’association ou de se saborder, j’étais d’avis que l’association n’avait plus de raison d’être. Aujourd’hui, au vu des conditions et des conséquences de l’unification allemande, je suis amené à réviser mon jugement. La plupart des observateurs constatent en effet qu’entre l’Allemagne de l’est et de l’ouest le ‚mur’ existe toujours, ‚dans les têtes’ à présent.“ Fidèle à son principe fondateur de connaissance de toute l’Allemagne, cette association n’a pas disparu après 1989: elle existe encore aujourd’hui et vient de fêter son cinquantenaire en 2008. 42 Cf. Rencontres franco-allemandes, n°152, Décembre 1989, 2. Resümee: Hélène Yèche, Die Rencontres franco-allemandes von 1959 bis 1989: Bilder der DDR in Frankreich untersucht das Bild der DDR in Frankreich von den frühen 60er Jahren bis zum Mauerfall. Als Sprachrohr eines neuen Deutschlands fungiert die am 22. April 1958 in Paris gegründete Freundschaftsgesellschaft Echanges franco-allemands. Association pour les échanges culturels avec l’Allemagne d’aujourd’hui (EFA). Ab November 1959 versuchte deren Publikationsorgan: die Zeitschrift Rencontres franco-allemandes durch Reportagen, wissenschaftliche Studien und Fotos die Wahrnehmung des zweiten deutschen Staates und seiner Kultur beim französischen Publikum zu fördern. Dank ihrer unpolitischen Fassade gewann die EFA immer neue Mitglieder und entwickelte sich zum wichtigsten Sprachrohr für die diplomatische Anerkennung der DDR in Frankreich in den 70er Jahren. Nach 1973 aber setzte sie ihre Aktion fort und bemühte sich stets durch kulturelle Veranstaltungen und Informationskampagnen die unterschiedlichen Akteure und Sektoren der französischen Zivilgesellschaft zu mobilisieren.