eJournals lendemains 39/154-155

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2014
39154-155

Îles, exils: Ébauches d'Europe dans l’œuvre de Victor Hugo et de Miguel de Unamuno

2014
Anne Kraume
ldm39154-1550253
253 DDossier Anne Kraume Îles, exils: Ébauches d’Europe dans l’œuvre de Victor Hugo et de Miguel de Unamuno I. A deux moments différents de l’histoire européenne, les écrivains Victor Hugo et Miguel de Unamuno vivent en tant qu’exilés sur différentes îles: le Français Hugo à Guernesey, dans l’archipel de la Manche, et l’Espagnol Unamuno à Fuerteventura, aux Canaries. Tous deux profitent de leurs séjours insulaires pour reconsidérer leurs idées de l’Europe, déjà esquissées dans les années précédant l’exil; et dans les deux cas s’ébauchent, à partir d’une vision de l’île comme lieu européen par excellence, des notions spécifiquement littéraires de l’Europe et cependant très différentes l’une de l’autre. Dans les réflexions qui suivent, j’aimerais mettre en lumière ces deux approches littéraires, en les comparant et en prenant surtout en considération les relations complexes qui existent entre l’état d’exil, l’île comme lieu de cet exil, le continent comme point de référence - et la littérature comme moyen d’approcher cet ensemble. C’est plus d’un demi-siècle après Victor Hugo que Miguel de Unamuno part en exil, banni par le dictateur espagnol des années 20, Miguel Primo de Rivera. Après avoir passé quelques mois à Fuerteventura, il s’enfuit pour la France, où il séjourne d’abord à Paris, puis à Hendaye, tout proche de la frontière espagnole. L’épisode insulaire est donc bref, mais pourtant très décisif - ce qu’il souligne luimême dans un petit texte, écrit à Paris et dans lequel il établit justement le parallélisme entre son exil à lui et celui de son prédécesseur Victor Hugo. Dans ce texte, Unamuno mentionne qu’il vient de visiter la Place de Vosges, et poursuit: Assis dans un coin des arcades de la Place des Vosges, où vécut et rêva Victor Hugo, je me souvenais de cet après-midi quand je lus, sous les arcades de la Place Majeure de Salamanque, le télégramme dans lequel on m’annonçait que l’on allait me déporter. Et suivant une association des idées, puisque Victor Hugo vécut et rêva dans cette provinciale et modeste Place des Vosges, je me souvenais de l’exil du poète des Châtiments dans l’île de Guernesey, d’où il lançait ses foudres contre la pourriture du Second Empire. 1 Dans ce passage, le parallélisme qu’établit Unamuno entre Hugo et lui-même se manifeste sur plusieurs niveaux: les deux places, la Place des Vosges à Paris et la Place Majeure à Salamanque, sont d’abord caractérisées comme espaces vitaux des deux poètes, et dans les deux cas, il s’établit immédiatement un lien entre les places et l’exil de ses habitants. Au même temps, le fait que cet exil, dans le cas de Hugo, soit directement mis en relation avec le combat acharné du poète contre le Second Empire de Napoléon III éclaircit aussi le rôle que Unamuno se réserve à lui-même dans sa propre lutte contre Primo de Rivera. Mais ce qui est plus inté- 254 DDossier ressant encore, c’est que l’écrivain espagnol termine son passage sur une petite note dans laquelle il mentionne une seule différence entre son exil et celui de Hugo: „seulement que Hugo resta durant des années sur son île“, dit-il (lui qui de son côté avait quitté la sienne après juste quelques mois). Cette différence minime qui ne concerne que la durée des séjours insulaires des deux poètes fait en même temps ressortir d’autant plus, selon Unamuno, certaines convergences - à savoir le départ des deux poètes de leur patrie chérie qui se concrétise dans ces deux lieux urbains que sont Paris et Salamanque, mais aussi l’exil consécutif vers une île éloignée et isolée qui est elle-même refuge et lieu d’asile, et enfin la possibilité de poursuivre le combat contre les dictateurs respectifs grâce à la qualité extraterritoriale des îles. II. Et effectivement, ce combat poursuivi depuis le retrait insulaire s’inscrit dans les deux cas dans une pensée où la question européenne joue un rôle important. Tant chez Victor Hugo que chez Miguel de Unamuno, cette question fait rapidement son entrée dans le registre des thèmes autour desquels tournent leurs réflexions. Dans le cas de Hugo, c’est dans les années 20 du 19 e siècle, et donc juste après le congrès de Vienne, qu’il commence à réfléchir à la structure géopolitique du continent, structure selon lui arbitraire, bien que politiquement légitimée: „Le congrès de Vienne a posé des frontières sur les nations comme des harnais de hasard et de fantaisie, sans même les ajuster“, 2 écrit-il encore dans les années 40, dans la conclusion de son récit de voyage Le Rhin. Dans ce contexte, Hugo se consacre à chercher dans ses poèmes ainsi que dans ses pièces de théâtre, ses récits de voyage et ses essais, des solutions alternatives pour ce qu’il perçoit comme une désorganisation fondamentale du continent non seulement sur le plan politique, mais plus encore sur le plan culturel. Ce sont surtout deux modèles qui retiennent son attention dans ces années avant l’exil: d’abord celui de l’Empire, réalisé d’une manière exemplaire, selon Hugo, dans l’empire de Napoléon I; puis celui de la Civilisation européenne qu’il défend surtout dans son livre Le Rhin, en accord d’ailleurs avec des penseurs contemporains majeurs comme François Guizot. 3 Cependant, ce n’est pas selon une linéarité simple et banale que ces deux idées sur l’Europe et son organisation idéale se succèdent dans l’œuvre de Victor Hugo: plutôt faudrait-il s’en tenir à la formule de Franck Laurent qui parle, dans ce contexte, d’un „système Hugo“ selon lequel différentes visions de l’Europe seraient déployées au même temps dans différentes parties de son œuvre, et qui s’opposerait donc à toute simplification temporelle. 4 Mais malgré ces simultanéités, l’importance de l’exil de Victor Hugo pendant le Second Empire n’est pas à négliger: lui-même semble avoir eu une conscience précise de cette importance, comme le démontre la classification de son ouvrage politique Actes et Paroles en trois parties, „Avant l’exil“, „Pendant l’exil“ et „Depuis l’exil“. Ce n’est pas par hasard si l’auteur met ici l’exil au centre de ses expé- 255 DDossier riences politiques, puisque c’est effectivement dans le contexte insulaire qu’il parvient à préciser ses idées et à formuler une conception de l’Europe apte à surmonter les difficultés qui avaient fait échouer les deux visions antérieures. C’est peu de temps avant de partir en exil, dans son „Discours d’ouverture au Congrès de la Paix“ (1849) à Paris, qu’il emploie pour la première fois la formule des „États- Unis d’Europe“, formule plus démocratique et plus sociale que les notions d’Empire européen ou de Civilisation européenne. 5 Ce qui est important dans ce contexte, c’est qu’un an seulement après l’échec de la révolution européenne de 1848, Hugo s’inscrit volontiers, avec ce discours, dans une pensée républicaine dans laquelle persistent, il est vrai, certaines notions dont il s’était servi déjà avant dans ses textes sur la civilisation européenne (par exemple le progrès, des innovations comme la machine à vapeur, l’électricité ou le chemin de fer, les facultés pacifiques de la civilisation etc.). Mais ce qui a cependant changé à présent malgré ces continuités apparentes, c’est que ces notions font dès lors partie d’une vision plus globale des relations européennes et qui conçoit le continent comme une confédération d’États. Il s’agit là d’un projet utopique dont les implications restent cependant très précises. Ainsi, bien des années après l’exil, dans un texte intitulé „Ce que c’est que l’exil“ (1875), Hugo définit d’une manière aussi ironique que clairvoyante les convictions qui à l’époque avaient fait de lui un ennemi dangereux du régime de Napoléon III: Il fallait bien sauver la société. De qui? de vous. De quoi ne la menaciez-vous? Plus de guerre, plus d’échafaud, l’abolition de la peine de mort, l’enseignement gratuit et obligatoire, tout le monde sachant lire! C’était affreux. Et que d’utopies abominables! [ ] plus de classes, plus de frontières, plus de ligatures, la république d’Europe, l’unité monétaire continentale [ ]; que de folies! il fallait bien se garer de tout cela! 6 Même si la réfraction ironique laisse supposer ici combien ces exigences ont dû paraître inouïes aux contemporains, ce qui me semble plus remarquable encore, c’est que l’auteur les met volontiers en relation avec son exil insulaire de presque vingt ans. De cette manière, le lieu concret de l’île de son exil joue un rôle important pour Hugo dans le contexte de l’élaboration des idées abstraites politico-culturelles sur l’avenir du continent. C’est à partir de ce lieu, d’un côté isolé géographiquement du reste de l’Europe, mais de l’autre caractérisé par une ouverture communicative qui le rend apte à toute forme d’échange, qu’il parvient à concrétiser ses idées sur l’Europe. Ce qui caractérise la relation entre île et continent, avec les mots d’Eric Fougère, c’est son altérité: „L’île se saisit dans son rapport avec ce qui n’est pas senti comme tel [ sic ] . On arrive à cette définition négative: une île est le contraire d’un continent. C’est l’altérité qui fait l’île.“ 7 Cette altérité insulaire repose donc toujours sur une relation que l’on pourrait caractériser comme emblématique de l’exil en tant que tel. Dans son texte „L’Archipel de la Manche“, originalement conçu comme préface à son roman Les travailleurs de la Mer (1866), Hugo lui-même souligne la relation ambigüe entre les îles de la 256 DDossier Manche et le continent quand il dit: „Les îles de la Manche sont des morceaux de France tombés dans la mer et ramassés par l’Angleterre.“ 8 Dans cette mise en parallèle implicite de la situation insulaire avec l’exil, Victor Hugo fait comprendre combien l’isolation de l’île renforce celle de l’exil (suivant cette idée, il dit succinctement: „Une île est un isolement“ 9 ); mais d’autre part, il est bien conscient du fait que cet exil dans l’isolation insulaire suppose en même temps un asile sûr et certain: „Ces îles, autrefois redoutables, se sont adoucies. Elles étaient écueils, elles sont refuges. Ces lieux de détresse sont devenus des points de sauvetage. Qui sort du désastre, émerge là. Tous les naufragés y viennent, celui-ci des tempêtes, celui-là des révolutions.“ 10 C’est ce rôle de refuge qui permet à l’île, malgré son isolement, de devenir un point de repère dans un ensemble plus vaste, et de se transformer, dans la vision de Victor Hugo, en espace communicatif avec des aspects particuliers. „La mer est un chemin“, 11 avait-il constaté déjà plusieurs années auparavant, et cette phrase met en relief la perspective dans laquelle il faut voir la relation île-exil dans le cas de Hugo: l’île de son exil, c’est avant tout un lieu d’échange et de médiation, et cela se traduit surtout par sa qualité de microcosme européen. En fait, la communauté européenne à laquelle rêve Victor Hugo à l’époque se trouve déjà réalisée dans la communauté internationale des proscrits et des exilés venant de tous les pays européens qui se concentrent en ces années dans l’archipel de la Manche - bien qu’à une échelle plus réduite. Malgré ses contours bien définis, ce n’est donc pas la notion de frontière qui se profile pour lui dans l’espace de l’île, mais plutôt la possibilité de la transgression des frontières, comme elle est inhérente à toute limite. C’est pour cela qu’en plantant à Guernesey, vers la fin de son séjour insulaire en 1870, un chêne dédicacé aux Etats-Unis d’Europe, Hugo montre clairement combien le monde insulaire de son exil s’est converti pour lui en un lieu central; lieu qui revêt une importance symbolique surtout dans le contexte de la discussion des possibilités d’une nouvelle organisation pacifique et démocratique du continent. III. L’image de l’espace insulaire que trace Miguel de Unamuno dans son œuvre d’exilé diffère notablement de cette interprétation de l’île comme laboratoire pour tracer, à travers la littérature, une ébauche des futurs États-Unis d’Europe. Tandis que Hugo évoque, par exemple, dans un poème de la sélection des Châtiments de 1853, la communauté transnationale des exilés sur les îles de la Manche en énumérant leurs patries lointaines qui selon lui s’intégreraient entièrement dans l’Europe fédérale à créer, 12 l’île de Unamuno est un lieu solitaire plus propice à l’intériorisation qu’à la communication. Plusieurs années avant de partir en exil, l’auteur espagnol avait déjà décrit la vie insulaire des Canaries avec des mots qui ne laissaient aucun doute sur l’isolation de cet archipel; isolement qui se résume, pour lui, par son manque de communication avec le monde: „L’indolence et 257 DDossier l’assoupissement se guériraient grâce à des communications plus rapides, plus fréquentes et plus intenses, surtout plus intenses, avec l’Espagne et avec le reste de l’Europe et avec l’Amérique. Ces gens ont besoin de s’intéresser davantage aux grands problèmes nationaux, européens, mondiaux; cela les désintéresserait de leurs petits problèmes insulaires, de leurs rivalités d’île en île.“ 13 Ici, dans ce texte d’avant-exil dans lequel l’auteur basque juge les îles sous un angle justement non-insulaire, mais continental, le manque de communication est perçu comme un défaut. Cependant, quelques années plus tard, quand sa propre proscription lui permet de changer de perspective, son jugement sur l’isolement insulaire change également. Bien que Unamuno persiste à décrire son île canarienne comme isolée, et bien qu’il renforce l’importance de ce trait caractéristique soulignant constamment l’aridité et la sécheresse de cette île, ses conclusions et les conséquences à en tirer se sont entre-temps transformées. À présent, Unamuno décrit l’isolement comme quelque chose de prometteur, en ce sens qu’il impose une limitation au strictement essentiel, c’est-à-dire au recueillement qu’il recherche si ardemment pendant ses mois insulaires. C’est pour cela qu’il découpe, dans un texte sur Fuerteventura, le mot espagnol pour isolement, aislamiento, pour démontrer la proximité étymologique entre ce mot et celui pour île, c’est-à-dire isla. 14 De cette manière, Fuerteventura est pour Miguel de Unamuno un espace indépendant et à part, dont la logique s’oppose directement à celle des continents (comme l’avait été aussi Guernesey pour Victor Hugo); mais tandis que Hugo avait cherché à établir des relations entre cette île à part et le continent, en faisant de la première une Europe idéalisée en miniature, Unamuno insiste plus sur l’altérité de l’espace insulaire. Pour lui, son île est un espace délimité et situé sans aucun doute hors de la civilisation européenne. Cette caractéristique se manifeste surtout dans ses textes de l’exil où il compare la civilisation de Paris (où il vit après avoir quitté son île) avec le prétendu manque de civilisation à Fuerteventura. Ainsi exprime-t-il, dans un texte écrit à Paris, la nostalgie de son île lointaine, et remarque: „Pour moi, Fuerteventura était tout un oasis - un oasis où mon esprit but les eaux vivifiantes et d’où je sortis rafraîchi et fortifié pour continuer mon voyage à travers le désert de la civilisation.“ 15 D’un côté le désert de la civilisation à Paris, au centre du continent, et de l’autre l’oasis à Fuerteventura, dans la périphérie: Unamuno joue volontiers la carte de cette opposition pour établir une relation entre les lieux de son exil et ses idées sur l’Europe. Dans le contexte de sa description des îles Canaries comme oasis de la civilisation, il recourt à des métaphores qui soulignent la fragmentation de ces îles en face de la côte africaine, et il se rapporte de surcroît à une préhistoire mythique pendant laquelle cette fragmentation se serait produite. Il y a surtout deux images qui lui servent, dans ce contexte, à souligner l’origine mythique de ses îles: d’un côté l’idée platonicienne de l’Atlantide, et de l’autre une idée originaire du Don Quijote de Cervantès, à savoir celle de l’île Barataria qu’invente le protagoniste pour récompenser son écuyer Sancho Panza. La relation de Unamuno avec son 258 DDossier île ressemble à celle de ces inventeurs d’îles mythiques avec les leurs: „Platon inventa et créa l’Atlantide, il ne la découvrit pas. Don Quijote inventa et créa, pour Sancho, l’Insula Barataria, il ne la découvrit pas. Et moi, j’espère grâce à l’intervention de Platon et de Don Quijote, ou bien avec l’aide des deux, inventer, créer et non pas découvrir l’île de Fuerteventura.“ 16 Tandis qu’avant, dans les années autour de 1900, la question de l’Europe avait servi à Unamuno à se positionner dans le grand débat espagnol sur le rôle de l’Espagne dans le monde après la perte de ses dernières colonies, ce qui l’intéresse à présent, pendant son exil dans les années vingt, c’est autre chose: Avec son ébauche de Fuerteventura comme lieu isolé, fragmenté et éloigné de la civilisation européenne, il conçoit l’île comme un espace particulièrement propice non seulement au recueillement, mais partant de là aussi à la création littéraire. L’île de Miguel de Unamuno, c’est un espace hétérotopique dont l’éloignement représente toujours aussi l’isolement de l’artiste dans la société contemporaine. Et même si le contexte politique de sa proscription doit avoir renforcé notablement la conscience que l’auteur espagnol avait de cette isolation générale et fondamentale de l’artiste, son projet insulaire ne vise pas directement l’organisation politique du continent. Au contraire: en comparaison avec le projet des États-Unis d’Europe qu’avait élaboré Victor Hugo à Guernesey, en mettant en relief la capacité relationnelle de l’île en tant que carrefour où se croisent les chemins européens, les idées de Miguel de Unamuno se centrent plutôt sur les capacités créatrices et pour cela réfractaires de l’île comme antithèse à la logique continentale de la civilisation. Ce sera l’écrivain portugais José Saramago qui combinera, dans son roman A Jangada de Pedra (1986), ces deux conceptions de l’île et de sa relation avec le continent. Dans ce roman, paru l’année même de l’entrée de la Péninsule Ibérique dans la Communauté européenne, Saramago transforme la péninsule en île, en radeau de pierre sur l’Atlantique; et sa vision dynamique de cette île à la dérive combine l’isolement de celle de Unamuno avec la force communicative de celle de Hugo. Mais ce qui apparaît une fois de plus dans cette soi-disant synthèse, c’est la qualité spécifiquement littéraire de la vision insulaire de l’Europe: dans le grand contexte des exils européens, c’est la littérature qui revêt l’île de son altérité et ainsi de sa force créatrice. 1 Miguel de Unamuno, „Aspectos de París“, in: id., Obras Completas VIII, Madrid 1966, 626-627: „Sentado en un rincón de los soportales de la Plaza de los Vosgos, donde vivió y soñó Víctor Hugo, [ ] recordaba [ ] la tarde en que leí bajo los soportales de la Plaza Mayor de Salamanca el telegrama en que se anunciaba que se me había deportado [ ]. Y por asociación de ideas, ya que Victor Hugo vivió y soñó en esta provinciana y recatada Plaza de los Vosgos, recordaba el destierro del poeta de los Castigos en la isla de Guernesey, de donde lanzó sus rayos contra la podredumbre del Segundo Imperio.“ 2 Victor Hugo, Le Rhin, Conclusion, in: id., Œuvres complètes - Voyages, Paris, Robert Laffont, 1987, 427. 259 DDossier 3 Cf. Anne Kraume, Das Europa der Literatur. Schriftsteller blicken auf den Kontinent (1815-1945), Berlin/ New York, de Gruyter, 2010, 51-63 et 88-100. 4 Franck Laurent, Le territoire et l’océan. Europe et Civilisation, espace et politique dans l’œuvre de Victor Hugo, Lille (édition Microfiche), 1995, 21. 5 Cf. Victor Hugo, „Discours d’ouverture au Congrès de la Paix (1849)“, in: id., Œuvres complètes - Politique, Paris, Robert Laffont, 1985, 299-304. 6 Victor Hugo, „Ce que c’est que l’exil“, in: id., Œuvres complètes - Politique, Paris, Robert Laffont, 1985, 401. 7 Eric Fougère, Les voyages et l’ancrage. Représentations de l’espace insulaire à l’Age classique et aux Lumières (1615-1797), Paris, L’Harmattan, 1995, 9-10. 8 Victor Hugo, L’Archipel de la Manche, in: id., Œuvres complètes - Roman III, Paris, Robert Laffont, 1985, 14. 9 ibid., 19. 10 ibid., 33. 11 Victor Hugo, Le Rhin, Conclusion, op. cit. (note 2), 431. 12 Cf. Victor Hugo, „Chanson“, in: id., Œuvres complètes - Poésie II, Paris, Robert Laffont, 1985, 195-197. 13 Miguel de Unamuno, „La Gran Canaria“, in: id., Obras Completas, I, Madrid, Escelicer, 1966, 319-320: „El aplatanamiento, la soñarrera, se curaría merced a comunicaciones más rápidas, más frecuentes y más intensas, sobre todo más intensas, con España y con el resto de Europa y con América. A estas gentes les hace falta [ ] interesarse más por los grandes problemas nacionales, europeos, mundiales, lo cual les desinteresaría de sus pequeños problemas insulares, de sus rivalidades de isla a isla.“ 14 Cf. Miguel de Unamuno, „El caos“, in: id., Obras Completas, VIII, Madrid, Escelicer, 1970, 573. 15 Miguel de Unamuno, „De Fuerteventura a París“, in: id., Obras Completas, VIII, Madrid, Escelicer, 1970, 602: „¡Para mí, Fuerteventura fué todo un oasis - un oasis donde mi espíritu bebió las aguas vivificantes y salí refrescado y fortalecido - para continuar mi viaje a través del desierto de la civilización! “ 16 Miguel de Unamuno, „La Atlántida“, in: id., Obras Completas, I, Madrid, Escelicer, 1966, 560: „Platón inventó, creó, no descubrió, la Atlántida, y Don Quijote inventó, creó, no descubrió, para Sancho, la Insula Barataria. Y yo espero por la intercesión de Platón y de Don Quijote, o con la ayuda de ambos, inventar, crear y no descubrir la isla de Fuerteventura.“